Chapitre 83

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Une semaine était passée, et j'avais l'impression d'être sur un nuage. Chaque soir, Laura s'était endormie contre moi.

Un soir sur deux, chez moi, après avoir passé la soirée avec Olivio et parfois Dario. Elle avait amené Patafix à chaque fois, et malheureusement, la chienne ne semblait pas se sentir à l'aise dans un petit appartement. Elle se blotissait toujours contre Laura, ou allait sur le lit d'Olivio. 

Un soir sur deux, chez elle. Olivio restait chez mon oncle, et j'en profitais pour foncer chez ma douce. On passait quasiment toute la soirée à faire l'amour, enivrées par le corps de l'autre. J'avais découvert des sensations folles et différentes selon les attentions et les positions, le plaisir de toucher et lécher une femme, le goût de Laura… En quelques nuits, j'avais davantage l'impression de me connaître qu'en plus d'un quart de siècle d'existence. Et pour la première fois de ma vie, je me sentais pleinement heureuse. Amoureuse. Moi-même. 

Le week-end, j'avais amené Olivio chez Laura et on avait passé les deux jours ensemble. Laura, Olivio, Patafix, et moi. En famille. Cela faisait vraiment peu de temps que nous étions ensemble avec Laura, mais je me sentais vraiment prête à passer déjà cette étape avec elle. Plusieurs fois dans les livres LGBT que ma compagne rangeait dans la chambre d'amis, je lisais que les lesbiennes faisaient tout plus vite que les héteros. Et peut-être que c'était vrai, tout compte fait. Je voulais vraiment…. 

Le téléphone de Laura sonna tout à coup.

Je regardais l'heure, surprise de voir qu'il était déjà 3h du matin. Perdue dans mes pensées, je n'avais même pas remarqué qu'il était si tard dans la nuit et que dans seulement quelques heures, je devais rentrer chez moi. 

_ Chérie… coupe la musique… 

_ C'est ton téléphone… 

Laura bafouilla, et je crois qu'on était toutes les deux surprises que quelqu'un ait le toupet de l'appeler à cette heure-là. 

_ Allo ? 

Juste à côté d'elle, j'entendis : 

_ Madame Laura Brun ? 

_ C'est moi…. 

_ Docteur Durcin. Vous êtes la personne à contacter de madame Courbet. Je… 

D'un coup, Laura se redressa, en panique. 

_ Hanna ? Elle va bien ? 

_ Elle est arrivée ce soir aux urgences avec de nombreuses blessures. Elle est actuellement en salle de réveil. Mais elle va bien. 

_ Je… Je peux venir dès maintenant ? 

Je ne pus entendre la réponse du médecin, car Laura se leva sans attendre. Elle enfila une tenue, et sans trop savoir quoi faire, je fis de même. Elle était déjà sur le point de partir, quand je lui attrapai les deux joues pour l'obliger à me regarder. En remarquant ses larmes aux yeux, ma poitrine se serra. 

_ Laura ! Qu'est-ce qu'il y a… ? 

_ Hanna… est à l'hôpital… 

_ Je conduis, tu n'es pas en état. 

La tatoueuse ne répondit pas. Elle me laissa terminer de m'habiller, et me suivit sans mot. 

***

En arrivant aux urgences, une drôle d'impression de déjà vu me fit sourire. Mais en voyant le visage crispé de ma compagne, je le perdis très vite. On n'était pas là pour se remémorer le jour de notre rencontre. Après quelques passages dans des couloirs et devant des infirmières, on arriva enfin devant une salle où un monsieur nous attendait. 

_ Vous avez fait vite. 

_ Docteur Durcin ? Est-ce que… Comment va Hanna ? 

_ Elle dort actuellement. Quelqu'un l'a déposé devant nos locaux, mais nous ignorons son identité. Elle a le nez et le bras cassés, tout laisse à croire qu'elle a été, pardonnez-moi l'expression, passé à tabac. 

Pendant quelques instants, le docteur déclara des termes techniques, expliquant qu'ils avaient "réparé" son bras et son nez, et que dès son réveil, elle pourra rentrer chez elle. À travers la vitre, je regardais la jeune femme, la boule au ventre. Son visage était couvert d'ecchymoses et, de toute évidence, son corps avait connu le même sort. S'en tirer avec un nez et un bras cassés semblait presque relever du miracle. 

Le docteur était sur le point de partir, ayant fait son travail, quand Laura lui demanda : 

_ Elle… Elle a juste été frappée ? 

_ Il n'y a aucun signe d'autres types de violence ou d'agression. Pas de trace d'alcool ni de drogue dans son sang. 

Je sentis ma compagne se détendre très légèrement, et monsieur Durcin nous laissa finalement. Une fois dans la chambre, Laura regarda longuement sa sœur de cœur, et je voyais très bien qu'elle n'allait pas bien. Comme si elle lisait en moi, elle m'expliqua : 

_ À l'époque… Hanna allait parfois dans d'autres boîtes de nuit, pas forcément LGBT. Je ne compte plus le nombre de fois où des connards l'ont cogné juste car elle était dans le mauvais corps. Une fois, si on n'était pas arrivés avec des amis, je crois que des gars lui auraient fait de sales choses. C'est quelque chose qui m'a toujours hantée. Savoir qu'elle n'a rien consommé me rassure un peu… même si je me demande vraiment qui a pu lui faire ça… 

Ne sachant pas quoi dire, je me blottis contre elle, complètement perdue. Qu'est-ce qui s'était passé… ? Vivement son réveil…

____

Cette fin de chapitre va faire que vous allez me détester 😂 mais il faut bien un peu de drame, quand même !
La suite arrive bientôt, promis :)

Tomber amoureuse par accident (histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant