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J'avais donc passé toute la journée avec ma cousine

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J'avais donc passé toute la journée avec ma cousine. J'avais redécouvert le son du rire et les cris de joie. C'était des sons que je n'avais pas entendu depuis bien longtemps et je dois avouer que ça m'avait manqué.

L'espace d'un instant, j'avais oublié a pénombre et j'avais laissé place à la lumière. Lumière qui fut courte. La noirceur était revenue aussi vite qu'elle était partie, et jamais elle n'allait me laisser.

Pourtant je voulais l'abandonner. Je voulais laisser mon animosité, la laisser partir loin et qu'elle ne revienne plus jamais. C'était impossible. Elle revenait tout le temps, même quand je pensais m'en être débarrassée, elle revenait toujours.

- Alya, fais attention en descendant.

J'esquissais un dernier sourire à Nélia avant de claquer la porte derrière moi et de descendre les trois étages.

J'avais une boule au ventre. Elle était permanente, mais là, c'était plus intense que d'habitude. J'avais peur. Je vivais dans la peur.

C'était pas ma cité, pas mon terrain. Je n'avais pas à mettre les pieds ici. C'était pas ma place.

J'avais peur de le croiser, ne serait-ce que de l'apercevoir. J'en avais pas envie. J'avais enterré le passé, et je ne voulais pas le déterrer. Jamais.

- ALYA !

Sa voix grave m'avait fait frissonner. Je voulais fuir, mais le passé finissait toujours pas me rattraper.

Je m'arrêtais net. J'étais comme paralysée.

Machinalement, ma main s'enfonçait dans mon sac, cherchant mon glock. On avait une amertume réciproque, et je le savais, notre haine était si puissante au point où on pouvait se tuer.

- T'as cru quoi ? Que t'allais revenir et que personne allait le voir ? T'as cru quoi ? Que j'allais pas le savoir ? Remets plus jamais un pied ici. Wallah Alya, j'te revois ici j'te colle une balle entre les deux yeux.

- Fais le. Fais le maintenant si t'es un homme Nabil.

- J'vais pas l'faire. J'sais que c'est ce que t'attend de clamser. Et j'ai pas envie de donner ce que tu désires.

- Tu parles trop. Devant Dieu Nabil tu parles trop.

- Barre toi. T'façon tu sais faire que ça.

- Commence pas.

- Je commence y'a quoi ? T'es bonne qu'à ça. Dès que y'a un problème tu te casses.

- On avait seize pige putain Nabil ! Seize pige !

Son arme, braquée sur moi depuis le début de notre interpellation s'est rivée vers le sol. Lui comme moi savions que le sujet allait être abordé, et c'était pas le moment de s'entre-tuer.

- T'es partie Alya. T'es partie sans rien me dire.

- On était trop jeune.

- Ça, c'est toi qui l'a décidé.

- C'était le mieux à faire.

Sa seule réaction, c'était de rire. Pas de rire parce que la situation était comique. Mais un rire parce qu'il était énervé. C'était nerveux. Presque dix ans après, il m'en voulait toujours, et ça, c'était probablement le cas jusqu'à la fin de nos vies.

- T'avais pas à affronter tout ça seule.

- Pourquoi ? Tu m'aurais aidé ? Tu m'aurais dis « Oh Alya t'inquiète pas, je suis là pour toi, on va surmonter ça à deux » ? J'avais pas le choix putain. J'avais pas le choix.

- J'l'ai appris par les commères du quartier. C'est Nélia qui m'a tout poucave après.

- J'dois y aller.

- Nan Alya, j'veux qu'on en parle.

Je l'écoutais pas. Je lui avais tourné le dos et avais poursuivi ma route vers l'arrêt de bus. J'espérais juste qu'il m'ait pas suivie. Je voulais pas en parler. Pas avec lui. Je ne voulais pas déterrer mes vieux démons, être reprise de culpabilité. C'était du passé, et je devais m'en détacher. À jamais. 


***

J'étais rentrée. Nélia m'avait envoyé je ne sais combien de message, m'expliquant qu'elle avait entendu parler de mon échange avec Nabil, qu'elle était inquiète, et que je devais l'appeler au plus vite.

Elle avait toujours été là pour moi. Du début, à la fin.

Comme à mon habitude, je fixais ce mur terne de ma chambre. Repensant à mes bons, comme mes mauvais moments dans ma mince vie. Au final, je me sentais comme une princesse dans sa tour qui attendait d'être libérée par son prince charmant. Sauf que moi, je n'avais pas de gentil prince qui allait me sauver. J'étais destinée à vivre dans cet enfer jusqu'à ma mort. Et la mort, je l'attendais avec impatience.

Ma place, n'était pas sur terre.

Je détestais cette vie. Se faire trimballer de gauche à droite parce que papa l'avait décidé, être préparée à reprendre le flambeau de son vieux business, ne pas avoir de vie normale comme les autres jeunes femmes de mon âge, ne pas sortir, ne pas avoir d'amis, ne pas aller en boîte. Tous ça, c'était ma vie. Et je n'en voulais plus.

Message :

+33********* : j'veux qu'on finisse d'en parler.

- C'est qui ?

+33********* : tu sais très bien c'est qui

vu

Lui aussi, faisait parti du passé que j'avais décidé d'enterrer. Et pourtant, le destin avait décidé le déterrer et de le faire revenir. Je ne savais pas à quoi tout cela rimait, et où tout cela allait m'embarquer, encore une fois. Je savais juste, que de nouveau, je n'avais pas fini de me noyer dans une tonne de problèmes. 

𝐚 𝐥'𝐚𝐦𝐦𝐨𝐧𝐢𝐚𝐪𝐮𝐞⎮ 𝐧𝐨𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant