Avènement I (Prologue)​

229 8 12
                                    

La cité volante d'Houlmia

« Que ciel me guide. Après tout, Ciel rouge le soir ne laisse qu'espoir ; ciel rouge le matin, pluie en chemin. »

Brise dans les prés me caresse l'esprit. Alizés d'espoir venant des sept mers me traversent l'esprit. Yumie, s'appelait-elle. Celle qui, à travers les âges et les époques, faisait rêver tant de générations. Selon les archives de mon père, cette créature aux allures chimériques faisait vivre, par la seule force des rêvasseries humaines, tant de légendes oubliées. Gardienne de l'ataraxie, créatrice d'Houlmia, elle était de celles garantes des terres et des promesses.

Cette vieille fable tant contée par nos fresques passées, pourtant tant oubliée par nos fresques présentes, nous conte l'idéal de tout homme et promet au prolétaire et au gentilhomme une terre de repos emplie de bienveillance, loin des tracas d'une vie terne, des guerres devenues ornement, ainsi que des famines devenues normes.

Cette terre pouvant vivre en autarcie était de celle promettant la douce vie, loin du monde des tristes affairés. Ces domaines, si l'on en croit les légendes, sont un paradoxe même, car défieraient toutes les lois régissant nos vies. Les principes d'équivalence n'existent guère : il n'y a qu'ajout et non perte. Les principes de physique ne s'appliquent aucunement ; elle serait décrite comme étant une cité volante. À sa vue, on racontait qu'on contemplait un mirage.

D'ailleurs, ces parcelles de terre ne sont recherchées que par les marginaux et les alchimistes, pour la simple et bonne raison qu'elles ne relèveraient que du fantasme humain. Et sachez que la ligne entre bohème et érudit n'est que très fine.

  - Conséquemment, lequel suis-je ?

Bref, trêve de divagations et revenons à nos brebis. Je porte le nom de Sama, fils de Darius, archiviste perse en charge des manuscrits relatant la cité antique d'Houlmia pour la couronne.

Héritier de mon père, j'ai été dès le berceau nourri par ses récits fabuleux racontant cette merveilleuse histoire. Si je devais décrire cette cité ambulante, un mot me viendrait instantanément à l'esprit. Et ce mot n'est nul autre que songe.

Il paraît qu'elle était grandiose. Elle était de celles archaïques par les matériaux, mais qui, paradoxalement, possédaient une architecture futuriste.

Houlmia était unique. Vivant, il n'y a point de témoin visuel, mais des traces issues de la tradition orale et des écrits d'archive exposent son style architectural fortement similaire à un style baroque empli de magnificence babylonienne. Dans d'autres manuscrits à visée économique et militaire, la cité volante était décrite comme étant le summum de la modernité, son territoire est si vaste qu'il engloberait lune et étoiles. Elle posséderait une influence si transcendante qu'elle en ferait pâlir les nations régissantes. De surcroît, et du fait que l'homme n'a que très peu souillé ces terres, cette île serait un trésor de zoologie, sa faune et sa flore seraient tout bonnement uniques, voire mythiques. Selon d'autres dires, il paraît que ce havre insulaire abriterait une forteresse si grande qu'elle en percerait les sept cieux et posséderait en son sommet un phare qui serait le berceau d'une ancienne civilisation ayant dissimulé tant de richesses que l'économie des nations ne saurait s'en sortir indemne.

- Mais telle n'est guère la promesse de Yumie.

La source réelle de la convoitise des monarques envers la cité volante imprenable est qu'elle renfermerait en son sein une pierre philosophale si précieuse que sacrifice serait ; ne serait-ce que pour la contempler un instant.

Du moins, c'était ce que je croyais avant de vivre la légende d'Houlmia. Et pourtant, le temps des épilogues ne s'est guère encore présenté ; pour l'instant, je dois vivre le début de mon histoire. Le tout commença avec ce besoin de découvrir Houlmia.

HoulmiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant