3. Se confronter (1/2) - Rio

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Ça fait une semaine qu'Ava est revenue. Ça fait aussi une semaine qu'on s'ignore. En tout cas, c'est ce que moi j'essaie de faire. Car bien sûr, la revenante refuse de quitter mes pensées, ce qui me met d'une humeur de chien. J'ai même raté un dîner en famille et c'est mon frère qui s'est pris toute ma colère en pleine gueule.

J'enchaîne les séances de sport pour extérioriser et je n'arrive pas à savoir si mon corps me remercie ou demande un break. Je n'ai jamais été aussi sculpté de toute ma vie. Et je dois signaler que je suis un ancien quarterback, donc le sport, ça me connaît plutôt bien.

Ouais, je sais, un fils de basketteur qui choisit le football au lycée. Plutôt étrange ! Mais que voulez-vous ? Je préfère le gazon au parquet.

En observant mon reflet dans le miroir du dressing, j'expire bruyamment. C'est vraiment la merde. Le pire dans cette histoire, c'est que personne ne profite de cette œuvre d'art, puisque ça fait aussi une semaine que je n'ai pas baisé. Et je refuse de croire que ça a un rapport avec le retour d'Ava dans ma vie.

Mon téléphone se remet à sonner et je sais d'avance que c'est ma mère qui continue de me harceler. Elle a rencontré Ava la semaine dernière et je ne sais pour quelle raison, elle croit que j'ai besoin de soutien. Je voudrais juste pouvoir éviter le sujet sans passer pour un fils indigne. Mais Julia ne me facilite pas la tâche. Quand il sonne à nouveau, je jette l'éponge.

— Maman arrête s'il te plaît. Je vais bien.

— Si tu allais bien, tu ne filtrerais pas mes appels. Tu adores m'en mettre plein la tête et depuis une semaine, c'est silence radio.

Je souffle dans le combiné pour éviter de m'emporter. C'est ma mère quand même.

— Laisse tomber, OK ?

— Rio, je veux juste que tu me parles.

— Et moi je ne veux pas parler de ce dont TOI tu veux parler.

Je jette un coup d'œil à ma montre.

— Je dois te laisser sinon je vais être en retard au boulot. J'essaie de venir prochainement à LA. Bisous.

Je raccroche sans lui laisser le temps de répondre et enfile ma chemise blanche en espérant que cette conversation aura suffi à la calmer.

***

En arrivant au vignoble, je fais un détour à la cuisine pour préparer mon deuxième café de la matinée. En empruntant le couloir qui mène à la pièce, un son que je n'avais pas entendu depuis des années me parvient.

Le rire d'Ava.

Je me précipite presque pour savoir ce qui la met de si bonne humeur. La déception mêlée à autre chose s'empare de moi quand je la vois poser sa main sur l'avant-bras de Charles.

— Je te jure que mon père ne s'en est pas remis tout de suite.

Son rire emplit à nouveau la pièce et malgré ma mauvaise humeur, je profite de ce merveilleux son.

— Salut Rio, me lance le comptable.

À peine a-t-il prononcé mon prénom que le corps d'Ava se tend. Je suppose qu'elle ne veut vraiment rien avoir à faire avec moi. Cette idée finit de m'achever.

Et pourquoi ça me fait autant chier, d'abord ?

Moi aussi je suis en colère contre elle. Il va falloir que mon cerveau et mon corps se coordonnent sur ce coup.

Je bougonne un bonjour avant de me diriger vers la machine à café pour me donner un peu de contenance.

— J'y vais Charles. On se voit ce soir.

Enivré.eOù les histoires vivent. Découvrez maintenant