Neuf heures trente. Comme d'habitude, je suis pile à l'heure. Et comme d'habitude, Elsa, elle, ne le sera pas ! Je klaxonne deux fois devant le hall d'entrée de son immeuble, en espérant qu'elle entende. J'envoie également un SMS pour signaler mon arrivée, auquel elle me répond qu'elle descend dans deux minutes.
Deux minutes qui en deviennent finalement vingt ! Ça me rend dingue, comment elle fait ? Je la vois alors à la porte d'entrée, chargée comme une mule, une valise à roulette, un sac en bandoulière bientôt plus gros qu'elle et un vanity dont je déteste la couleur rose criarde. Je lui fais signe de la main, souriant et me moquant d'elle en la voyant se démener avec ses affaires. Une fois ces dernières déposées dans le coffre, elle vient s'asseoir sur le siège passager.
- Tu aurais pu m'aider quand même non ?
- Bonjour à toi aussi la plus belle !
- Oui bonjour, excuse-moi, me dit-elle en bougonnant et me faisant la bise.
- Mais non, je trouvais ça beaucoup plus drôle de te regarder !
J'eus le droit à un tirage de langue beaucoup trop mignon pour le trouver vulgaire en guise de réponse.
- Allez attache ta ceinture, ta mère va encore nous crier si on retarde encore notre départ.
Une fois Elsa attachée, je pouvais enfin démarrer. Trois heures de route nous attendent, et nous étions censées arriver pour midi. Sa mère va encore lui faire sa petite leçon de morale, qu'elle n'a jamais été organisée, que c'est tout de même incroyable d'avoir autant de retard chaque fois qu'elle a rendez-vous ... Et comme à chaque fois, Elsa me regardera avec ses yeux malicieux et un sourire en coin que j'aime, et je me retiendrai de rire pour ne pas me faire gronder à mon tour.
- Dis, tu pars combien de temps pour être aussi chargée ? Je sens que la voiture penche en arrière !
- Mais tu arrêtes un peu de te moquer oui ?! Me fit-elle en me tapant sur l'avant-bras droit. C'est long cinq jours !
- Je vois bien oui, mais je pars le même temps que toi et tout tient dans le petit sac juste derrière.
Elsa se retournait alors pour regarder ce dont je parlais.
- Mais toi ... Toi tu n'es pas normale !
- M'oui, on a qu'à dire ça ! Et ton crétin de mec alors, il arrive quand ?
- Ne parle pas de lui comme ça ! Dans deux jours, dans la soirée normalement.
- Comment ça, normalement ?
- Si son contrat s'éternise, il ne pourra pas se libérer pour dimanche.
- Il ne pourra pas se libérer pour l'anniversaire de sa copine, et après ça je ne dois pas le traiter de crétin ...
- Mais si il pourra, je lui fais confiance ! Tu es juste jalouse, c'est tout !
- Évidemment que je suis jalouse, tu serais bien plus heureuse avec moi et tu le sais !
Elsa et moi avons eu une aventure toutes les deux il y a quelques années. Si moi j'aime ouvertement les femmes - cette femme -, elle, avait eu du mal à l'assumer, et on avait décidé de se séparer d'un commun accord. On est restée très amies malgré tout, même si pour moi mes sentiments restent inchangés. Et depuis qu'elle est avec cet Anthony, je n'ai qu'une envie, qu'elle se rende vraiment compte qu'elle m'aime, ou au moins que ce type n'est pas fait pour elle, et je ne m'empêche pas de lui faire savoir.
- Je t'ai toujours dit que ce mec n'était pas un mec pour toi, je ne le sens pas ...
- Aby ... Peu importe si c'était un autre, tu ne l'accepterais pas pour autant.
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On retournera voir la mer
RomanceAbygaël est folle amoureuse d'Elsa. Depuis toujours. Mais celle-ci, étant issue d'une famille bourgeoise relativement homophobe, préfère cacher ses sentiments réciproques et vivre des idylles avec des hommes ... Finira-t'elle par changer d'avis ?