Chapitre 2

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Je suis restée le reste de la semaine à la maison sous ordre de mes parents. J'ai rassuré mes amies en leur racontant le même mensonge qu'à mes parents. Mais au fond de moi, je savais que c'était une question de temps avant que mes agresseurs reviennent.

Plus les jours avançaient, plus il se passait de choses bizarres. J'ai des maux de têtes soudain, la nausée et j'ai même craché un peu de sang. Évidemment, je l'ai caché à mes parents car ils sont du genre à appeler une ambulance dès que j'ai une égratignure.

Le lundi suivant, j'ai fait comme si tout allait bien. Mes maux de tête étaient insupportables mais la journée s'est déroulée normalement et mes mystérieux agresseurs ne se sont pas repointés.

Sur le chemin du retour, un garçon à peu près de mon âge s'est approché. Il est assez grand, musclé et a une peau lisse et bronzée. Il a des cheveux bruns un peu bouclés et des yeux verts avec une touche de doré. J'ai l'impression d'avoir déjà vu ces yeux quelque part mais je ne me rappelle pas où. Il porte des jeans, un pull gris et une chaîne au cou qui me donne elle aussi une impression de déjà-vu. Mon cœur se met à battre de plus en plus vite. Pendant que je le dévisage, il me dit:
— Hey.
Je lui répond:
— Salut. Est-ce qu'on se connaît ?
— Non mais t'as l'air sympa. Tu t'appelles comment ?
— Annabelle et toi ?
— Moi, c'est Justin.
On a continué à marcher côte-à-côte en faisant connaissance. À un moment, j'ai une grosse migraine. Justin, voyant que quelque chose cloche, me dit:
— Ça va pas?
— Oh t'en fais pas. J'ai juste un peu mal à la tête.
À ce moment précis, tout pour m'aider, je crache du sang par terre. Il est tout de suite affolé et je l'entends parler à voix basse comme les agents secrets avec leur oreillette. Il me dit:
— Viens je t'emmène à l'hôpital.
— Non non ça va aller, dis-je peu convaincante.
— J'insiste. Ça fait combien de temps que tu es comme ça ?
— Je dirais depuis jeudi dernier.
En entendant ça, je vois que Justin a pâli. Il recommence à parler à voix basse puis me dit en pointant un scooter rouge garé dans la rue:
— C'est mon scooter. Je vais t'emmener tout de suite à l'hôpital. Ce n'est pas normal de cracher du sang.
— Non non je t'assure je vais bien...
On voit clairement que je ne vais pas bien juste en m'entendant. Mes jambes sont devenues du coton, j'ai l'impression de brûler de l'intérieur mais il est hors de question de paraître vulnérable. Je ne vais tout de même pas embarquer avec un gars que je connais à peine! Oui il est mignon mais quand même! 

Plus je refuse son offre, plus mon état empire et plus il insiste. Justin touche mon front qui est brûlant. Je l'entends encore parler à voix basse. J'avoue que ça commence un peu à me soûler.

Il s'approche de moi et m'ordonne de monter sur le scooter. Moi, têtue comme une mule, je refuse. Il passe ses bras musclés autour de ma taille et me soulève pour me mettre de force sur le véhicule. Je me débats avec le peu de force que j'ai et je réussis à le faire lâcher prise. Il ne me regarde plus avec son regard doux et sympathique. On voit qu'il perd patience, qu'il est déterminé et qu'il n'est pas ce qu'il prétend être. Ça lui ajoute un côté bad boy. Je trouve qu'il est aussi un peu trop insistant sur le fait de monter sur son scooter. Comme s'il cachait quelque chose.
— Tu ne m'emmènes pas à l'hôpital hein? Tu m'as menti!
— C'est compliqué. Les gens à l'hôpital ne pourront pas t'aider. Par contre, moi je peux t'aider. Je connais des gens qui te
soigneront.
J'ai tellement mal que je me laisse convaincre un instant. Au moment où j'allais embarquer, j'ai un doute.
— Comment sais-tu qu'on ne peut rien faire pour m'aider ? Je ne t'ai pas dit quelle était la cause de ce mal. Tu me caches quelque chose.
Le visage de Justin s'assombrit. Soudain, j'ai eu une illumination. Je sais où j'ai déjà vu ces yeux et cette chaîne. Justin n'est nulle autre que...le gars masqué qui a essayé de me kidnapper jeudi dernier. Malheureusement, j'ai compris trop tard ses plans. 

La peur qui monte en moi me donne la force de courrir vers chez moi même si je sais que c'est perdu d'avance. Je sens sa respiration dans mon dos m'indiquant qu'il se rapproche. La seule chose que je peux faire, c'est appeler la police. Je n'ai même pas le temps de sortir mon téléphone qu'il m'a déjà rattrapé sans effort. J'ai regretté à cet instant de ne pas être plus sportive car ça aurait pu me permettre de tenir quelques minutes de plus.

Il m'arrache le téléphone des mains, le jette par terre puis l'écrase avec son pied tout en me retenant par les poignets pour m'empêcher de fuir. Mon pouls s'accélère et une sueur froide commence à couler dans mon dos.

Ensuite, il me traîne avec une force surhumaine vers son scooter. Je continue de me débattre avec l'énergie du désespoir mais il me tient d'une poigne de fer. Sûrement lassé de ce petit jeu et de toute cette résistance, il sort un mouchoir de tissu de sa poche ainsi qu'un petit flacon et, tout en me retenant, il verse quelques gouttes du contenu de la petite bouteille sur le mouchoir. Puis, en mettant une main derrière ma tête pour m'empêcher de la bouger, il me place le tissu sous le nez et me force à respirer le chloroforme car c'était ce que contenait le flacon si je me fis à la désagréable odeur que dégage le mouchoir.

La seule chance qu'il me reste est qu'un passant nous voit mais je n'ai pas beaucoup d'espoirs là-dessus. Tout ce que je peux faire, c'est retarder le moment où je serai vaincue en me battant contre lui. Mais c'est déjà trop tard. L'effet du chloroforme commence déjà à se faire sentir en plus du fait que je ne vais pas bien à cause du truc qu'il m'a injecté.

Peu à peu, mes paupières commencent à se faire lourdes malgré mes efforts pour les maintenir grandes ouvertes. Ma tête tourne dans tous les sens et je perds finalement connaissance dans les bras de Justin. La dernière chose dont je me souviens avant de sombrer, c'est Justin me prenant dans ses bras pour m'empêcher de tomber.

L'escadron de l'étrangeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant