chap 5

215 18 3
                                    

Pov de Steve:
Je pousse la porte de ma chambre et m'effondre sur mon lit. Mes parents sont absents, donc lorsqu'Eddie viendra, on sera... seuls. Chez moi. Je cache mon visage dans un oreiller. Il est un peu moins de 19h, Eddie va arriver d'ici deux bonnes heures, pourtant je commence à me préparer. C'est sur les conseils de Robin que j'ai invité Eddie, elle qui me bassine depuis le début avec ses "Eddie est très sympa, je le valide" par-ci, " J'ai bien remarqué que tu rougis" par-là. Faut dire qu'elle a raison. Plus le temps passe et plus je me sens bien avec lui. Sa présence, sa voix, son sourire, ses yeux, toutes mes pensées se dirigent vers lui. J'arrive plus à me le sortir de la tête.

Je sors un paquet de pop-corn du fond d'un placard ainsi que des chips. Je ne veux pas que l'ambiance laisse penser que ce serait un date. Parce que c'est pas un date. C'est juste une soirée film entre potes. Bon ok, peut-être aussi que je cherche à savoir à quel point Eddie Munson me fait de l'effet. Je suis perdu, c'est la première fois qu'un mec ... m'attire ? Heureusement que Robin est là pour me soutenir, sinon j'aurai pété un câble. Ça aurait vraiment pas été beau à voir. Cette soirée est peut-être une mauvaise idée, vu comme j'ai peur. Je suis tiré hors de ma rêverie par quelqu'un qui sonne à la porte. J'ouvre.

"T'es en avance, Munson.
- Je me languissais de ta présence, Stevie."

Son sourire manque de m'achever. Je me force à me concentrer sur ses yeux, pour ne pas fixer ses lèvres.

" Entre, vas-y. Fais comme chez toi. Je me décale de la porte pour le laisser passer.
- Charmant, chez toi. C'est super grand. Son regard s'attarde sur des photos de moi petit. C'est toi, ça ? Bébé Steve était déjà mignon, dis donc.
- Mignon, hein, je relève en me rapprochant un peu trop près. Eddie semble paniquer, en tout cas il recule légèrement en se raclant le gorge
- T'as une chambre, Harrington ? Demande-t-il
- Suis-moi, elle est en haut."

Quelques instants plus tard, Eddie se jette sur mon lit.

"Confortable, commente-t-il
- C'est ça que tu regarde en premier ?
- Faut bien vérifier la marchandise avant de la tester." Il rétorque avec un de ses fameux clin d'œil.

Je rougis et je panique mais Munson ne le remarque pas. Il est absorbé par ma déco, zieutant en détail chaque objet. Je me rends compte qu'avec tout le temps que j'ai mis à stresser et à me préparer, j'ai totalement oublié de choisir un film. Gêné, je me tourne vers Eddie.

"Euh, Munson ?
- Ouiiiiii
- Il est possible que j'ai zappé de choisir un film. Désolé. Il rigole. C'est ça, fous toi de ma gueule. T'a d'une idée de ce que tu veux regarder ?
- T'inquiètes, j'ai tout prévu, répond-t-il sur un ton malicieux. Il se dirige vers son sac qu'il a jeté dans un coin et en sors quelque chose.
- C'est quoi ?
- Tadaaaaam ! C'est le film qu'on va regarder. Ça s'appelle Ça, tu vas adorer. Prépare le pop-corn."

"Tu as dit que j'adorerais ! je me plains, les mains devant les yeux.
- C'est pas ma faute si t'aime pas les films d'horreur ! Qui aurait cru que Steve Harrington serait une mauviette devant un film, surtout après s'être battu contre des monstres !
- C'EST PAS PAREIL ! Et je suis pas une mauviette, je réplique.
- Alors regarde le film au lieu de cacher tes beaux yeux."

Je garde quelques secondes mes mains sur mon visage, mais seulement pour cacher mes joues qui commencent à me chauffer. Une ou deux minutes plus tard, une scène me fait sursauter. Je ne remarque que trop tard que j'ai aggrippé le bars d'Eddie, mon visage se trouvant très près de son épaule. Je me fais violence pour ne pas poser ma joue sur l'épaule d'Eddie, et je retire mes mains, de peur de le mettre mal à l'aise. Je lève les yeux. Un petit sourire se dessine sur ses lèvres tandis qu'il se force à fixer l'écran.

"Finalement, il est pas si mal, ce film, je murmure pour moi
- Je t'avais dis que tu l'aimerais." réponds Eddie à voix basse.

Il plonge son regard dans le mien. Seuls quelques centimètres nous séparent. Mes yeux dérivent vers ses lèvres, puis remontent immédiatement. Je brûle d'envie de m'avancer, de réduire l'écart entre nous. Je le vois se rapprocher, lentement, jusqu'à ce que, inévitablement, nos lèvres se touchent. Enfin s'effleurent. Pris de panique, je m'écarte et me lève. La respiration haletante, je n'arrive plus à penser. La seule chose que j'arrive à faire, c'est attraper un manteau et me ruer dehors. Je cours pendant quelques secondes, puis je me calme et me met à marcher, sans but. Mes pensées tournent à mille à l'heure. Est-ce que j'ai rêvé ? Pourquoi est-ce que j'ai paniqué ? Pourquoi j'ai reculé ? Est-ce qu'il allait vraiment... m'embrasser ? J'ai tellement chaud que je retire mon manteau. L'ai glacial m'incite à le remettre. J'ai du mal à l'admettre, certainement car je suis encore un peu perdu, mais je regrette d'être parti. J'aurai voulu qu'il m'embrasse. Je m'arrête net, à deux doigts de pleurer. Robin avait raison. Je suis bi. Et ça implique que ma vie est foutue si ça se sait.

Pov d'Eddie :
Je le savais. J'ai encore merdé. Pourquoi je continue à espérer que quelqu'un puisse tomber amoureux de moi ? Surtout quand ce quelqu'un s'appelle Steve Harrington. Ça fait plus mal que je ne le pensais. Au bord des larmes, j'erre dans la ville, en direction de la forêt. Mes ailes se sont déployés lorsque j'ai faillit embrasser Steve, mais je les calent sous mon manteau. Ma vision se floute et je sens les larmes couler sur mes joues. J'accélère le pas. J'ai besoin de me barrer, d'échapper à cette ville, cette situation, cet horrible sentiment qui me donne tant envie de voir Steve. J'ai voulu jouer, et j'ai perdu. Quel con. Je m'arrête lorsque j'arrive au Skull Rock. C'est là que, par deux fois, je m'étais réfugié quand je ne savais plus où aller, et m'y revoilà. C'est un peu ma safe place maintenant, caché au milieu de la forêt. Je m'assied contre le rocher et pose ma tête contre mes genoux. Mes bras viennent recouvrir mes cheveux, et j'éclate en sanglots.

C'est bien la première fois qu'un râteau me fait autant chialer. J'ai envie de m'arracher le coeur de la poitrine tellement ça fait mal. Mes yeux commencent à me piquer, et le froid a raidit mes bras. Je renverse ma tête en arrière. La lune haut dans le ciel semble me narguer, avec toutes ces étoiles qui l'entourent, alors que je suis seul et le serait sûrement à jamais. Je me lève lentement et m'apprête à rentrer chez Hopper et Jane, qui m'hébergent le temps que le portail dans ma caravane soit fermé et que mon innocence soit prouvé, d'une manière ou d'une autre. Puis j'entends un cri.

Malgré tout, je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant