- Ça te dit que je nous prépare un pique nique ?
- Sans viande ? Fis-je en accompagnant ma phrase d'une moue dégoûtée, le gibier d'hier m'étant rester sur l'estomac.
- Promis ! Spécial Végé' pour mademoiselle ! Allez, file à la douche avant moi !
- Sinon, on peut plutôt partir sur un nique qu'un pique ?
- Va-t'en sale gosse ! Fit-elle étouffant un rire dans son oreiller.
Je descendais une trentaine de minutes plus tard où je trouvais dans la cuisine Elsa s'affairer à la tâche de notre repas. Je la regardais sans qu'elle ne me voit, me tournant le dos. Elle exécutait à merveille chaque découpage de légumes, de pain, de pain de mie ... Je crois que je suis totalement folle d'elle, je pourrais passer des heures à la regarder ! Finalement, je me résignais à entrer dans la pièce.
- Tu as besoin d'aide ?
- Hm, non c'est gentil je vais avoir fini. Je vais aller prendre ma douche aussi.
J'attendais alors sagement ma belle, tout en préparant la glacière avec tout ce qu'il y avait de nécessaire à notre moment.
Nous montions alors à bord de la voiture, et roulions environ une quinzaine de minutes afin d'arriver au bord d'un petit lac. Je prenais une couverture que j'avais toujours dans la voiture "au cas où", la glacière, et nous descendions sous un grand chêne. J'étendais la couverture, et m'asseyais tout en regardant Elsa en faire de même.
Elle me souriant, et j'en faisais de même.
Nous étions juste bien, comme d'habitude lorsque nous passions du temps ensemble. Je dévorais le sandwich délicieux qu'Elsa avait préparé spécialement pour moi, avec le peu d'ingrédients disponibles dans la maison, alors que tout était réservé pour l'anniversaire dans deux jours ! Il n'y avait pas beaucoup de monde en ce vendredi midi, les gens sûrement au travail, ou flemmards de sortir alors que le soleil était de la partie, même s'il ne réchauffait pas beaucoup.
Une fois terminé mon casse croûte, je m'allongeais sur la couverture, et Elsa en fit de même. Je sentis rapidement sa main rejoindre la mienne, que je caressais du pouce. Est-il possible d'arrêter le temps ? Nos pensées semblaient se croiser au même moment ...
- J'aimerais mettre pause au temps, rester ici avec toi pour toujours, sans personne d'autre, sans critiques, juste toi, moi et le bonheur qu'on construirait.
- Mais tu sais que c'est possible ? Lui dis-je me tournant sur le côté pour la regarder.
- Pas d'éviter les critiques, non.
- Non, évidemment. Mais tu crois que je fais quoi moi, depuis toutes ces années ? Évidemment que je me suis faite insultée, évidemment que mes parents ont eu du mal à avaler le morceau, évidemment que je le hurle pas sur tous les toits ... Mais je ne me suis jamais empêchée de vivre. Je suis fière d'être qui je suis, et je suis fière de te tenir la main là en public !
- Mais toi ... Je t'ai déjà dit que t'étais pas normale !
- Tant mieux, c'est d'un chiant d'être normal !
Je l'embrassais sur le front, me rallongeais à ses côtés, et elle vint caler sa tête sur mon épaule.
- Je ferais n'importe quoi pour toi, tu le sais.
- Même du bateau ? Me lança-t'elle en se redressant d'un coup.
- Hein ? Euh ouais, même du bateau si tu veux.
On remballait vite fait toutes nos affaires à la voiture, puis on se dirigeait - Elsa presque en courant - vers la petite boutique qui faisait des locations de mini voiliers.
- Combien d'enfant ? Lança la vieille dame sans même lever les yeux.
- Aucun, juste nous deux, répondit Elsa.
- C'pas possible ça, c'est des locations enfants.
- S'il vous plaît, fit Elsa avec ses yeux doux. C'est ... C'est mon anniversaire ! Vous ne pouvez pas me refuser ça !
- Bon ... Je veux bien faire une exception alors.
- Et vu que c'est ton anniversaire, c'est moi qui paie ! Criais-je en sortant mon porte-feuilles.
Le doux regard d'Elsa s'était transformé en regard noir, et je me retenais de ne pas piquer un fou rire ! Elle détestait que je paie tout, préférant qu'on partage toujours la note.
Une fois notre gilet de sauvetage attaché, on montait à bord de notre petite embarcation ... Et quelle galère ! Je ne pensais pas que quelque chose destiné au départ pour les enfants seraient aussi difficile ! Après de grandes manœuvres de cordes, plusieurs risques de chavirages et de nombreux fous rire, on réussit à s'asseoir un peu, l'une en face de l'autre. Je replaçais une mèche d'Elsa derrière son oreille, tout en en profitant pour caresser sa joue.
- Heureusement qu'on est pas en pleine mer !
- Je serais morte 8 fois avec ta dextérité ! Lui lançais-je.
- Non mais eh, moque toi aussi non !
- Je n'oserais pas, pas le jour de ton anniversaire !
Elle me tira la langue avec un mignon "gnin" auquel je répartis en venant l'embrasser. Mais les gros gilets de sauvetage n'étaient pas la chose la plus confortable pour un baiser !
- Des souvenirs comme ça, j'en veux des milliers, me dit Elsa avec des yeux qui pétillaient.
- Alors on va acheter un gros carnet, et on y notera tous nos meilleurs souvenirs ensemble, avec la date. Et quand on aura des enfants, on leur en fera la lecture le soir avant d'aller se coucher.
- Chiche !
On rejoignait alors le rivage quand le téléphone d'Elsa se mit à sonner en boucle, plusieurs sonneries de messages. Elle le sortait alors de la poche intérieure de son manteau et le déverrouillait aussitôt.
- Oh la vache ! Vingt-sept appels manqués de ma mère ! J'espère qu'il n'est rien arrivé de grave ...
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On retournera voir la mer
RomanceAbygaël est folle amoureuse d'Elsa. Depuis toujours. Mais celle-ci, étant issue d'une famille bourgeoise relativement homophobe, préfère cacher ses sentiments réciproques et vivre des idylles avec des hommes ... Finira-t'elle par changer d'avis ?