5. Fleur rose.

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"La meilleure chose à laquelle s'accrocher dans la vie, c'est l'autre."

Audrey Hepburn.

Amanda

Ma fille finira par avoir ma mort.

Après une séance de relooking chargée et une demi-heure de route, je suis dans le bar luxueux où une trentaine de personnes discutent ou ricanent, une coupe de champagne à la main. Tous maquillés et coiffés comme s'ils venaient d'un milieu aisé alors qu'ils sont loin du salaire de Guillaume Musso. Des robes moulantes et paillettes pour attirer l'attention, des smoking serré pour avoir l'apparence de l'homme parfait.

Comme vous dire que ça me donne envie de vomir.

Je ne prends pas la peine de m'asseoir sur les sofas beiges disposés contre le mur, je préfère mettre mes fesses sur un tabouret près du bar ( tout ce qu'il y a de plus simple) et appelle le barman.

— Que puis-je pour vous belle demoiselle ? me demande-t-il avec un sourire qui essaie d'être charmeur.

Je commande un coca sous ses yeux surpris.

— Quoi ? rétorqué-je. Faut-il vraiment boire de l'alcool car on est dans un bar de riche ?

Le barman se tait et se dépêche de me donner mon verre.

J'observe certains hommes qui devront venir à ma table pour ce speed-machin et je dois dire qu'ils sont tous aussi repoussant les uns les autres malgré leurs vêtements à plusieurs centaines d'euros. Tout le monde à fait un effort vestimentaires et je me promets de remercier Azalea pour son talent de styliste. Elle a choisi une robe beige, ceinturée qui moule ses formes, un maquillage simple mais coquet et mes cheveux sont lissés en une belle queue-de-cheval (copiant parfaitement celle d'Ariana Grande). Mes talons me donnent quelques centimètres en plus et la parure de bijoux complète ma tenue.

Quand je l'ai vu arrivé avec un foulard blanc cassé, j'ai refusé directement sous ses soupirs désespérés.

— Arrête de tout rejeter, il faut toujours faire bonne impression pour la première fois, m'a-t-elle assuré en me tendant le tissu.

— Et que fais-tu du « belle au naturel » ?

— Je le perfectionne.

Je me suis regardé dans le miroir avant de partir et si je dois être honnête, Azalea a fait un travail magnifique. Je me trouve belle comme une de ces femmes qui passent dans les pubs de cheveux, prête à séduire et à attirer le regard des hommes, tels des abeilles sur une fleur.

Je bois une gorgée de ma boisson et tire une petite grimace quand le liquide gazeux touche ma langue. Ma tête bouge sous le rythme lent de la musique qui résonne en bruit de fond.

Je suis ce qu'on appelle une personne sociable qui est altruiste et généreuse dans la vie de tous les jours. Je n'émet aucun jugement sur une personne que je ne connais pas. Autrement dit, je suis l'incarnation même de la sociabilité et de la gentillesse.

Mais ce soir, je n'ai pas envie d'être cette femme avec qui tout le monde peut discuter sans conséquences. J'ai juste envie de partir et je l'aurais déjà fait si je n'avais pas promis à Azalea de rester au moins deux heures.

Je ne me sens pas à l'aise avec ces inconnus qui se parlent comme des amis d'enfance alors qu'ils ne se verront plus jamais dès le lendemain.

Plongée dans mon verre, je m'imagine chez moi, dans le canapé, emmitouflée dans un plaid avec un film et ma fille en bonne compagnie. La soirée idéale...

Heaven.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant