Fête de fin d'année

Chapitre 20 : Maggie a une idée

     Le silence qui s'était installé dans la pièce semblait faire souffrir Marina qui n'en pouvait visiblement plus de la situation. Pour le combler et ainsi retrouver une sorte d'apaisement, elle décidât de lancer ce qu'elle prenait pour une banalité :

« —En tout cas, je me rappellerai toujours de la nuit de la mort de Célia. Nous regardions, à la télé dans notre chambre, une émission spéciale qui devait durer toute la nuit sur un nouveau festival aux Etats-Unis où se retrouvent plein de grandes stars hollywoodiennes. Ca donnait vachement envie, même Carla et Eva l'ont regardé dans leur chambre. »

     Ce souvenir semblait sur le coup la rendre presque heureuse. Avant qu'elle n'ajoute :

« —On était loin de se douter que Célia mettrait fin à ses jours, seule dans sa chambre durant cette nuit-là... C'est terrible... On aurait dû lui dire de venir regarder avec nous, et on se serait endormies toutes les trois dans le lit de mes parents, il y avait largement la place, et elle ne se serait pas suicidée... »

      Cette fois, Marina se mit à pleurer encore plus fort que les fois précédentes. Sébrine l'avait rejointe. Elles s'en voulaient visiblement énormément de ne pas avoir pu empêcher leur amie de s'être suicidée. Et pourtant... C'est à ce moment que Maggie sut qu'il était temps de leur annoncer ce qu'il s'était vraiment passé cette nuit-là.

« —Les filles, il faut que nous vous disions quelque chose. »

      Marina et Sébrine se calmèrent et se redressèrent sur leurs fauteuils pour écouter avec attention la jeune détective. Ewen et Maggie échangèrent un regard qui signifiait leur accord mutuel concernant la divulgation de ce meurtre maquillé en suicide.

« —Célia ne s'est pas suicidée, elle a été tuée.

—Oh mon dieu ! »

     Cette dernière exclamation fût lancée par Sébrine. Marina était, quant à elle, totalement pétrifiée sous le choc de l'annonce de cette nouvelle. Maggie se lança immédiatement dans des explications pour ne pas risquer de perdre la confiance des jumelles :

« —Il faut que vous compreniez que nous devions vous cacher cette information dans le but de piéger son meurtrier. Même si nous ne vous soupçonnions pas particulièrement, il ne fallait pas qu'il y ait de risque de fuite quelconque de cette subtilité. Ce n'est pas contre vous que nous avons fait cela, mais pour Célia et Driss qui, nous pensons, ont été tués par la même personne.

—On comprend... »

      Sébrine avait lancé cette dernière phrase machinalement. Elle était perdue dans ses réflexions. Soudain, les deux sœurs, comme connectées par un lien unique réservé aux jumelles, s'écrièrent en chœur :

« —Carla ! »

      Ewen et Maggie se regardèrent sans vraiment comprendre ce qu'elles voulaient dire en prononçant le prénom de leur amie.

« —Quoi Carla ? interrogea pressement Maggie qui semblait soudain comprendre que la situation était grave. Vous pensez que c'est Carla qui les a tués ? Vous pensez que quelqu'un d'autre est en danger maintenant ? Que s'est-il passé ? »

      Un hochement de tête affirmatif, c'est tout ce qu'elles purent produire. Même en les secouant de toutes leurs forces, les deux détectives savaient très bien qu'ils n'auraient pas d'autre information. Ils quittèrent les jumelles qui étaient complètement sonnées. Avant de retourner à la voiture, Maggie s'adressa à Stéphanie, l'employée de maison :

« —Merci pour votre accueil. Avant de partir, j'ai un service à vous demander.

—Tout ce que vous voudrez.

—Restez auprès des jumelles, elles sont très mal. Surveillez-les, et si elles arrivent à vous dire quelque chose, n'importe quoi à propos de l'enquête, appelez-moi immédiatement. Elles vont avoir besoin de beaucoup de soutien.

—J'ai compris, je vais être vigilante, merci à vous. »

      Les deux collègues sortirent de la maison, s'installèrent dans leur voiture mais ne démarrèrent pas. Ils avaient besoin de réfléchir.

« —Tu penses que c'est Carla qui les a tués ? demanda Ewen à Maggie sans pour autant en être convaincu.

—Je ne sais pas, je crois qu'on a raté quelque chose d'important.

—Elle pourrait tuer qui d'autre selon toi ? »

       Maggie ne réfléchit pas une seconde, elle avait la réponse au fond d'elle-même depuis un moment déjà :

« —EVA ! »