Prologue (2/3) - Rio

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C'est comme si je ne l'avais pas vraiment regardé ces dix-sept dernières années et qu'un mois de séparation avait suffi pour me faire redécouvrir celle que je pensais connaitre sur le bout des doigts.

Ce qu'elle est belle, putain !

— C'est si horrible que ça ? me demande-t-elle en triturant ses lèvres charnues de sa main gauche, signe qu'elle est stressée.

Sa voix glisse sur moi comme du velours ; cette sensation m'avait manqué.

— Je t'avais dit que ça lui avait fait beaucoup de bien, me chuchote discrètement sa mère.

— Dis quelque chose, Rio !

— Je... tu...

— Tu détestes. OK, je vais me changer, dit-elle en se tournant vers les escaliers.

Je la rejoins en deux enjambées, l'attrape par le bras et la plaque contre mon torse.

— Ne change rien, j'adore, lui susurré-je.

Je la sens sourire dans mon cou et un frisson parcourt mon corps.

C'est quoi ce bordel ?

J'ai toujours aimé prendre Ava dans mes bras. C'est la seule personne que j'ai tout le temps envie de toucher et de voir. Je sais que nous sommes intimement liés. En plus de notre amitié, il a un truc qui rend la chose encore plus exceptionnelle. Mais là, c'est différent.

On n'a pas de souci majeur dans la vie. Nos parents sont plutôt aisés, ce qui nous permet de mener une existence plus que confortable. Mais si Ava est le cadeau des Marlon, je ne suis clairement pas celui des O'Brien. Je suis le sale gosse, comme l'a dit mon père plus tôt. Piercing, tatouage, drogue et alcool... À dix-sept ans, j'ai déjà tout testé. Sans oublier le sexe à outrance. C'est comme si je ressentais le besoin de repousser mes limites pour découvrir le vrai Rio. Pourtant, la seule qui me connait vraiment, mieux que moi-même, qui voit au-delà de cette belle grande gueule, c'est Ava.

Elle me voit clairement, sans artifices.

Ava tente de s'éloigner de moi. Bordel, non. C'est trop tôt ! Je veux encore la garder dans mes bras.

— On doit y aller, sinon on va être en retard. Et ce n'est pas top pour le premier jour de notre dernière année.

— Je sais, mais laisse moi encore quelques secondes.

— Si ça n'avait pas été toi, le type serait déjà six pieds sous terre, retentit la voix d'Andrew du haut des escaliers.

Ouais, je suis le seul privilégié à pouvoir m'approcher d'Ava. En même temps, aucun risque de dérapage puisqu'on est meilleurs amis depuis toujours.

Enfin...

Son père la couve depuis sa naissance en se cachant derrière le fait qu'elle a eu un début de vie difficile. Et je sais que c'est parfois étouffant pour elle. Mais ça ne m'empêche pas d'en rajouter une couche parce que moi aussi je suis protecteur avec elle. Depuis le jour où j'ai pris sa défense dans cette cour de récréation, au primaire, je n'ai pas quitté ce rôle : personne ne s'approche d'Ava et encore moins quand je suis là.

— Je vous la ramène vers vingt heures, dis-je en me décollant doucement d'elle.

— Vingt heures ? Les cours ne finissent pas à seize heures ?

— Ouais, mais vous l'avez eu pour vous pendant un mois, c'est à mon tour maintenant.

Le rire profond d'Andrew emplit la pièce et Ariana en profite pour se blottir contre son mari.

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