Chapitre 15

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Une fois dans l'avion, je m'installe près du hublot et laisse mes pensées vagabonder, n'ayant rien emporté pour passer le temps. Mon père a rappelé, très tôt dans la matinée, me donnant les dernière nouvelles. Elles ne sont pas bonnes, mais pas mauvaises non plus. Il y a de l'espoir mais il est affaibli, une partie de son cerveau a subi des dégâts importants et ça n'a pas aidé.

J'ai peur de la tournure que pourraient prendre les évènements à mon arrivée... D'un côté je sais que mon grand-père est fort, qu'il se bat pour la vie, mais de l'autre je sais qu'il est vieux et qu'il aura beau continuer à y croire, viendra un moment où ses dernières forces le quitteront. Et tout sera fini. Les larmes me montent aux yeux et je tente de penser à autre chose, mais c'est peine perdue, l'inquiétude hante mon esprit, comme un fantôme dans un manoir abandonné.

L'avion finit par atterrir, après presque quatre heures de vol. Je descends, suivant la foule comme un robot, mon corps étant déconnecté de mon esprit. Je récupère ma valise, marche vers la sortie, regarde mes pieds, loin de toute pensée, qu'elle soit négative ou positive. Quelqu'un m'interpelle, venant me tirer de la torpeur tranquille dans laquelle je m'étais réfugié.

"— Andy! Andy, je suis là!

Je me retourne, ayant reconnu la voix de mon père. Il me sourit d'un air triste en s'approchant de moi, et je le prends dans mes bras, ne pouvant plus prononcer un seul mot sous peine de fondre en larmes.

— Comment ça va mon grand ?

Je grommelle quelques mots dans ma barbe, tentant de reprendre le contrôle sur mes émotions. Mon père semble le comprendre et enchaîne immédiatement :

— On y va ? Ton grand-père nous attend.

Il met fin à notre étreinte et nous nous dirigeons ensemble vers la sortie. La lumière du soleil me fait cligner des yeux, elle est trop intense. On arrive à la voiture et il m'ouvre le coffre pour que j'y mette mon sac, avant de le refermer et d'aller s'installer au volant. Je m'installe côté passager, après avoir jeté un coup d'œil aux alentours, sans savoir pourquoi. Il démarre, nous prenons la route vers l'hôpital. Le silence est pesant mais il me permet de regarder le paysage défiler sans penser à rien. Après une vingtaine de minutes de trajet dans le calme, nous voilà arrivés. Et là mes émotions affluent d'un coup.

Je n'arrive pas à croire que cette situation soit réelle. Il y a deux jours je tournais un clip à Londres avec Mika et l'équipe, et maintenant voilà que je me rends au chevet de mon grand-père, peut-être pour la dernière fois... 

— Viens, c'est par là.

Je suis mon père qui me devance jusqu'aux portes du bâtiments, qui s'ouvrent devant nous automatiquement, comme si nous étions attendus. Mais alors que nous nous dirigeons vers un ascenseur, mon courage me fait faux-bond. Je m'arrête net, les yeux embués de larmes. Mon père se tourne vers moi, l'air compatissant :

— Je comprends ce que tu ressens Andy, c'est dur pour moi aussi, je ne peux pas le nier, mais c'est peut-être... 

Il s'interrompt, lui aussi au bord des larmes, avant de reprendre :

— Il est réveillé depuis ce matin, il est affaibli mais il peut parler... Et il est un peu plus lucide qu'hier. Ajoute-t-il avec un faible sourire.

Les mots de mon père se voulaient rassurant, mais ils n'ont fait que conforter la panique qui s'insinuait petit à petit, tissant son filet à travers mon esprit.

— Je ne peux pas y aller... Je ne peux pas le voir autrement qu'il a toujours été, plein de vie et de bonne humeur. Le voir alité... C'est au dessus de mes forces papa...

Tiny Little LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant