chap 6

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⚠️ Homophobie, mention de su!c!de et de harcèlement⚠️
Pov de Steve :
Encore un peu perdu mais surtout effrayé par ce qui s'est passé, je pense à un endroit où je pourrai me vider la tête : le Skull Rock. J'avance dans la forêt et j'entends quelqu'un qui pleure. Je me rapproche discrètement et tombe sur Eddie, roulé en boule au pied du rocher. Il regarde la lune, qui l'éclaire en retour de ses rayons pâles. Ses yeux rougies et sa poitrine encore secouée de sanglots me donnent envie de le prendre dans mes bras. Mais je me souviens à temps de la raison de son état : moi.

Je me déteste. Je suis un con. D'ailleurs je l'ai toujours été. Depuis le collège où, lorsque mes "amis" étaient des harceleurs, je les suivaient en ricanant bêtement. Au lycée aussi, où je me prenais pour une star alors que j'étais qu'un gros naze. Et puis avec Barbara, que je n'ai pas pu sauver alors qu'elle était chez moi. J'ai préféré me taper Nancy plutôt que de m'assurer qu'elle rentre bien. Max non plus, je n'ai pas pu la protéger, heureusement que Jane était là. Je ne sers à rien à part les ralentir, moi qui suis toujours largué. Je suis incapable de les protéger. Je ne pourrai jamais racheter ce que j'ai fais dans le passé, mais je pensais au moins changer. Je suis vraiment con, parce que maintenant Eddie est là, devant moi, en pleurs par ma faute. Il est mort à cause de ma incapacité à l'aider. Il est revenu à lui seul à cause de moi qui ai insisté pour que Dustin revienne alors qu'il voulait ramener le corps d'Eddie. Il se sent mal à cause de mon incapacité à savoir ce que je veux et à savoir ce que je suis. La culpabilité m'envahit quand un voix s'élève dans mon dos.

"Mais voyons, tu sais ce que tu es. Tu es un monstre, Steve Harrington. Tu causes tellement de souffrance, et tu es incapable de réparer tes erreurs, ou même d'en tirer des leçons. Tu es ma meilleure, ou plutôt ma pire cible."

Je me retourne pour tomber nez à nez avec Vecna. Mes yeux s'écarquillent, et avec le peu de connexion que j'ai avec le monde réel, je me met à appeler au secours. Mon corps physique doit être en train de crier, peut-être juste de murmurer, mais ça pourrait être suffisant, si Eddie m'entends.

" Et pourquoi viendrait-il te sauver, toi qui lui a causé tant de peine. Vous êtes tous les deux des monstres. Vous êtes encore plus contre nature que moi. Le dégoût que vous m'inspirez me réjouit puisque je vais mettre fin à ta misérable vie. Les gens comme toi ne méritent pas d'exister."

Je n'arrive pas à parler. Ma récente angoisse prends vie à travers les paroles de Vecna. J'ai envie de hurler, de lui dire d'aller se faire foutre, mais il a raison. Je suis un monstre. Cependant, le fait qu'il insulte aussi Eddie ravive une flamme de colère en moi, une volonté qui me permet de me mettre à courir. Je fonce à travers la forêt, esquivant les arbres et sautant au-dessus des branches. Je tourne derrière un arbre et me stoppe net. Je suis de retour au collège, dans une de mes anciennes classes. Je me souviens de ce jour-là. Une fille de ma classe, qui était harcelée par mes "amis", avait tenté de mettre fin à ses jours. J'avais vomi toute la soirée tellement je me sentais mal. Je m'en étais voulu toute l'année, mais j'avais continué à ne rien dire lorsque les harceleurs ont changé de cible.

"Tu le sais très bien. Ce que tu as fait est impardonnable. Tu as ruiné la vie de cette pauvre fille, et celle de tant d'autres personnes. Tu ne mérites pas le bonheur, ni ces amis qui t'entourent. Tu ne peux pas les protéger, juste les détruire. Laisse-moi t'en empêcher."

Le regard vide, j'analyse chaque mot prononcé par Vecna. Il a raison. Je ne tente pas de m'enfuir lorsqu'il s'approche, puis qu'il tend son bras vers moi. C'est la fin. C'est peut-être pour le mieux. Au fond, je le mérite. Une larme coule sur ma joue. J'entends un bruit sur ma droite. Je tourne la tête et vois Eddie, paniqué, qui chante à tue-tête. Sa voix se précise. Il chante You're the one that I want, de Grease. Je me rappelle lui avoir avoué que j'adorais Grease. Et il s'en est souvenu. Une douleur fulgurante traverse mon corps. Je la combat autant que possible, et me met à courir. Je cours vers Eddie, qui me maintiens les épaules pour que je reste au sol tout en chantant le plus fort possible. Je repense à Dustin, Robin, Max, Lucas, Mike, Nancy, à toutes ces personnes qui souffriraient si je disparaissait. Je ne peux pas les abandonner. Même si je me sens inutile, je leur doit bien de rester en vie.

Malgré tout, je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant