Le vol des argentavis

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Nous sommes maintenant cinq à poursuivre la quête que l’on m’a confiée. Plus le temps passe, plus je sens que j’accepte également cette mission au fond de mon cœur. Finalement, avec tous les compagnons que j’ai à présent, je ne devrai pas trop avoir de difficultés à battre Erialimis non ? De plus, le roi Mapor a décidé de venir avec nous, par pur goût de l’aventure. Il a laissé le pouvoir à son fils, qui ne demandait que cela depuis des années. 

Nous continuons donc notre chemin, alternant la marche et le vol, au plus grand dam de Mapor. Aux alentours de la fin de la journée, alors que le soleil commence à disparaître derrière les montagnes du territoire humain, Luno, qui est tête de la file que nous formons, s’arrête brusquement. Étonnée, je le rejoins, mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, je comprends pourquoi nous avons cessé de marcher. Devant moi s’étend un immense champ de plantes carnivores. Je les connais, nous en avons beaucoup au palais, mais celles-ci semblent… comment dire ? Féroces. Agressives.

“-Aïna, penses-tu que l‘on puisse traverser en volant ?” me demande le dragonnet.

Je secoue la tête. Non, nous ne pourrons pas monter assez haut pour échapper aux crocs des plantes, et de toute façon, même en prêtant les ailes de peau tendue enchantées à quelqu’un, il restera une personne incapable de voler. Mapor a beaucoup trop le vertige pour voler sans assistance, et Étoiélo ne voudra pas lisser Mapor en plan. Je n’ai donc qu’une solution : utiliser le don que m’a offert Naïali. Résignée, je me tourne vers le ciel. 

“-Ô Naïali, j’invoque ton don ! Je souhaiterais l’aide de cinq argentavis.”

Cotton me regarde d’un drôle d’air. 

“- C’est une espèce d'oiseaux qui est éteinte depuis environ six millions d’années. Il possède une envergure d'à peu près sept mètres et un poids moyen de soixante-douze kilogrammes. Ils seront largement assez grands et forts pour porter chacun d’entre nous.” lui expliqué-je. Mentalement, je remercie ma mère de m’avoir forcée à assister aux cours d’histoire animale.

A peine ai-je fini d’expliquer, que les argentavis se posent devant nous et nous invitent à monter sur leur dos. Ils sont magnifiques. Une fois que nous sommes tous installés confortablement, ils décollent. Je vois le champ défiler sous mes pieds, les couleurs des plantes se mêlant jusqu'à ne former qu’un tout aussi chamarré que flou. Je me rends compte que le champ est considérablement plus vaste que ce que j’imaginais, et je me réjouis d'avoir invoqué des oiseaux puissants. Je tourne la tête pour tenter d’apercevoir mes amis, et j’éclate de rire en voyant Mapor s'accrocher de toutes ses forces aux plumes de l’oiseau, au point que ses jointures deviennent blanches. De plus, sa monture n’arrange pas les choses, car elle semble tout faire pour dépasser les autres, volant de plus en plus vite. J’imagine que cette étrange expérience permettra au moins de débarrasser Mapor de son vertige.

Quelques heures plus tard, après avoir observé un éblouissant coucher de soleil sur le dos des argentavis, et les avoirs laissés aux abords d’une forêt, nous arrivons devant un nouveau royaume humain. Mapor, qui connaît plutôt bien les environs, nous apprend que c’est le Royaume Améthyste, et que, d’après ses souvenirs, le roi est un homme bon et juste. Tout dans ce royaume, est dans des teintes de violet. Les toits des maisons, les portes, les fruits, et même la peau des habitants est légèrement violacée. Aussi, lorsque nous nous baladons dans les rues pleines de vie à la recherche d’une auberge accueillante où nous pourrions dormir et nous restaurer, nous avons tôt fait de nous faire remarquer et dirigé par des gardes royaux à la rencontre du roi.

“-Bonjour ! Oh, le roi Mapor ! Cela fait longtemps que je ne vous avais pas aperçu dans les environs ! Vous m’excuserez pour cet accueil, mais avec Erialimis, on peut s’attendre à tout, et en toute logique, je ne souhaite pas que mon royaume soit envahi par ses troupes. Je me méfie donc un peu de tous les étrangers. On m’a dit que vous cherchiez une auberge, je vous conseille celle située juste en face du château.”

Nous n’avons pas le temps de dire un mot que déjà, nous sommes conduits à l'auberge en question.

*

Au même instant…

“-Tiens tiens, des voyageurs, accompagné du roi Mapor qui plus est ! Erialimis sera ravi de savoir cela, lui qui cherche à étendre son empire sur les royaumes humains. Peut-être même que je recevrais une prime et ne serai plus obligé de faire seulement de l’espionnage pour lui.”

*

A l’auberge, nous demandons de quoi nous rassasier et nous reposer pour la nuit. Épuisés, nous nous endormons tous immédiatement après le repas.

Aïna, fée et bien plus Où les histoires vivent. Découvrez maintenant