9. C'est ma faute.

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"L'absence d'un père est comme une ombre qui ne s'en va jamais."

Anonyme.

Amanda

Ce midi, j'ai l'honneur d'avoir les rayons du soleil qui réchauffent ma peau alors que je prépare le déjeuner de ma fille. Au menu, salade de riz et poisson d'Alaska, un repas idéal pour ce beau temps.

J'entends Azalea descendre les escaliers, son sac prêt sur l'épaule pour repartir en classe cet après-midi. Elle le pose sur le canapé et vient me rejoindre pour se mettre à table.

Aujourd'hui, je constate qu'elle a fait un effort vestimentaire. Belle veste sans plis, jean sans trous et coiffure sans épis, c'est à croire qu'elle a de nouvelles résolutions (qui je sais ne dureront pas longtemps).

Je pique dans ma salade, sentant son regard rempli de questions sur moi.

— Tu ne veux vraiment pas me dire ce qu'il s'est passé ? insiste-t-elle pour la quarante-septième fois depuis le début de la journée.

Je souffle bruyamment et enlève une arête de mon poisson avant de le goûter. Délicat et savoureux.

Cela fait deux jours qu'Azalea veut absolument savoir dans les moindres détails ma journée avec Ayden. Et bien que je le lui ai raconté, (sauf notre moment sous la pluie et notre discussion sur son père) elle persiste à avoir tous les détails, me soumettant à un interrogatoire digne d'une agent du FBI. Chose que je ne vais pas lui donner, alors comme une enfant de cinq ans, elle boude.

Je ne veux pas évoquer les souvenirs de mon ex-mari, j'essaye de la préserver depuis son jeune âge des actes de son père et j'aimerais que cela reste comme ça.

— Je te l'ai déjà raconté un millier de fois, Azalea, je lâche en posant mes couverts.

Les yeux noisette de ma fille, si identiques aux miens, me sondent à la recherche d'un mensonge ou d'une vérité cachée. Sa concentration la fait retrousser son nez et froncer ses sourcils fournis. Azalea tient de moi sa détermination, mais elle a aussi la capacité d'imaginer des scénarios improbables.

Soudain son visage pétille de bonheur quand elle se lève d'un bond en me pointant du doigt.

— Vous vous êtes embrassés !

Je lève les yeux au ciel et pousse son bras de mon visage.

— Premièrement, ne me pointe pas du doigt, c'est impoli. Deuxièmement, je t'ai raconté ma journée et cela devrait amplement suffir. Et troisièmement, je ne me mettrais plus en couple, Aza, on en a déjà parler.

À la fin de ma tirade, je regrette déjà mes mots. Ma fille retombe sur sa chaise, son sourire de rêve ayant disparu et ses yeux sont devenus ternes. Elle baisse la tête sur son assiette et marmonne un "excuse-moi, maman" avec une petite voix qui me brise le cœur.

Voir ma fille s'abattre devant mes yeux alimente ma culpabilité de ne pas lui offrir la vie de famille qu'elle mérite.

Je pousse mon assiette, n'ayant plus faim et me lève pour m'asseoir à côté de mon rayon de soleil qui n'est plus qu'un nuage pluvieux.

Je sais très bien pourquoi Azalea me pousse constamment vers les hommes. Avoir une famille composée d'un père et d'une mère est son souhait le plus cher, et ce, depuis son enfance. Je me rappelle encore de ses dessins qui me fendait l'âme en deux quand elle coloriait la silhouette d'un homme à nos côtés et l'appelant "papa" en légende. Ma fille n'a pas eu de figure paternelle et même si elle essaye de le cacher, je sais que cela engendre des difficultés pour elle.

Heaven.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant