𝟏

432 35 25
                                    

Le temps était mon pire ennemi

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Le temps était mon pire ennemi. Chaque seconde qui passait était pire que la précédente. La douleur augmentait, mon coeur saignait et ma haine se renforçait.

Encore une fois, je passais mon temps à regarder ce mur livide, neutre, vide. Ce mur me reflétait d'un certain point. Lui comme moi, nous n'avions pas d'âme, et lui comme moi étions vide.

Le moindre bruit me faisait sursauter, le moindre pas me faisait trembler, la moindre parole m'échappait.

Le temps, était mon pire ennemi. Il ne passait pas vite et accentuait ma peine et mon amertume. Je le détestais. Je détestais chaque nouveau jour que la vie m'offrait. Ce n'était pas un cadeau, c'était une malédiction.

- Alya. On y va. Dépêche toi.

Je soupirais et prenais mon sac avant de suivre mon père vers je ne sais où. Encore. J'avais l'impression qu'il me prenait pour une valise qu'il pouvait trimballer à droite ou à gauche. J'atteignais presque mes vingt-cinq ans, et jamais je n'avais eu le droit de toucher à la liberté. C'était pour me protéger selon ses dires. Me protéger de quoi ? De sa drogue ? De ses armes ? J'avais grandi dans ce milieu, et tout ce milieu, je le connaissais sur le bout des doigts. J'avais jamais eu le droit d'inviter des copines à la maison, ni même d'en avoir à vrai dire. J'avais jamais eu de petit copain, du moins pas officiellement, je n'avais jamais été en soirée, en boite de nuit. En bref, j'avais été enfermé dans un donjon toute ma vie et je n'avais jamais connu le vrai bonheur. J'aimais pas cette vie, et tout ce que je voulais, c'était rejoindre mon Créateur aux cieux.

Un de ses collègue me poussait dans un van avant de rentrer lui-même dans ce dernier, suivi de mon père, de mon frère et de ma petite sœur. J'étais la plus grande, je devais donner l'exemple apparemment. Mais quel exemple voulez-vous que je donne lorsque je suis la première à me lever la nuit pour voler de la drogue à mon propre père ? Quel exemple voulez-vous que j'offre à mes cadets lorsque leur grande sœur n'est qu'une dépressive sans avenir ? J'avais aucun exemple à donner, j'en était pas un.

- Tu nous trimballes où cette fois-ci ? Demandais-je, froidement.

- Evry. Vous serez bien là-bas.

- Quel quartier ? Demandais-je de nouveau

- Les Pyramides.

- Trop bien, j'ai hâte. Répondais-je, faussement enjouée.

Les Pyramides, j'en ai déjà entendu parler. Peut-être parce que j'avais déjà vécu là-bas plus jeune, vers mes seize ans peut-être. Un quartier en guerre contre les Tarterêts, et j'en passe. C'était pas le meilleur endroit pour élever deux mômes de 14 et 10 ans, vraiment pas le meilleur endroit.

Ma haine venait d'ici. De mon géniteur. Très peu présent, me traite comme un objet, ne m'a jamais donné d'importance. Je le détestais, mais jamais je n'avais pu lui échapper. Je n'avais même pas eu l'occasion de faire des études après le lycée. Pour lui, ça servait à rien vu que j'allais reprendre son business. Business que je ne voulais aucunement. Il voulait une relève, c'est pour ça qu'il me préservait autant. C'était que pour l'argent. L'argent, l'argent et l'argent. C'était compliqué de savoir que je passais après un morceau de papier. Très compliqué.

- Demain, tu accompagneras ton frère et ta sœur à l'école, ensuite tu iras faire les courses et tu prépareras le repas du midi. Si tu t'ennuies, fais le ménage. Lança mon père.

- Je suis une bonne maintenant ?

- Ta gueule Alya. Fais pas la conne avec moi.

- Sinon quoi ?

- Sinon c'est pas dans un lit, avec chauffage, matelas confortable et une bonne couverture où tu vas dormir, mais dans une cave, avec des cafards, et sur un sol froid et dur sans aucune couverture. Et ça, jusqu'à ma mort.

- C'est pas comme si tu l'avais jamais fais.

Il ne répondait pas. Il savait pertinemment qu'il ne remplissait pas son rôle de père à la perfection, voire même, qu'il ne le remplissait pas du tout. Moi, j'avais pris ce rôle, le rôle d'un père et d'une mère et ça depuis mes 13 ans. J'étais une enfant qui s'occupait d'enfant.

Je voulais que le temps s'arrête et ne redémarre plus jamais.

𝐚 𝐥'𝐚𝐦𝐦𝐨𝐧𝐢𝐚𝐪𝐮𝐞⎮ 𝐧𝐨𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant