Chapitre 2

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À chaque fois que Riley revient de Rikers Island, surtout après un double quart de travail, il est débordant d'énergie, et j'adore ça. Heureusement, nous avons la chance d'avoir une maison détachée, donc le lit ne cogne pas contre le mur mitoyen pendant qu'il me montre combien il m'aime et combien il est endurant. Riley et moi, nous nous sommes connus à l'école primaire. Nous étions voisins, à quelques maisons d'écart dans la même rue. Nous nous détestions tellement à l'époque, c'était un abruti fini, et même pire que cela quand il se foutait de moi avec mon appareil dentaire et ensuite avec mes lunettes.J'ai enfin pu profiter de la vie quand je suis partie à l'université. Quelle tranquillité ! Je n'avais jamais connu ça avec lui dans les parages. Je me suis émancipée. Mon appareil dentaire a disparu, mes dents étaient parfaites, dignes d'une compétition, et mon sourire ravageur. Quant à mes petites lunettes, elles sont devenues mon arme fatale, attisant les hormones en ébullition des étudiants attirés par l'intellect. La surprise a été de taille lorsque je suis diplômée et que je suis revenue dans le quartier. Riley habitait encore chez ses parents et travaillait comme fonctionnaire à la prison voisine. Oh, quand il m'a croisée en sortant de chez mes parents, il ne m'a plus lâchée. Il me collait comme dans Grease, bavant comme un bulldog. Le vilain petit canard était devenu un putain d'aigle royal. Je l'ai laissé mijoter pendant un bon moment avant de céder. Le pauvre a dû faire beaucoup d'efforts pour se faire pardonner les nombreuses années où il était un insignifiant petit cafard. Et bon sang, il a vraiment travaillé dur ! Je n'ai pas regretté d'avoir attendu. C'était comme un parfait accord entre le sucré et le salé, et bien sûr, je suis le sucré. La suite de notre histoire s'est déroulée naturellement. Nous avons emménagé ensemble et avons acheté une petite maison qu'il rénove les week-ends. Bien sûr, pour l'instant, elle n'est pas très chic, mais c'est chez nous. J'adore notre petite maison, avec sa couleur jaune délavé, sa porte et ses cadres blancs à la peinture craquelée, son petit jardin et ses touffes d'herbe qui ressemblent à un crâne dégarni. Un jour, la cuisine, le salon et la salle de bain du rez-de-chaussée seront terminés. Les travaux avancent lentement, mais ils avancent. Ma priorité était notre petit nid d'amour, la chambre et sa terrasse.


Je suis encore en train de savourer cet orgasme qui m'envahit à chaque fois, tout en travaillant sur ma nouvelle rubrique. Riley m'a félicitée d'un langoureux french avant de me promettre de terminer le carrelage de la cuisine comme récompense. Je suis donc là, en train de rédiger mon article, en observant mon homme à quatre pattes, sciant, scellant et posant les tuiles. Plus les travaux avancent, plus j'ai envie de lui, mais je ne veux pas l'interrompre en si bon chemin. Je le récompenserai comme il se doit une fois qu'il aura tout terminé ce soir. Ne pensez pas que je suis une obsédée qui ne pense qu'au sexe ! C'est juste que Riley est comme de la chantilly sur une tarte aux pommes, il est ce petit plus qui fait que je suis satisfaite de mon repas. J'ai fréquenté quelques gars à l'université, c'était bien, mais sans être mémorable. Bon, en même temps, j'ai passé une partie de cette période dans un état semi-comateux, entre les cours et les sorties, donc certains souvenirs sont flous. Je me suis même réveillée dans le lit d'une fille que je ne connaissais absolument pas, et elle avait l'air aussi surprise que moi, ce qui me rassure. Je n'étais pas la seule à être déchirée. Nous nous sommes séparées en nous serrant la main. Le plus étrange, c'est que nous n'étions pas dans la chambre l'une de l'autre. Encore aujourd'hui, je me demande chez qui nous avons dormi et surtout où a dormi celle dont nous avons emprunté le lit ? Il y a des choses à propos de l'université que je préfère oublier. Je range certaines expériences dans un coin de ma tête, dans un tiroir fourre-tout que j'appelle « les mystères de la vie dont je ne veux rien savoir ».


Je me relis avec fierté. Étant donné que nous sommes à New York et que nous prônons le naturel, je commence par rédiger un article intitulé « Prendre soin de soi », un programme sur six semaines qui incitera les lectrices à acheter le numéro suivant. Je prépare le plan que je vais présenter à Elise. Je vais contacter une naturopathe, effectuer des recherches sur les remèdes de grands-mères, présenter des tutoriels pour fabriquer des bougies d'aromathérapie et concevoir des crèmes naturelles. Bon, je ne sais pas exactement comment je vais m'y prendre, car je n'y connais absolument rien, mais lorsque je m'imagine en train de le faire, j'ai l'air de savoir ce que je fais. C'est ma méthode : si je m'imagine le faire, alors je serai capable de le faire. Même si je pense que je pourrais échouer, j'essaie quand même. Je ne suis pas un apprenti Jedi, moi, j'essaie et je n'ai pas peur de réessayer plusieurs fois, surtout parce que je suis un peu têtue.

Only her tooOù les histoires vivent. Découvrez maintenant