Jour 8

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Jour 8 :

2h :

Un tremblement me réveille en plein milieu de la nuit. Je crois un instant que c'est Eydan qui me demande de prendre mon tour de garde mais je me rappelle qu'il n'est plus là. J'ai du mal à ouvrir les yeux tellement la fatigue m'alourdit les membres. J'ai l'impression d'avoir dormi à peine deux heures. Peut être mon imagination m'a-t-elle joué un tour. Je tends un moment l'oreille pour guetter un signe de danger mais rien ne vient à part le vol nocturne d'une chouette en chasse. Décidément, il y a beaucoup de chouettes dans cette forêt. En refermant les yeux, je me surprends à imaginer le peuple des geais moqueurs et celui des oiseaux de nuit entrain de négocier le plateau de jeu des Hunger Games.

La secousse qui m'ébranle alors fait disparaître d'un coup toute trace de sourire sur mon visage.

Je me relève d'un bond, soudain parfaitement réveillée et alerte. L'arbre tremble de plus en plus fort avec des craquements sinistres si bien que je ne prends même pas la peine de replier mon sac de couchage et d'attraper mon sac à dos accroché à une branche au dessus de ma tête. Je saute directement à terre en amortissant ma chute comme je peux, le sabre à la main, et je m'élance dans la forêt sans demander mon reste.

Je regrette aussitôt de ne pas avoir pensé aux lunettes. Tandis que je courre à l'aveuglette entre les arbres, je trébuche sur des racines et des cailloux invisibles, m'écorchant les mains en cherchant un appui pour me relever. J'ai l'impression que le monde s'effondre autour de moi. La terre tremble comme secouée de spasmes titanesques et les arbres tombent comme des châteaux de carte. La peur me donne des ailes et je ne fais pas attention aux branches qui m'entaillent la peau et le visage. Je n'ai qu'une seule certitude : il faut que je me tire d'ici et vite !

Les juges en auraient-ils déjà assez de l'accalmie ? N'ont-ils pas eu assez de morts jusqu'ici pour nous laisser en paix rien qu'une nuit ? A moins qu'un tribu ait essayé de franchir les limites de l'arène pendant que tout le monde dormait et qu'on essaye de le rapatrier au centre ? Mais dans ce cas pourquoi les arbres s'effondrent ils ici ? Je renonce à réfléchir car je suis trop concentrée sur le moyen de sauver ma peau. Ma misérable vie qui n'avait plus aucune importance il y a un jour à peine m'apparaît à présent aussi précieuse que de la nourriture. Je ne veux pas mourir ! Pas comme ça en tout cas ! Pas écrasée par un arbre ni aspirée dans le ventre de la terre !

Ma course folle dans la nuit noire me conduit au lac. Je marque un temps d'arrêt, une fraction de seconde, juste le temps de me dire : « Oh non, pas encore ! » puis je m'immerge totalement et progresse aussi vite que mes jambes et mon bras blessé me le permettent. Derrière moi, un gigantesque sapin s'abat sur le pan de sable où je me tenais la seconde d'avant. Bientôt mes pieds nus ne sentent plus la vase et je nage, cherchant mon souffle comme un chien qui vient de tomber d'une barque et qui cherche à regagner la rive. De l'eau s'engouffre dans ma gorge, je bois la tasse, une fois, deux fois. J'ai l'impression que la rive s'éloigne au fur et à mesure que j'avance. Je n'ai pas la même assurance qu'avec les loups. Je ne me retourne pas pour frapper la surface avec mon poing car si je le fais, je sais que je n'arriverai pas à repartir. C'est à peine si je distingue la rive opposée dans le noir. Mais du peu que j'en vois, les arbres semblent parfaitement stables, comme si les deux bords du lac appartenaient à une terre différente. L'eau glacée m'a d'abord coupé le souffle mais à présent que je m'y suis habituée, je ne sens plus le bout de mes doigts. Soudain mes pieds retrouvent la vase et je manque de pousser un soupir de soulagement. Je l'aurais surement fait si je n'avais pas aperçu l'éclat métallique sur la rive.

2h12 :

Ils sont trois. Un de plus que ce que j'avais prévu. La fille du Sept et les garçons du Huit et du Six. Ils sont trois et ils attendent que je regagne la rive pour me tomber dessus. La flèche tirée par le garçon du Six manque de me toucher à l'épaule. Je m'écarte brusquement, soudain prise au dépourvue. Comment se fait-il qu'ils aient survécu ? Pourquoi le Six est avec eux ? Comment savaient-ils que j'étais là ? Les questions se bousculent dans ma tête sans trouver de réponse, contribuant à augmenter ma panique. J'essaye de me reprendre, de rétablir un calme plus propice à la réflexion. Il faut que je décide quoi faire et vite. Si je reste plus longtemps dans l'eau je risque de mourir d'hypothermie. Le Garçon du Huit semble avoir deviné mes pensées :

Hunger Games : Un amour interdit [Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant