26. LE VIDE DE TON ABSENCE

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IZUKU

"Mon Deku, encore une fois, je dois te faire souffrir... Mais cette fois, je ne m'excuserais pas. Car je crois en ma décision.

Je ne vais pas aller dans une autre école parce qu'il te suffirait de t'y inscrire toi aussi pour te mettre à nouveau en danger. Ne me cherche pas, je ne laisserais aucune trace.

Je t'aime Izuku, n'en doute jamais."


C'est tout. Rien d'autre. Je n'ai qu'un mot de quelques lignes qui ne m'explique rien. Ce n'est pas comme si j'en avais quelque-chose à faire de toute façon... Il m'a laissé tomber. J'me fous de savoir pourquoi.

Je me recroqueville sur moi-même et balance le morceau de papier loin de moi. Je ne sais pas où il atterrit puisque je suis enfouit sous ma couverture. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là, caché sous mes draps à pleurer comme une adolescente en mal d'amour... Je pleure encore ?... Je ne sais même pas si mes larmes continuent de couler ou si c'est juste mon visage et mon oreiller qui sont complètement trempés. Je ne prends ni la peine de vérifier ni de m'essuyer. Je n'ai plus la force de rien. Je me suis réfugié ici parce que chaque geste me coûtait une énergie folle et que tenir debout sur mes deux jambes devenait un véritable supplice. 

J'ai essayé de passer des journées normales, de continuer sans trop y penser. Mais ça ne fonctionne pas. Je vis ton absence dans un vide.

Katchan, je ne sais plus où je vais sans ton corps marchant fièrement devant moi pour me guider... Mes yeux se posaient automatiquement sur ta chaise lorsque je rentrais en salle de classe. Ma tête tournait dans tous les sens parce qu'elle te cherchait sans jamais te trouver. Et le pire, c'est à la fin de la journée. Quand il faut retourner sagement dans nos dortoirs. Parce que je me presse. Par habitude, je me presse de retourner dans ma chambre, notre lieu de rendez-vous, pour te retrouver après une dure journée. Si je n'y trouvais que du vide, encore... Mais non. Tu es là, omniprésent. Pas tout à fait toi, mais assez pour me torturer. 

Les traces de cette présence me sont insupportables. Elles sont partout et me rappellent le vide immense que tu laisses par ton absence :

Dans le parfum de mes draps, dans le renfoncement du côté droit de mon lit, là où tu dormais. Et dans mon armoire aussi, mélangé à mes vêtements quelques-uns des tiens. Dans cette façon  insupportable que tu avais de laisser ma manette de jeu par terre au lieu de la ranger. Et la photo de toi accrochée à mon mur... que tu avais décroché en arrivant ici et que je me suis empressé de remettre en place une fois que tu étais parti. Elle ne se décrochera plus maintenant, je peux rester serein.

Et puis au milieu de tout ça, il y a moi. Moi qui m'attends toujours à t'entendre défoncer ma porte. Moi qui m'obstine à te souhaiter bonne nuit soirs après soirs. Moi qui tremble sans cesse de froid car ma peau se souvient encore de tes caresses et de tes bras qui savaient me réchauffer. Moi qui ne sais plus comment faire pour calmer cet énorme organe douloureux qui bat trop fort sous ma poitrine. Il s'affole au moindre mouvement, à la moindre pensée. C'est douloureux, j'ai envie de hurler. Bien sûr, rien ne sort, ce qui ajoute à ma frustration. 

Comment c'est possible de ressentir du vide ? Le vide, c'est du vide. Y a rien. Pourquoi je le ressens autant ?


Shoto : *frappe à la porte* Izu ? Je suis avec Ochaco. On peut entrer ?


Je m'en fou.


Ochaco : On entre, Izu !


J'entends la poignée s'enclencher et des bruits de pas envahir ma chambre. 

Je veux toute ton attentionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant