6. Partie de basket.

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"Le temps ne guérit pas toutes les blessures, mais la compréhension le peut."

Ellen Hopkins.

Ayden

Ce matin, en arrivant à mon bureau, je suis surpris de la trouver assise sur un de mes fauteuils, cigarette allumée en main (mauvais signe si vous voulez mon avis). Elle m'observe à travers ses lunettes alors que je retire mon manteau pour le mettre sur le porte-manteau, restant silencieuse jusqu'à ce que j'ai posé mes fesses sur le siège.

— C'est qui pour toi ?

Sans tact, d'une voix aussi glaciale que l'Antarctique lui-même, je vous présente, mon amie et directrice-adjointe : Margot Delaney.

Cette femme qui dégage cet air polaire sans le faire exprès, c'est dans sa nature. Qu'elle soit de bonne humeur ou pas, vous ne le saurez qu'en la connaissant par cœur. Petit indice : elle plisse les yeux et remue le bout de son nez aquilin quand elle est en colère. Margot aborde cet air impassible tout le temps ( on l'a surnommé la Terreur dans les couloirs) c'est aussi un de ses traits de caractère que j'aime chez elle. Impossible de la faire flancher, de détourner son objectif, elle reste droite jusqu'à ce qu'elle ait terminé sa tâche, qu'elle lui plaise ou non.

Je connais Margot depuis plus de sept ans et la seule fois où j'ai vu son masque se fissurer, c'était en présence d'enfant.

Elle est complètement gaga des enfants, en ayant une elle-même (qui se nomme Carrie), Margot s'est découvert une vraie passion pour eux, si bien que lui est demander pourquoi elle ne changerait pas de métier, ce à quoi elle m'a répondu un "ta gueule" qui venait du coeur. Très glamour je sais, surtout venant d'elle, c'est presque gentil.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, je réponds en feuilletant les dossiers qu'elle m'a apportés sur mon bureau.

Aujourd'hui, nous avons un programme chargé. La livraison des nouvelles étagères arrive, nous accueillons deux stagiaires dont Éric s'occupera toute la journée. Les collectors d'un de nos romans, plus une séance de dédicace d'un auteur connu pour ses thrillers surprenant... Et la séance photo de mon Heaven pour son livre "L'amour n'a pas de prix" avec Raphaël Mouli, le meilleur photographe de Paris.

Je dois rester un peu trop longtemps sur son dossier car Margot prend son air sévère en claquant sa main aux ongles manucurés sur la feuille.

— Je te parle d'elle. Qui sait ? demande-t-elle en me soufflant sa fumée dans la figure.

Je toussote en me frappant le torse avec mon poing. D'accord je suis fumeur, mais je déteste la fumée.

— Une autrice comme les autres, rien d'extraordinaire.

— Arrête de te foutre de ma gueule, réplique-t-elle en me fixant de ses yeux noirs. Ce n'est pas une femme comme les autres, sinon pourquoi tu aurais insisté pour la rencontrer en-dehors de Golden Book.

Elle fait une pause pour prendre une taffe de nicotine avant de reprendre son monologue, qui ressemble plutôt à une mère qui engueulerait son idiot de gamin.

— Tu nous as attiré des ennuis avec son rencard de merde. La presse en a fait toute une histoire ! Je ne prends aucune responsabilité, c'est ta connerie, tu assumes.

Je lève les mains en l'air pour la faire redescendre et hoche la tête. Il n'y a que ça à faire quand elle fait une crise dans ce genre. Elle semble au bout car elle se gratte la joue gauche où son vitiligo (qu'elle n'assume toujours pas) est caché par une couche de fond de teint.

— Je sais, Margot, je suis désolé. Je téléphonerai à Clément pour la presse et je toucherai un mot à Amanda, elle arrive à quelle heure ?

— Vers quinze heures. me répondit-elle sèchement en écrasant son mégot dans le cendrier sur mon bureau.

Heaven.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant