8. Morceau de symphonie.

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"La plus grande chose que tu apprendras est simplement d'aimer et d'être aimé en retour."

Eden Ahbez.

Ayden

Je pousse la porte d'un énième magasin, la laissant sortir avant moi (tel le gentleman que je suis). J'ai les bras chargés de sacs luxueux alors que nous marchons dans Paris, sûrement à la recherche d'un nouveau moyen de faire chauffer ma carte. Chaque clic des talons aiguilles d'Amanda résonne, rappelant sa présence gracieuse et implacable. Mes pas sont plutôt lourds à cause de la tension entre nous deux.

Je suis derrière elle, suivant son corps des yeux à chaque mouvement. Ses cheveux bruns lèchent ses reins, sa combinaison qui moule ses formes et l'aura glacial qui l'entoure tel un nuage près à exploser.

Elle ne m'a pas adressé un seul mot depuis qu'on s'est mutuellement dit "bonjour". Ses yeux évitent soigneusement les miens et son corps se raidit quand je passe près d'elle.

Les seules fois où je l'ai vu esquissé un sourire (carnassier) c'est quand ma carte bancaire passait sur les terminaux de paiement, tous avec une somme élevée à plus de 1000 euros par magasin.

Je la laisse faire, je le mérite et j'ai assez d'argent pour qu'elle s'achète tout ce qu'elle désire, surtout des sacs à main.

Je marche plus vite pour être à ses côtés, essayant de caler mon rythme au sien malgré mes grandes jambes. Je laisse le silence se prolonger, si elle ne veut pas parler, je ne la forcerai pas.

Nous déambulons depuis plus de trois heures et je peux sentir sa fatigue à travers sa démarche, habituellement si assurée. Je ne peux m'empêcher de remarquer la légère grimace qui traverse ses traits à chaque fois qu'elle pose le pied.

Mon Heaven est une vision de beauté et de résilience, mais même les plus forts ont leurs limites. La voir ainsi, lutter contre la douleur, ravive en moi une flamme protectrice que je n'aurais jamais cru possible de ressentir à nouveau.

Je lui prend le bras pour l'arrêter mais elle se dégage brusquement de ma prise, comme si je l'avais brûlée. Ses yeux perçants me scrutant avec suspicion.

— Quoi ?

Glaciale et hostile.

— Et si on prenait une pause dans ce café pour que tu te reposes un peu ? proposé-je en désignant ledit café du doigt.

Elle hausse un sourcil et croise ses bras sur sa poitrine. Mon Heaven n'est plus qu'une boule de feu tout droit sortie des enfers pour se venger.

— Je vais bien, continuons.

Je secoue la tête, pas convaincu pour un sou. Elle peut être déterminée à ne rien laisser paraître, je sais reconnaître quand elle a mal, que ça lui plaise ou non.

— Non, Heaven. Ces talons sont magnifiques mais tu ne devrais pas t'infliger du mal.

— Ah, parce que c'est toi qui dis ça ?

Aie, et une pique pour Ayden une !

Je grimace malgré que je l'ai totalement mérité et insiste encore une fois pour qu'elle se repose. Je la vois lutter quelques secondes avant de hausser les épaules et de céder, probablement plus par fatigue que par conviction. Nous nous dirigeons vers le café et nous nous installons à une table (où je laisse les nombreux sacs à mes pieds), loin des autres clients.

Je déplace la chaise pour qu'elle s'assoit, chose qu'elle fait à contre-cœur.

— Madame, Monsieur, que puis-je vous servir ? questionne un serveur, portable et stylet en main.

Heaven.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant