Enivré.e

1. Se retrouver (1/2) - Rio

De nos jours

07 h 30, le réveil de mon téléphone sonne. Je me mets en mouvement pour l'attraper, mais j'ai tout de suite la désagréable sensation d'un corps chaud et moite contre le mien.

C'est quoi ce bordel ?

Ça fait des années que j'essaie de ne plus jurer à tout-va, mais là, c'est trop ! Je tourne la tête vers la coupable et la vois se tortiller pour tenter de me retenir au lit : hors de question, putain. Je m'échappe et me dirige directement vers ma salle de bain, comme à chaque réveil.

Le jet d'eau actionné, je me jette tout de suite en dessous. Je suis pressé de me réveiller pour sortir de ce cauchemar. À travers la verrière de ma salle de bain, je vois Melli avancer d'un pas aguicheur. Quand elle tente d'entrer dans la pièce, je me remercie d'avoir eu la présence d'esprit d'installer une porte et d'avoir mis le verrou ce matin. Je me retourne pour lui offrir une vue sur mon cul, car il est clair qu'elle ne risque plus de revoir ma queue.

Je ne suis pas du genre à ne jamais recoucher avec la même femme. Si la baise était bonne, pourquoi s'en priver ? Par contre, je suis honnête et ne promets rien à personne. Aucune ne le mérite. Ça fait près d'un an que je fréquente Melli ponctuellement. Mais après le coup de cette nuit, je vais devoir mettre un terme à cette pseudo relation.

Une fois relativement calmé, je quitte ma salle de bain et zappe la case habillage pour me rendre directement à la cuisine. J'y retrouve miss « je me tape l'incruste ».

— Rio...

— Qu'est-ce que tu fais encore ici ?

— Je me suis endormie, je ne voulais pas...

— T'imposer ? C'est pourtant exactement ce que tu as fait !

— Je suis désolée, je...

— Je pensais qu'on était clair, mais apparemment non. Je vais donc prendre les dispositions qui s'imposent.

Un coup d'œil à ma chambre et un certain dégoût s'empare de moi. Je vais devoir redisposer mon espace nuit pour de nouveau me sentir à l'aise dans mon propre loft.

Je ne dors avec personne. Jamais !

Enfin, plus depuis des années. La seule femme avec qui j'ai partagé des moments pareils a broyé mon cœur avant de se casser à l'autre bout de l'océan avec. Alors non, je ne dors avec personne.

Ce loft, c'est mon petit havre de paix. Une surface assez immense pour que chaque espace soit facilement repérable sans délimitation physique, un mur en brique en guise de tête de lit et quelques charpentes apparentes qui apportent du cachet. J'en suis tout de suite tombé amoureux. Et je refuse de croire que ça à un lien avec une certaine personne qui aurait adoré y vivre. Ça fait un an que je repousse cette idée, je m'en porte plutôt bien.

— On doit arrêter de se voir.

— Quoi ? Mais pourquoi ? On s'est juste endormi pendant un film, Rio, ce n'est rien de grave. Enfin pas pour moi. J'accepte toutes les conditions que tu m'imposes, mais je voulais juste profiter de toi un peu plus que pendant une partie de jambe en l'air.

— Si tu respectais ces conditions comme tu le dis, on n'aurait pas cette discussion. Car tu ne serais pas là. Parce que tu serais rentrée chez toi au lieu de quémander de l'attention que je ne suis pas disposé à te donner.

Je commence à perdre patience avec toutes ces conneries. Et si ça continue comme ça, je vais être en retard au boulot. Je dois en finir maintenant.

— Prends tes affaires, rentre chez toi et oublie-moi.