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Voilà, ici c'est chez moi !

Razor observa la grande maison qui lui faisait face. Elle n'était pas particulièrement délabrée, ni vieille, sans être très propre et soignée non plus. Elle était discrète, n'attirait pas l'attention. Les fleurs sur le rebord des fenêtres étaient jolies, et le gris ne doutait pas une seconde qu'elles sentaient bon. En observant de plus près, il y avait quand même beaucoup de fenêtres, donc beaucoup de fleurs... D'après ses connaissances, le bâtiment ressemblait davantage à un dortoir qu'à une maison ; l'explication ne tarda pas à arriver.

J'ai été abandonné à la naissance, raconta le blond. C'est un aventurier qui m'a trouvé et m'a recueilli. Et ce sont les anciens aventuriers qui m'ont élevé lorsqu'il est finalement mort. Ce sont tous des pères pour moi. Il rit. Heh, on peut dire que la chance me sourit parfois, j'ai une grande famille !

Le gris ne put s'empêcher de sourire face à celui qui resplendissait sur le visage de son nouvel ami. Il l'écouta raconter quelques anecdotes sur ses parents qui, étant vieux, faisaient un bon nombre de bêtises que le blond s'empressait toujours de réparer comme il pouvait – ce qui partait souvent en catastrophe, à son plus grand désespoir. De ce qu'il avait retenu, ses pères étaient donc tous plutôt des papys... Razor ne pouvait pas se moquer, dans l'ancienne meute qui constituait son Lupical, nombreux étaient les vieux loups qui s'occupaient de lui comme son fils. On pouvait dire que c'était plutôt la même chose, non ?

Bon, ben je vais y aller... Tu habites loin, toi ?

Forêt.

Quoi ? s'exclama l'aventurier. Mais c'est super loin, tu ne vas quand même pas rentrer à pied ?

Oui ?

Bennett secoua catégoriquement la tête. Razor ne voyait pas ce qu'il y avait de mal à rentrer tout seul ; ce n'était plus un enfant tout de même, il savait se débrouiller. Il connaissait les bois comme sa poche, et savait se défendre s'il rencontrait des ennemis sur le passage. Et puis, la forêt était sa maison, et une maison n'est pas hostile envers ses habitants. Puis de toute façon, il se promenait seul depuis longtemps... Certes, il préférait être accompagné lorsqu'il faisait sombre, car les ombres l'effrayaient parfois – la lumière de la lune jouait parfois avec son esprit –, mais ce n'était pas comme s'il voulait absolument que quelqu'un vienne avec lui non plus. Et puis, non mais, devait-il rappeler à son ami qui l'avait sorti des embrouilles, quelques heures plus tôt ?

Non, c'est trop dangereux. Reste dormir ici ce soir. Tu rentreras dans ta forêt demain, lorsqu'il fera jour.

Le garçon hésita, ne sachant pas vraiment quelle attitude adopter dans ce genre de situation. Il devait avouer qu'il était un peu triste de devoir s'en aller, parce qu'il aimait bien Bennett, mais ce n'était pas une raison pour s'inviter chez lui. Mais bon, après tout, c'était lui qui proposait... Professeur Lisa n'avait-elle pas dit qu'il ne fallait pas laisser partir ses amis ? C'était peut-être ce qu'était en train de faire le blond, l'empêcher de partir. Dans ce cas, il devrait rester, non ? Ce n'était pas comme s'il n'en avait pas envie...

La maison est grande, reprit précipitamment le blond. Il y aura de la place pour toi, ne t'en fais pas. Et mes papas sont super gentils. Et c'est imprudent de marcher seul la nuit... En plus il fait froid, et tu pourras dormir dans un vrai lit. Je suppose que tu n'as pas de lit chez toi, non ?

Razor secoua la tête. Cela dit, dormir à même le sol ne le dérangeait pas plus que ça, il était habitué et son dos avait appris à supporter la rigidité et l'inconfort.

Raison de plus pour venir dormir ici ce soir. Tu verras, c'est confortable, propre... Et puis de toute façon, tu n'as pas le choix, ça n'est pas négociable.

Acceptation [Rannett]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant