Irréel

2. Firebird

En me réveillant ce matin, les souvenirs de la soirée d'hier me revenaient par bribes. Je me souvenais de cet homme au regard perçant et au tatouage d'ailes d'ange, de la crise d'angoisse qu'il m'avait provoqué et de Lucas qui était venu à mon secours. Et ma tête ne manquait pas de me rappeler de l'alcool qu'on avait consommé après. Par chance, en ce dimanche, la librairie était fermée. Alors je pris quelques minutes pour me motiver à sortir du lit.

Mon premier réflexe fut ensuite d'aller dans la salle de bain pour prendre mon fidèle cachet pour cette migraine. Je me dirigeai ensuite vers la cuisine où était mon père. Je lui fis un rapide baiser sur la joue avant de me prendre une simple pomme. Mon père, qui jusque-là n'avait pas levé la tête de son journal, regarda mes yeux probablement en piteux état. Il s'apprêtait une faire une réflexion lorsque mon portable sonna. Lucas. Sauvée par le gong.

Avec un sourire d'excuses je pris mon téléphone et ouvris le message de l'énergumène à l'étage sous le regard inquisiteur de mon père.

Lulu : Apporte-moi un cachet s'il te plaît, je meurs

Je secouai la tête puis pris un verre d'eau avant de revenir dans la chambre avec ce qu'il avait demandé.

— T'es un ange merci. Me dit-il lorsqu'il m'eut vue à l'entrée de la chambre.

Je m'approchai de lui et m'assis sur le lit, le regardant engloutir la poudre diluée. Ce n'était vraiment pas très bon et souvent cette poudre nous faisait regretter de consommer autant mais cela ne nous empêchait jamais de faire de nouveau la fête.

Je trainais sur mon téléphone, regardant les actualités en ce dimanche matin puis une masse sauta soudainement sur mes genoux.

Joy.

— Eh ! Je t'avais oublié Joy pardon ! M'exclamai-je en lui faisant des caresses.

Lucas était toujours en état de semi-coma et je compris qu'il fallait que je la sorte seule. J'enfilai un jogging et pris de quoi courir. Quitte à sortir ma chienne autant en profiter pour faire un peu de sport, c'est bon pour le corps.

— À toute ! Criai-je à l'encontre de mon père et le corps à l'étage.

Nous sortîmes et laissant de la marge avec la laisse, nous nous mîmes à courir. Elle était toute joyeuse de pouvoir se dégourdir les pattes que les foulées étaient irrégulières. Puis au bout de cinq bonnes minutes je pus enfin réussir à faire mon jogging avec une allure normale.

Nous fûmes le tour du quartier, passant par des parcs, des quartiers plus ou moins peuplés en ce dimanche matin. Nous avons même pu entendre la messe en passant à côté d'une église.

Après une bonne demi-heure à faire le jogging je fis ralentir Joy qui aurait pu continuer encore longtemps. Nous marchâmes tranquillement, faisant le chemin retour vers la maison où j'espère retrouver Lucas dans un état normal.

Une fois à la maison, je retrouvai mon ami assis à la table de la salle à manger en train de grignoter une tartine confiture. Il avait le regard plongé dans son téléphone, occupé à aimer des photos sur Instagram et à suivre l'actualité people.

Il remarqua notre présence quand Joy lui sauta dessus. Son rire emplit la pièce et, étant communicatif, il me contamina et me fit sourire.

— Le cachet a fait son effet ? L'interrogeai-je en m'asseyant sur l'un des tabourets.

— Oui mais c'est toujours aussi dégueu.

— C'est le prix à payer aussi, on s'est bien amusé hier quand même. Répondis-je, le sourire dans la voix, me remémorant les événements de la veille.