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Cette nuit est la dernière de ma vie.
La vie n'est pas pour moi.
Ma vie est qu'une pute qui pourrit l'existence des gens que j'aime.

Papy, maman, jarrive ...

Il doit être 5h quand Harold arrive comme une furie dans ma chambre. Il me réveille et me lance la tablette.
J'ai à peine eu le temps de lire que je suis déjà habillé.
J'appelle l'hôpital où Laure est pour qu'ils aillent là voir tout de suite.
Ils essaient de me raisonné en disant que Laure va très bien. Qu'au dernier tour de garde, elle dormait paisiblement.
On ne doit pas parler de la même personne.
Je demande à l'infirmier s'il connaît ses patients. Je lui dis que depuis qu'elle est hospitalisée, Laure n'a dormi que sous des très fortes doses de somnifères qu'ils lui ont injecté.
Et rapidement, j'entends l'agitation derrière lui. Il se passe quelque chose et mon pressentiment n'est pas bon.
Il me dit qu'il me rappelle mais je le coupe en le prévenant que je suis en route.

J'ai un mal fou à entrer à l'hôpital sûrement parce que c'est la fin de la nuit et que l'heure des visites n'est pas encore là.
Je n'ai plus de doute sur la gravité de ce qui se passe quand je vois le psychiatre qui suit Laure arrivé à 5h43.
Il ordonne à la sécurité de me laisser passer et de le suivre.

Quand on arrive dans le service, c'est le branle bas de combat.
Il y a de l'agitation partout. Je fonce à la chambre de Laure.
J'y trouve 2 soignants essayant de la réanimer.

Je tombe à genoux.
Je pleure.
Je leur dis d'arrêter. De ne pas s'acharner. Qu'elle voulait partir.
Le monitoring reste plat.
Le médecin leur demande de reprendre et il injecte des médicaments.
Je reste spectateurs.
Mais je m'entends demander pourquoi.
Une voix me dit qu'avant de prononcer un décès, il faut un temps de réanimation.
Mais que là, il y a peu d'espoir ou que les séquelles seraient énormes car ils ne savent pas combien de temps le cerveau est resté sans oxygène.
Quand je demande comment elle a fait, on m'explique qu'elle s'est pendue à la poignée de porte et que ça a encore retardé le temps d'intervention.

Je suis anéanti.
Je n'ai plus de force.

Quand son décès est prononcé, je me jette sur elle. Et pour la première fois, je la sers dans mes bras. J'en ai rêvé et c'est sans un souffle de vie que je peux le faire.
Elle est légere, son visage est creusé par la fatigue mais elle semble apaisée.
J'ai l'impression de la voir pour la première fois sans souffrance.

Je pleure. Je m'excuse auprès de sa mère. Son titre, son nom me hante, il est écrit partout autour de moi.
Son corps m'est enlevé pour subir une autopsie.

Je m'enferme dans le bureau du médecin pour savoir pourquoi !  Comment ça a pu se produire ? !
Il n'a pas les réponses.

Quand son corps est rendu , je décide de prendre les même dispositions que pour Charly. Laure est incinerée.
Je ramène ses cendres auprès de celle de sa mère.
Elles sont reunies.

Je passe chez elles, pour récupérer les affaires qu'elle avait laissé.
Des milliers de photos principalement.
Leur vie ensemble ici. Avec leur famille de cœur.

Je découvre la famille que j'ai ignoré.
Si j'avais répondu ou rappeler Charly, rien ne se serait passé comme ça.
J'ai passé ma vie avec son souvenir. Avec l'envie de la revoir mais la peur m'empêchant de le faire.

papa Trop TardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant