Chapitre 4

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7 h 59 📩 [🐺 Bonjour, petite Mexicaine.]

Décidément, il ne lâche vraiment pas l'affaire, sauf que je n'ai plus la force de sourire après un week-end pareil. Alors je me dirige presque sans vie, tel un robot, vers ma nouvelle semaine de cours.

Jamais la fin de ces études ne m'a parue aussi lointaine.

~

Le mardi soir suivant, tandis que je suis seule à l'appartement, mon portable retentit quelque part sous les coussins. Persuadée qu'il s'agit de Tayric me prévenant qu'il finira de bosser aux aurores, je me pétrifie de surprise devant le nom affiché.

Bugsy ?

Mais Bugsy ne m'a plus téléphoné depuis huit ans au moins.

– Oui ? dis-je bêtement en décrochant.

– Chica Angelica ! retentit cette éternelle voix chantante.

À croire que le gang est en ébullition en ce moment.

Incapable de parler, j'attends que lui le fasse.

– J'ai une bonne nouvelle mi guapa. Hier soir, les frères ont vidé tout un quartier des Loups. Il est à nous.

Mes yeux roulent.

– Génial.

– Je crois que tu ne te rends pas compte. Cliff veut y envoyer des graffeurs, ce soir, pour tout recouvrir.

La lumière se fait brusquement dans ma tête.

– Quoi ? Moi ?! C'est pour ça que tu appelles ?

Bugsy se racle la gorge, c'est rare de l'entendre hésiter.

Si. Il a monté une équipe et... il m'a dit de t'appeler.

– Ty aussi ?

– Non, Ty lui sera plus utile ailleurs.

– Hors de question alors.

– Angelica, m'avertit sa voix devenue blanche, vaut mieux pas contrarier Cliff en ce moment, crois-moi.

– Je l'emmerde, Cliff.

– Pense à ton mari... aux répercussions que ça aura sur lui, sur vous.

Mes jambes vacillent, je me retiens à la table en inspirant profondément.

Quelles sont mes options ? Si je refusais, ce serait terrible. Si j'accepte de partir sans Ty et qu'il l'apprend, ce serait pire encore. Par colère et amour pour moi, Ty peut devenir incontrôlable, chef de gang ou non.

Une troisième option m'apparaît, elle ne me plaît pas d'avantage mais je ne vois rien d'autre.

– Bugs, jure-moi que Ty n'en saura rien.

– Juré.

– OK... Où et quand ?

~

Dissimulée dans l'ombre d'un immeuble, vêtue d'un large sweat noir à capuche et d'un baggy de la même couleur, je scrute depuis maintenant vingt minutes le fameux carrefour éclairé par quelques vieux lampadaires clignotants.

Une bonne cinquantaine de véhicules y sont déjà passés mais rien qu'au bruit du dernier bolide qui approche, je comprends que ce sont eux et je quitte ma cachette. La très vieille voiture verte pile en dérapant à ma hauteur, la portière arrière s'ouvre, je découvre avec désarroi qu'au total, cinq hommes y sont amassés.

– Grimpe, Hermanita, me somme un type effrayant.

Sans rien laisser paraître, je jette mon sac à dos à leurs pieds et m'installe sur ses cuisses. La porte claque et la voiture redémarre à toute allure. C'est à se demander comment cette épave roule encore, et si vite.

Le Loup BlancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant