17. Épouse moi

841 65 157
                                    

Ce n'est pas un TW mais on parle implicitement d'abus sur mineur dans ce chapitre

Le mois de novembre s'était passé différemment du début de l'année. Jason n'avait plus fait aucune remarque à Eddie, il ne l'avait plus frappé non plus. Ils n'étaient pas amis mais de temps en temps ils parlaient de manière normale comme si rien ne s'était jamais passé.

Jason avait demandé à Eddie de venir dans le gymnase tout à l'heure pendant le dernier entrainement des Tigers avant le printemps. Au début il avait hésité, mais à force de supplications il n'avait pas eu le choix de dire oui.

Il se préparait mentalement à devoir aller dans cette salle et de devoir affronter le regard de chacun des joueurs de baskets. C'était une chose de devoir affronter celui de Jason ou celui de Lucas qui étaient venus s'excuser à mainte reprises, c'en était une autre de devoir affronter celui d'un autre qui ne s'est jamais excusé.

Il y alla la tête haute, repensant à ce que Billy lui avait répéter plusieurs fois ; Munson, tu dois affronter ton regard tous les jours dans ton miroir, ce n'est pas le regard d'un inconnu qui va te briser. Il n'avait pas tort, son propre regard était si douloureux, si difficile à affronter. Ces gens, il ne les reverra peut-être plus jamais.

Il entra dans le gymnase et alla s'installer dans les gradins. Il attendit la fin de l'entrainement comme Jason lui avait demander. Il regardait l'équipe courir partout en se demandant le ballon. L'engouement envers le sport était une vaste question pour Eddie, comment regarder des gens courir après une balle pouvait donner autant de joie à certaines personnes ?

Pour lui la musique était la langue maternelle de la Terre, avec la musique tout le monde pouvait se mettre d'accord, il y avait tellement de styles différent. Il n'y avait aucune rivalité en musique, c'est selon ton goût. Personne n'irait attaquer un fan de métal parce que Madonna est une meilleure interprète.

Chacun trouvait sa voix dans la musique, chacun trouvait la musique qui lui faisait ressentir chaque émotion. Ce n'était pas un choix que de connaître sa chanson préférée, c'était la vivre. Chaque phrase est une représentation de ta propre vie, chaque phrase te brûle tout le corps.

Pour Eddie le seul sport qui le branchait était la danse. En fait il aimait ressentir les choses, montrer chaque émotion et les caractériser par un mot, une phrase, un mouvement, il voulait se souvenir de la sensation qui le propageait à un moment précis.

Quand pour d'autre la mémoire était visuelle, pour Eddie chaque sens jouait. Quand il avait revu Steve cette fois là, il se souvenait de l'odeur de spray pour les cheveux et de chaleur qui régnait dans la pièce, du courant d'air constant dû à la fenêtre ouverte et même du goût étrange de la nourriture qu'il avait manger à midi qui restait dans sa bouche.

Chaque moment de sa vie était classé dans sa tête, il oubliait tous ceux où il n'avait rien ressenti, et tous les autres il les gardait précieusement, se les repassait le soir et la nuit comme un clip. Il avait appris à les compiler, il savait dans quel ordre il voulait que tout se déroule dans sa tête.

Il savait que repenser à Steve lui faisait du mal, mais il en sentait un constant besoin, comme s'il avait peur d'oublier le son de sa voix, la sensation de ses lèvres. Eddie avait peur d'oublier, c'était sa plus grande peur, car c'était déjà arrivé. La voix de sa maman avait disparu de son esprit, son odeur le quittait petit à petit, il ne voulait pas que tout devienne visuel, il voulait se souvenir des sensations de chaque moments quitte à s'en rendre malade et avoir mal au coeur, se les repasser était la seule manière de les garder vivants.

Il entendit le sifflet du coach qui le ressortit de ses pensées. Il fit un débrief rapide à ses joueurs mais son ton était dur, froid. Il leur parlait comme à des professionnels alors que ce n'était qu'une équipe amatrice. Il voyait les joueurs se taire et baisser la tête, ils avaient peur de décevoir leur coach qui n'en avait visiblement rien à faire que ce soit que des enfants.

Freaky Past -SteddieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant