Paris, 26 décembre 2021
11h49Le froid de décembre glissait sur la nuque d'Alice, bien que couverte d'une épaisse écharpe. Il était comme un serpent, remontant par frissons sa colonne vertébrale, sifflant dans l'air de Paris, tentant de s'accorder à la mélodie du vent. Le corps de la jeune femme, transcendé par les violentes bourrasques de l'hiver, tremblait comme une feuille morte sur le trottoir.
Elle tentait vainement de réchauffer ses mains gelées en soufflant dessus, mais son souffle condensé s'évaporait rapidement dans l'air de Paris.
Alice, en vérité, n'avait jamais chaud. Alice ne connaissait que le verglas et le gel, le froid de l'absence.
Mais, malgré tout, elle avançait, transperçait l'air glacial et laissait une légère trace de sa chaleur déjà bien entamée après le passage de son manteau camel.
Comme tout randonneur perdu, elle avait son refuge, et il n'était autre qu'un fameux café du centre de Paris : "Le Café de Flore". Mais le chemin est dur, les gens se bousculent et râlent tels des rois réclamant une haie d'honneur, bien que la plupart ne connaissent pas la guerre.Et, alors que son visage commençait à s'effacer dans la foule neutre d'émotions, un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle apercevait, au loin, les toiles vert émeraude de son repère adoré.
Le parfum de la ville n'avait rien de plaisant. Elle sentait une odeur évanescente d'égouts, le nez pourtant enfoui dans son épaisse écharpe noire. Lorsqu'elle le sortait un peu, elle le respirait cependant à grandes goulées, comme celui d'antan, celui de tous ces sourires que le temps lui avait arraché.
Elle était parfois prise d'une peur irrépressible qu'il ne s'agisse que d'un rêve, que ce parfum familier soit remplacé au réveil par celui des œufs brouillés anglais, crépitant dans la poêle ou encore par les klaxons des rues bouchonnées de Hong Kong. Elle avait peur que tout Paris puisse disparaître dans un clin d'œil et qu'elle ne les rouvre dans une de ces villes dans lesquelles elle était passée en coup de vent, pour son métier.Alors, finalement, ce n'était pas si grave si les passants étaient ronchons dès le petit matin, si le ciel était gris, s'il y avait plus de pigeons que de chats dans les rues ; elle était à Paris. Son Paris, celui qu'elle avait toujours connu, et qu'elle avait appris à aimer malgré les tragédies.
Et ce fut avec de beaux souvenirs en tête qu'elle passa le pas des baies vitrées du café, un sourire réjoui sur les lèvres. Sentant l'odeur du café, elle soupira de bonheur.Celui qui se défit de son expression joyeuse, ce fut celui qui sirotait son café macchiato et la vit alors arriver, le bras levé, sa tasse à la main.
Il afficha alors un air hagard lorsqu'elle passa devant sa table sans même un regard pour lui. Il s'empressa de tâtonner les poches de son long manteau, quasiment sûr que le livret marron y serait, puis il se souvînt l'avoir oublié sur la table de chevet après avoir répondu à un appel de ses amis.
Il soupira à son tour, d'agacement, maudissant le ciel et tous les dieux d'avoir fait tomber leur foudre sur lui. Pourquoi donc fallait-il qu'il se trouve dans une situation si embarrassante ?Son café, bien plus qu'excellent, posé devant lui, lui sembla alors insipide, son goût comparable désormais à un vulgaire sachet instantané.
Il le buvait sans grande conviction, semblant seulement en rentabiliser le prix. Ses yeux en amande cachés derrière un rideau de cheveux bruns et ondulés par une douche matinale, il écoutait d'une oreille distraite les dires d'un couple anglais sur la beauté du Louvres et songea à y retourner.
Mais ses prunelles ne pouvait se détacher d' "Alice". C'était le nom qu'il avait su lire dans son passeport. Elle semblait ailleurs, regardait les passants en attendant un serveur pour prendre commande, un air mélancolique attristant son visage.
Mais, s'il devait être honnête, c'étaient surtout les cascades que formaient ses cheveux bruns qu'il regardait. Ils changeaient de couleur à la clarté du jour, oscillant vers le châtain.
Ces cheveux qu'il avait aperçu la veille, dernière trace mémorable de ce cours incident.Soudainement, un serveur bien habillé se posta devant la jeune femme et sembla avoir une révélation en relevant les yeux de son calepin. Et, se détachant des murmures du monde, un rire retentit.
Taehyung le savait celui d'Alice, et son café reprit étrangement goût.
- un son totalement inconnu -
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Singularity
Fanfic𝐒𝐢𝐧𝐠𝐮𝐥𝐚𝐫𝐢𝐭𝐞́ : (𝘢𝘥𝘫.) : l'état, le fait, la qualité ou la particularité d'être singulier. (𝘯𝘰𝘮) : en physique, un point auquel une fonction prend une valeur infinie, spécialement dans l'espace-temps quand la matière est infiniment d...