Killer love

Épilogue

Le bip incessant me donne mal à la tête.

J'ouvre les yeux, déjà épuisée par l'effort.

Ma vision finit par faire le focus. Je n'ai pas rêvé, je suis dans un hôpital. Je fouille ma mémoire, me demandant comment je suis arrivée ici. Je regarde la porte s'ouvrir puis se refermer sur une blonde magnifique, mais au visage triste. Elle ne me voit même pas la suivre du regard. Elle enlève sa veste, l'accroche à un portemanteau fixé au mur, puis s'installe à une table, un livre à la main, sans m'avoir jeté un seul coup d'œil, comme si elle venait ici par habitude.

« Salut, toi ! »

Elle sursaute, laissant tomber son livre et se précipite à mes côtés.

« Comment vas-tu ? » demandais-je en essayant de prendre sa main, mais je n'arrive pas à bouger mon bras.

« C'est à moi que tu poses la question ? » rigole-t-elle. « C'est moi qui devrais te le demander.

— Je suis encore morte ?

— Ça devient redondant, tu comptes te fâcher avec Jésus le jour où finalement tu vas le rencontrer ?

— Je ne suis pas pressée », rigolais-je. « Je suis là depuis longtemps ?

— Quelques jours, semaines.

— Merde, Paul ! Il va finir par me virer, à peine nommée gérante que je passe tout mon temps à mourir et à l'hôpital.

— Paul ? » demande-t-elle, surprise. « Kim ?

— Bah oui, tu ne me reconnais pas ? »

Elle se jette dans mes bras en m'embrassant, je ne m'en plains pas, je prends, même si elle m'étouffe.

« J'ai soif, tu peux aller chercher une bouteille d'eau, je me méfie des verres et des carafes. »

Elle s'arrête et me regarde curieusement, avant de me sourire et de faire le tour du lit pour aller à une distributrice.

« Kit Kat ?

— Oui ? » dit-elle en se retournant vivement.

« Je t'aime. »

J'écoute Kat parler, j'ai du mal à suivre, elle me parle de films et de séries qu'il faut que l'on regarde, elle veut que l'on parte en vacances, et je n'ai rien contre, au contraire. Je sens qu'un poids s'est libéré en moi, je me sens en forme, capable de tout.

Sauf de lever mon bras.

Nous sommes interrompus par le téléphone, Kat s'excuse pour répondre.

« Salut, Jennifer, oui elle vient de se réveiller. Différente.

— C'est Jennifer ? Dis-lui bonjour de ma part !

— Tu connais Jennifer, Kim ? » demande-t-elle, surprise.

— Bah oui, elle pratique le Voninam. Une petite beauté tout en muscles. Ne sois pas jalouse, personne ne te remplacera jamais.

— Je te laisse Jennifer, quelque chose cloche », explique-t-elle, en raccrochant. « Kimi, quand as-tu rencontré Jennifer ?

— Quoi, tu es jalouse, sérieusement ? » souriais-je. « On se connaît depuis... On s'est battu ? Je me souviens d'elle, de m'être battue. Je ne sais pas me battre, Kat. Je... me... souviens », dis-je en ressentant ses souvenirs, à elle. « J'ai un nouvel appartement, près du pont, Kit Kat. J'ai mal au bras, tu m'as encore tiré dessus ?

— Lora ! Je ne t'ai jamais... Kim, pardon. C'est perturbant, tu me parles de choses que tu n'as pas vécues.

— Pour moi aussi, j'ai ses souvenirs et les miens. Utilise le nom que tu veux, elle ou moi, c'est pareil. Et Lora, c'est joli. Tu es la seule constante dans nos vies. Tu es notre seule famille. Je sais qu'elle voulait te demander quelque chose, je le fais pour elle, pour nous. Tu veux bien habiter avec moi ?

— Oui, mais sais-tu ce que Lora voulait faire, après ? » demande Kat en tirant la chaise, se collant contre moi.

« Elle voulait seulement être avec toi. Peu importe où tu irais, elle irait. Et toi ?

— Peu importe où tu iras, j'irai. Tu veux ouvrir un restaurant, je te suis.

— J'avais pensé plus ambitieux, un hôtel-restaurant, un truc hyper romantique.

— J'aimerais, mais même avec ce qu'il y a dans ton coffre, il n'y en a pas assez.

— Ne t'inquiète pas pour l'argent, ma petite sœur s'est occupée de tout. Qui le dit à papa ? » demandais-je en souriant. « Sa petite fille chérie quitte le FBI pour s'acoquiner avec une handicapée sociale », souriais-je en me demandant si je vais pouvoir me resservir de mon bras.

 Heureusement que je tire aussi bien du bras droit que du bras gauche.

Fin

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