Chapitre 7 : L'interrogatoire des parents - Partie 2

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        Les prochains parents à subir l'interrogatoire furent ceux de Valentin. Il était le portrait craché de sa mère, Ophélie Sopied. Une femme d'un certain âge déjà, sûrement la cinquantaine bien acquise. Ses cheveux étaient complètement poivre et sel et relevés en un chignon de style bohème, un visage sans aucun charme, des rondeurs pas harmonieuses, et une tenue qui laissait à désirer. Elle portait une jupe longue marron, un chemisier vert délavé et une paire de sandales sans doute blanches au départ mais qui avait pris une teinte brunâtre avec le temps. Elle parlait beaucoup, rapidement et sans articuler. Ainsi, Maggie apprit qu'Ophélie était remariée, avait eu 4 autres enfants avec son nouveau mari et en gardait 2 autres car elle était assistante maternelle.

          Le père de Valentin, beaucoup plus réservé, était tout petit et tout maigre. Il s'appelait Maxime Barceul. Ses cheveux, beaucoup plus sel que poivre, ainsi que son visage particulièrement ridé lui donnait l'air plus âgé que son ex-femme. Il portait un short beige, un tee-shirt noir avec la tête casquée de Dark Vador dessus accompagnée d'une phrase à l'humour douteux, et des baskets bleues. Maggie n'apprit rien de particulier sur lui.

          Les parents de Valentin ne leur apprirent rien de plus. Valentin n'avait jamais parlé de Dirss à ses parents.

« —Nous aurions voulu vous aider plus, dit Ophélie Sopied sur un ton plaintif. C'est vraiment malheureux pour ce petit gars.

—Même si vous n'en avez pas l'impression, vous nous avez quand même beaucoup aidés, merci beaucoup, la rassura Ewen sur un ton très sérieux. »

        Les parents de Valentin prirent congé et ce fut au tour des parents de Julien d'être interrogés.

         Jeanne Arais était très belle. C'était une brune aux cheveux très bouclés, longs et parfaitement coiffés. Elle n'était ni petite, ni grande. Une allure athlétique, dynamique et élancée. Un maquillage discret mais efficace. Elle était vêtue d'un tailleur noir et blanc qui lui allait à merveille. Une femme d'affaires qui devait avoir un peu plus d'une quarantaine d'années.

          Guillermo Arais était lui aussi un homme d'affaires. Blond, grand, imposant, dans un costume sobre et parfaitement adapté à sa morphologie. Il devait avoir environ le même âge que sa femme.

         Une fois qu'ils se furent assis, Ewen commença l'interrogatoire.

« —Connaissiez-vous Driss Melcher ?

—Oui, répondirent chacun leur tour monsieur et madame Arais.

—Pouvez-vous détailler un peu plus ?

—Ehm... Jeanne Arais se raclât la gorge en jetant un regard vers son mari sûrement pour savoir si elle pouvait prendre la parole avant lui. Nous le connaissions bien car il venait souvent chez nous. C'était un bon ami de Julien, son meilleur ami sans doute.

—Vous l'appréciez ?

—Oui, continua Jeanne qui était lancée, c'était un jeune garçon sympa, avec beaucoup d'humour et très poli.

—Effectivement, ajouta Guillermo, il ne posait pas de problème et nous étions contents de le voir de temps en temps à la maison.

—Ils étaient amis depuis combien de temps votre fils et lui ?

—Depuis le collège, répondit Jeanne avant de réfléchir un peu. Ça doit être depuis la 5ème je crois.

—Ils ont déjà eu des disputes ?

—Oui bien sûr ! affirma toujours Guillermo qui ne devait visiblement pas aimer être relayé au rôle de figurant. Des petites disputes insignifiantes comme parfois de grosses engueulades qui duraient un moment, mais ils revenaient toujours l'un vers l'autre.

—Vous n'avez rien remarqué d'anormal dans le comportement de votre fils ? Ou même dans celui de Driss ?

—Nous n'avions pas vu Driss depuis un moment, avec les révisions et le bac il ne venait plus à la maison. En plus, ils passaient le plus clair de leur temps à l'extérieur. Mais sinon non, nous n'avions rien remarqué d'anormal. Hein Jeannette ?

—Oui, comme tu dis, il n'y avait rien d'anormal.

—Et votre fils ?

—Non plus, fit Guillermo pensivement. Il était anxieux, mais c'était à cause des examens, c'est normal.

—Julien s'entendait bien avec la petite amie de Driss ? »

         La question désarçonnât monsieur et madame Arais qui perdirent de leur contenance. Maggie, qui avait lu les notes qu'Ewen avait prises durant l'interrogatoire de Julien voyait où il voulait en venir et elle trouva la question très pertinente.

« —Alors... commença Jeanne hésitante après avoir jeté un coup d'œil à son époux et remarqué qu'il ne désirait pas prendre la parole. Il était... Comment dire...

—Prenez votre temps, lui dit Ewen sur un ton qui se voulait très paternel mais qui n'en était pas moins maladroit.

—En fait, Julien ne l'apprécie pas du tout.

—C'est-à-dire ?

—Depuis que Driss et Célia sont – enfin étaient – ensemble, il est plus souvent énervé je trouve, et il n'arrête pas de nous dire qu'il perd son « pote » qui est, je cite, « en train de faire une connerie en allant avec une conne ». Ça ressemble à peu près à ça, tu en penses quoi Gui ?

—Tu as très bien expliqué ma Jeannette. »

        Silence dans le bureau, ces petits surnoms avaient le don d'exaspérer Ewen et d'amuser Maggie, tout en étant particulièrement gênants pour les deux détectives.

« —Vous n'avez rien à ajouter ?

—Non, lui répondirent-ils en chœur et rapidement, comme s'ils souhaitaient que l'interrogatoire se termine au plus vite. »

         Ewen et Maggie les remercièrent pour leur coopération, les accompagnèrent jusqu'à l'entrée de la maison et allèrent chercher d'autres parents.

         Vînt le tour des parents de Nicolas.

         Marie de Landebain était une femme, sans doute quadragénaire, et sans aucun charme. Grande, trop maigre, les cheveux blonds et ternes attachés en un chignon qui semblait beaucoup trop serré. Le genre de chignon qu'on a hâte de retirer le soir en rentrant du boulot songea Maggie. Des yeux marron inexpressifs et un maquillage qui ne la mettait pas en valeur. Une robe longue et des escarpins blancs lui donnaient un air chic mais sans saveur, le tout agrémenté d'un collier de perles blanches qui, elles, étaient magnifiques.

         François de Landebain semblait être un peu plus vieux que sa femme. Il était grand, légèrement musclé, sans doute un reste de sa jeunesse imagina Maggie. Il avait des cheveux grisonnants, très courts, les mêmes yeux vifs que son fils et un air hautain. Sa tenue était simple : un jean, un tee-shirt uni et une paire de baskets qui avait l'air d'être neuve.

         L'interrogatoire n'apporta rien de nouveau. Il fut intégralement mené par Ewen et François qui, visiblement, écrasait sa femme rien que de par sa présence. Maggie se dit que le manque de vivacité de cette dernière devait peut-être venir du fait qu'elle ait vécu tant de temps avec un tel homme, bien qu'une simple rencontre comme celle-ci ne suffisait pas pour tirer de telles conclusions. Nicolas ne connaissait pas beaucoup Driss, en tout cas pas suffisamment pour en parler à ses parents qui ne l'avaient donc jamais rencontré. Les détectives apprirent quand même que Nicolas était quelqu'un d'impulsif, qui pouvait agir sans réfléchir. Plutôt maladroit pour essayer de le discréditer de toute implication dans cette affaire de meurtre, songea Maggie.

         L'interrogatoire  de Shela et Bruno Morel, les parents des jumelles Marina et Sébrine, et propriétaires de la demeure où avait eu lieu le drame, ne fut pas plus intéressant que le précédent. Driss était un bon ami des jumelles, un garçon très bien qui venait de temps à autres chez eux, notamment pour des révisions collectives avec Célia. Il ne posait pas de problème et était tout le temps joyeux. Rien de plus. Ils tournaient en rond. Et pour ne rien arranger, Djamila avait refusé que ses parents viennent, elle était prête à répondre à leurs questions s'il le fallait mais elle était indisponible pour le moment.

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