La commission

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Cinq années de service hein ?

Lorsque la lumière disparut, Dolorès constata qu'ils étaient dans un endroit différent. Une bâtisse intacte se tenait devant eux alors qu'elle continuait de flotter derrière Cinq. Ce dernier, barbe hirsute, son bonnet sur la tête, l'ôta pour fixer le tout de ses yeux surpris. Cela ne disait rien qui vaille au fantôme.
- Venez Cinq, je vais vous montrer vos quartiers et le camp d'entraînement.
Camp d'entraînement ? Vraiment ? L'Ecossaise était sceptique. Cette femme ne lui inspirait aucune confiance. Déjà car elle regardait son mari comme une immense glace au chocolat mais aussi parce qu'elle avait un sourire faux. La jeune femme en avait côtoyé tout au long de sa vie des gens comme cette femme. Et elle savait les reconnaître: les hypocrites. Seulement, dépourvue de son réceptacle, elle n'était qu'une présence derrière le Hargreeves qui semblait pressé d'en découdre.
Alors qu'il emboîta le pas à la directrice, elle les suivit toujours nostalgique.

- tiens mais qui es-tu ?
Une voix l'interpella derrière elle alors qu'elle se tourna pour voir une présence comme elle. Un halo bleu, quelqu'un qui flottait au-dessus du sol à mesure que l'homme la fixait. L'horreur put se lire sur le visage de Dolorès car il lui manquait la moitié du visage.
- J'a... j'a...
Tiens. Cela faisait longtemps que cela ne lui était pas arrivé. Dolorès a toujours cru que son bégaiement avait été gommé des suites de sa mort. Mais dans le fond, elle restait la même.
- J'a... j'accompagne mon... mon... mon... m... m... ma... mari
Le fantôme la fixa et fronça son unique sourcil. Soupirant et sans doute trop heureux que quelqu'un ne la voit enfin, elle vint flotter jusqu'à lui alors qu'ils se posèrent sur les marches d'un dortoir. Puis elle entreprit de tout lui raconter. Sa mort soudaine, l'apocalypse, le réceptacle en forme de mannequin, le mariage au bout de vingt années à discuter et maintenant.
- tu... tu... tu v... v... vois c'est un... un... un peu al... alcoolique m... m... mais c'est mon on... alcoolique.
Le spectre qui s'appelle Mark tourna la tête vers elle. La jeune femme le soupçonnait d'avoir été beau lors de son vivant. Il n'était pas hideux mais cela pouvait surprendre.
- Tu as déjà essayé de le posséder ?
Le posséder ? Comment ? Elle inclina la tête, l'étudiant de ses yeux bleus avant de secouer la tête à la négative.
- Tu devrais tester. C'est marrant. Je m'éclate à posséder Herb de temps en temps. Le mieux c'est quand ils dorment. Tu peux leur parler.
Ses yeux bleus s'ecarquillèrent à mesure qu'il lui donnait des explications sur son état. La seule chose qu'elle avait contrôle étaient un mannequin sans vie. Mais elle ne pensait pas que la chose soit possible avec un être vivant. Mais si elle pouvait le voir après trente ans ? L'idée valait d'être tentée.
- Ton mec est en train de se barrer
Elle ne s'en était pas rendue compte mais la jeune femme tourna la tête pour voir que la nuit était tombée. Et un Cinq rasé de près, cheveux coupés, venait de sortir et rasait les murs.
- On se voit bientôt, Mark. Je dois y aller.
Puis elle s'envola pour suivre son époux à la trace. Qu'est ce qu'il mijotait ? Elle le voyait entrer dans les locaux administratifs pour récupérer quelque chose. Le livre de sa sœur. Numéro sept. Dolores l'avait écouté lui lire a voix haute.
- Voyons voir ce qu'elle nous mijote.
Il avait dit ceci pour lui même avant d'avancer à pas feutrés. Mais il n'avait plus la grâce d'autrefois et fut donc assez vite repéré. Alors qu'on tentait de l'appréhender, il fit demi-tour pour retourner dans ses quartiers.

La chambre était sommaire. Assez vide. Fatigué, le cinquantenaire se posa, las, sur son lit. Dolores prit place à ses côtés avant de l'écouter pleurer. Puis il s'endormit et elle resta au-dessus de lui, en suspens pour essayer une première fois. Mais la jeune femme ricocha sur Cinq et vint atterrir dans le mur.
- Plus difficile que cela n'y parait non ?
Elle fit volte-face avant de se tourner vers Mark qui la fixait, un demi-sourire sur les lèvres.
- Tu penses trop. Et tu n'as pas de but précis.
- Tu veux dire à part celui de parler à mon mari ?
- C'est pas suffisant.
Il avait raison. Ce n'était pas suffisant mais elle ne le savait pas encore.

From death to life {Five/Dolores}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant