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Le froid m'enlace, mon corps se paralyse et je ne sens que le battement de mon cœur gelé.

Je suis allongé dans la neige, les yeux fermés, ne laissant derrière moi que des souvenirs. Mais c'est dans ce froid hivernal, qu'une silhouette s'y dessine. Sa silhouette.

- Aerie ! Lève-toi, me dit une voix que je prends pour celle de Jae-Eon. J'ouvre aussitôt mes yeux quand je l'entends, mais je ne me redresse pas, je sais que c'est seulement mon imagination.

Je referme alors les yeux et écoute attentivement le bruit qu'émettent les pas qui s'approchent de plus en plus près de moi.

- Aerie ! Tu vas attraper froid, s'exclame à nouveau cette voix, que je confonds encore.

J'ouvre alors de nouveau mes yeux, avec hésitation, mais c'est alors que je vois le visage de Ye-ji, à quelques centimètres du mien. Elle est positionnée au-dessus de moi, ses pieds de part et d'autre de mon corps étendu au sol, accroupis et me regarde avec une expression amusée. Je ferme de nouveau les yeux, déçue que ce soit elle et non Jae-Eon. Des perles salées se mettent à glisser inconsciemment le long de mes joues froides et gèlent à leur contact. Ye-ji me les essuie aussitôt et me demande avec tendresse :

- Tu pensais que c'était lui ?

Mon visage se contracte naturellement, pour contrer les larmes qui essaient de s'échapper de mes yeux inondés de tristesse. Ye-ji le remarque et s'assied à côté de moi afin de me prendre dans ses bras. Mais je ne pleurerai pas, je ne veux pas pleurer une nouvelle fois dans ses bras si confortables qui me permettent à chaque fois de soulager ma douleur. Je retiens alors mes larmes, mais mon cœur devient douloureux. Douloureux car il doit supporter la douleur que je garde en moi au lieu de la libérer. J'entoure mes bras autour d'elle et la serre très fort tout en appuyant mon visage contre sa poitrine.

- Je le vois souvent ces jours-ci... Il apparaît devant moi, puis disparaît. J'entends sa voix, sens son odeur... J'aimerais tellement pouvoir le revoir Ye-ji. L'enlacer et l'embrasser.

- Il est à tes côtés Aerie. Il t'a dit qu'il resterait à tes côtés, c'est pour cela que tu le vois. Il veille sur toi de là où il est.

- Mais c'est ici que j'ai besoin de lui.

- Je le sais bien... ajoute-t-elle en me caressant le dos.

Je reste quelques instants dans ses bras avant de me relever, les cheveux et les vêtements enneigés. Nous nous asseyons ensuite sur l'un des nombreux bancs présents dans le parc. Je regarde les flocons tomber du ciel puis disparaître au contact de l'eau de l'étang en face de nous.

Nous sommes assises toutes les deux l'une à côté de l'autre, avec notre boisson chaude dans les mains que Ye-ji est partie m'acheter quand j'étais allongé plus tôt dans la neige. Malgré la chaleur de la boisson que je tiens, mes mains nues restent froides et gercées à cause du froid hivernal. Ye-ji pose son verre, m'enlève le mien des mains sans difficulté car je le tiens avec peu de force et elle me met les gants qu'elle a dans les poches de son manteau.

- Ça va Ye-ji, mets les toi, je lui dis en la regardant.

En me remettant le verre dans les mains elle rétorque :

- Non, c'est bon. Je n'en ai pas besoin.

Je la remercie en lui souriant avant de revenir regarder le paysage qui nous entoure.

- Tu sais pourquoi j'aime l'hiver ? je lui demande sans la regarder.

- Non, mais tu vas me le dire.

- L'hiver me rappelle Jae-Eon, comme toutes les autres saisons. Mais mes souvenirs de lui sont différents en cette saison.

- Qu'est-ce qu'elle te rappelle de lui ?

- Sa vraie personnalité, son cœur... Tu sais Ye-ji, il pouvait sembler froid comme le vent hivernal, mais son cœur était chaud comme une brise de printemps. C'est aussi pourquoi j'aime tant le printemps.

- Je n'en doute pas de ça. Yunho m'a toujours décrit Jae-Eon de la même façon. Il est vrai que nous n'étions pas très proches, lui et moi, donc je connaissais plus son côté froid, distant, intimidant... Mais je suis sûr qu'il était vraiment quelqu'un de doux, tendre, rempli d'amour à donner... Et une chose que je sais et que tout le monde sait, c'est qu'il t'aimait vraiment. Son comportement était totalement différent quand il était avec toi. Ses yeux dévoilaient tout ce qu'il ressentait pour toi, ajoute-t-elle en me regardant.

- Je l'aimais aussi, d'un amour inconditionnel, et je continuerai de l'aimer de la même façon.

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