Chapitre V : Quelque chose de diffus

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Au matin, une main me secoue doucement, et je sors du sommeil avec difficulté, ayant du mal à me rappeler où je me trouve un instant

— Quoi ?

Je sens des douleurs musculaires inconnues dans une grande partie de mon corps, le sable s'étant désagréablement tassé au cours de la nuit.

Un éclat de rire résonne à côté de moi, et lorsque je tourne la tête, c'est pour apercevoir le soleil naissant et le visage hilare du guide, manifestement en pleine forme.

— Bonjour, vraisemblablement vous n'êtes pas du matin, ou peut-être que votre lit n'a pas été assez confortable ?

Me frottant les yeux, je me retiens de ne pas rétorquer une réplique plus acerbe, pour m'asseoir alors qu'il me tend un verre de thé.

— Allez buvez tranquillement, dit-il d'un ton un peu moins guilleret. Il est tiède, car ce matin il n'y avait que des braises, mais il vous désaltérera. J'ai encore du pain si vous avez faim. Après si vous avez... Enfin, bref vous voyez de quoi je veux parler... En revanche, n'oubliez pas de tout recouvrir avec du sable. Vous pouvez vous rendre derrière la voiture, je ne regarderai pas. J'ai assez à faire à mettre tout en place. Pour ce qui concerne la toilette, il faudra attendre notre retour au campement.

Je jette un coup d'oeil autour de moi en enfilant mes chaussures, après avoir bien sûr vérifié qu'elle était vide, et il m'est alors possible de me rendre compte qu'il a beaucoup travaillé pendant mon sommeil. Son sac de couchage, le réchaud, tout est déjà bien rangé. À part un peu de cendres là où se trouvait le feu, il ne reste aucune trace de notre venue. Je le vois à ce moment-là aller chercher la pelle dans la voiture.

— De l'aide vous est nécessaire ? demandé-je alors que je plie la couverture après l'avoir secouée, et avoir pris le temps de refaire ma tresse.

— Non, j'ai l'habitude. Cependant, une fois que j'aurai fini de désensabler la roue et de tout ranger, j'aurai besoin de vous pour démarrer.

— D'accord.

Je fais ainsi qu'il me l'a dit, puis je monte dans le véhicule.

— Allez-y, tournez la clef.

Au bout de deux essais, le moteur se met à chanter agréablement, alors que je le vois faire un signe positif de la main.

— Bien, elle démarre !

Jabir se dirige ensuite vers sa monture qu'il caresse doucement, puis il monte dessus, après avoir disposé correctement son burnous autour de son visage.

— Je vous guide pour la route. Vous n'aurez qu'à nous suivre. Je veillerai à conserver une allure régulière afin que vous puissiez le faire.

Et nous faisons de cette manière. Durant le trajet, que j'estime long, je comprends que j'ai eu de la chance qu'il me trouve, car je ne discerne aucun repère. J'ai vraiment avancé sans faire attention. Heureusement qu'il est devant moi.

À peine arrivée au bivouac, Lisa vient vers moi, et je m'excuse de mon irresponsabilité.

— Je suis désolée, j'ai complètement oublié toute prudence.

— Par chance, étant donné que tu m'avais envoyé un message, j'ai pu en parler à Jabir, dans la mesure où je ne te voyais pas revenir, et il a décidé immédiatement d'aller voir. Comme nous ne l'avons pas vu revenir, Youssef m'a rassurée en me disant qu'il avait dû te trouver, et vu que le soir tombait, il avait dû préférer camper par sécurité. Enfin, si cela peut te tranquilliser, au cours de mon premier chantier, j'étais tellement prise par le travail, que les autres sont partis sans moi, mais j'ai eu plus de chance, car ils se sont rendu compte de mon absence et sont revenus me chercher. J'en ai tiré une leçon : ne plus utiliser les écouteurs lorsque la journée est presque finie !

Sous le ciel de PétraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant