Némésis

5. Un mystérieux inconnu

Point de vue d'Isabella

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Ma respiration devient bruyante et saccadée, indiquant le besoin, plus qu'évident, de mon palpipant de pomper davantage. Seulement, la sensation de compression dans ma poitrine lui complique la tâche. L'air se raréfie et j'ai l'impression d'étouffer. Pourtant, rien ne m'empêche de respirer convenablement. Rien, hormis cet homme à l'allure terrifiante.

Je tente malgré tout de dompter mes émotions ainsi que mes spasmes musculaires. J'inspire et expire pour m'efforcer de chasser l'adrénaline qui pulse dans chacun de mes vaisseaux sanguins. Mais finalement, je ne contrôle rien. C'est la peur qui me contrôle à présent.

Ne sachant que faire, je me contente de dévisager, de manière hostile, celui qui provoque mon état.

Si je suis agitée, il n'en est rien de cet homme. La sérénité et lui ne font qu'un, tout comme le flegme dont il fait preuve. Son visage, hermétique à la moindre émotion, m'empêche d'apprécier le fond de sa pensée ou même l'étendue de sa réflexion.

La distance entre nos deux corps ne m'aide pas à me soulager puisque celle-ci s'est, malgré moi, dangereusement rétrécie. Nous sommes à présent face à face, à environ deux mètres l'un de l'autre. Une enjambée lui suffirait à m'atteindre, me rendant à sa merci.

L'individu semble remarquer mon inquiétude puisqu'un rictus mauvais, à demi carnassier, vient étirer ses lèvres, le rendant d'autant plus menaçant. Pourtant, je suis persuadée qu'il ne cherche pas à l'être, c'est inné tout simplement.

Mon esprit s'active à trouver une échappatoire. Je regarde subrepticement de gauche à droite à la recherche d'un promeneur nocturne ou même d'un étudiant sorti fumer, mais la rue apparaît déserte.

Pendant un instant, l'idée d'hurler ou de fuir me traverse l'esprit. Cela s'avèrerait sûrement efficace, j'en suis persuadée. Le problème est tout autre à vrai dire. Si la peur m'empêche de le faire, ce n'est rien face à sa beauté électrisante qui m'hypnotise complètement. Elle est attractive, redoutable et à couper le souffle.

Avec sa mâchoire tracée, son nez droit et sa bouche saillante, il a tous des représentations que l'on se fait des Dieux. Mais l'individu face à moi n'a de divin que son apparence, car son âme, elle, me semble démoniaque, en atteste la noirceur de son regard.

Ce n'est pas seulement son physique, plutôt ce qu'il dégage qui le rend si magnétique. L'aplomb et l'audace dont il fait preuve le sciaient à merveille, tout comme la perversité que je perçois en lui. Je n'arrive pas à expliquer cette soudaine fascination pour le funeste et l'obscur, elle m'est apparue aussi brusquement que cet individu.

Soudain, comme si je prenais enfin conscience de ma stupidité, un rire franchit la barrière de mes lèvres. Celui-ci est sincère, puissant et témoigne de l'angoisse qui me rongeait depuis trop longtemps. Il est évident que cet homme me fait tourner en bateau.

Quel genre de tueur confesserai ses futurs crimes ?

Aucun, bien sûr.

- Oh je vois, nous avons affaire à un comique m'exclamé-je, amusée

- Je n'ai jamais prétendu l'être contre-t-il calmement tout en terminant sa progression vers moi

Je déglutis difficilement.

Décidément, il n'y a pas uniquement son physique qui est exceptionnel. Son humour, lui aussi, sort de l'ordinaire.

À présent, il me surplombe largement de par sa hauteur. Mon visage arrive environ à hauteur de ses clavicules alors, je dois contorsionner mon cou au maximum pour maintenir notre contact visuel. En raison de ce lien étroit que nous partageons, l'effluve de son parfum arrive jusqu'à moi et c'est tout bonnement interdit. Elle n'a rien d'éphèbe comme celle des garçons de mon âge. Non, la sienne est un mélange d'arômes suaves, raffinés et masculins. Cette odeur évocatrice est un péché à elle seule puisqu'elle rend d'autant plus attractif l'homme qui la porte divinement bien. À l'instar d'une camée en manque d'héroïne, j'inspire profondément pour pouvoir sentir ses effets. Je dompte tout de même mes expressions faciales et par la même occasion ma réaction, plus qu'embarrassante, en revêtant un masque de neutralité.