Tiny Little Love

Chapitre 17

Il est 21h. Je me prépare à retrouver Mika au bar, ce sera la première fois que l'on se verra sans l'équipe. J'aimerais le remercier pour les messages de soutien qu'il m'a envoyé cette semaine, mais j'ai peur de ne pas oser aborder le sujet. Malgré notre amitié, il m'intimide, il est tellement plus drôle, tellement plus beau, et surtout tellement plus talentueux que moi.
Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine, je suis trop stressé, il faut que j'arrive à me détendre. 

*inspire*, *expire*
Voilà, c'est bien Andy, sans t'étouffer en plus, tu fais des progrès dis moi.

Je souris à ma pensée, pour une fois que je ne l'ai pas exprimée tout haut, les voisins seraient fiers de moi. 

J'ai déjà réservé un taxi pour tout à l'heure, je suis impatient de le retrouver. Impatient et angoissé. Et s'il ne venait pas ? Je pâlis d'un coup, mon stress redoublant d'intensité, entraînant de nouveau mon cœur dans une course folle. Non. Il viendra, il l'a dit. Et puis... Il me préviendrait quand même s'il ne pouvait pas venir... Je crois. Et si ce n'est pas le cas ? Je ferais quoi ? Je garderais la face et irais boire seul au comptoir ? Ou je rentrerais chez moi ? Il ne faut pas penser à ça, il viendra. Et si... ? Ça suffit, il faut que j'arrête de me prendre la tête, ça ne me mène à rien.

Trop pris dans mes réflexions, je ne remarque pas le temps qui passe, et panique lorsque le conducteur du taxi m'appelle pour me dire qu'il est en bas de mon immeuble. Je cours dans tout mon appart pour récupérer mes clefs, mon porte-monnaie et une veste, sans faire attention à mon environnement. Devinez qui s'est encore pris l'encadrement de la porte dans l'épaule ? 

Je jure à voix haute, traitant la porte de tous les noms d'oiseaux qui me viennent à l'esprit, en me tenant l'épaule. Tant pis pour les voisins, ils ne sont plus à ça près. 

Je finis de rassembler mes affaires et sors, dévalant les escaliers. J'espère n'avoir rien oublié, je n'ai pas le temps de retourner le chercher, quand il faut y aller, il faut y aller!

Je m'installe dans le taxi, essoufflé et l'épaule douloureuse. Je vais sûrement encore avoir un bleu. Mais un de plus, un de moins, j'ai déjà arrêté de compter. *Mika va te prendre pour un homme battu en voyant tes blessures de guerre* me susurre ma conscience. J'écarquille les yeux. J'aperçois la situation gênante se profiler de loin. D'un autre côté avant qu'il soit témoin l'ampleur des dégâts, il faudrait que je me retrouve à moitié à poil devant lui, ce qui ne risque pas d'arriver. *Sauf si tu te retrouves encore en strip-tease improvisé...* Je gémis. "C'est pas possible, que quelqu'un la fasse taire". Le regard méfiant que me lance le chauffeur m'indique que j'ai encore pensé à voix haute. Je m'enfonce dans mon siège, mortifié. Mon pauvre Andy, il est grand temps que tu te reprennes si tu ne veux pas finir à l'asile. Les gens vont finir par te prendre pour un fou.

Sur le restant du trajet, j'essaye de respirer à fond, pour paraître le plus calme possible en arrivant. Je ne comprends pas pourquoi je stresse autant, c'est juste une sortie amicale. Certes, avec un mec canon aux bouclettes et au regard ravageur. Mais, ça reste une sortie purement amicale tout de même. Non ?

Arrivé au bar, je m'installe à une table pour deux, c'est plus intime que le comptoir. Un serveur s'empresse de venir prendre ma commande :

"— Bonsoir, que vous faudra-t-il ?

— Pour l'instant j'attends un ami...

— Bien, je repasserai quand il arrivera. Je vous apporte de quoi patienter ?

— Oui, merci.

Il revient quelques minutes plus tard avec des biscuits d'apéro. Moi qui m'empresse de piocher dedans d'habitude, le seul fait de m'imaginer en manger un me donne la nausée. L'anxiété me coupe l'appétit. Je regarde l'heure à ma montre, il est 22h04, Mika ne devrait pas tarder. Enfin... S'il est à l'heure. En relevant la tête je l'aperçois entrer dans le bar et me chercher des yeux. Les battements frénétiques de mon cœur, calmés par l'attente, reprennent de plus belle. Je lui fais un signe de la main, et il s'empresse de me rejoindre. Il n'a pas très bonne mine.