Jour 8 (fin) à jour 11

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- Reviens !

C'est à peine si j'entends sa voix. Mon esprit a du s'empresser de s'enfuir au loin, le plus loin possible des mains de Freniss, des Hunger Games, du capitole. C'est comme si mon moi intérieur s'était dépêché de prendre ses jambes à son cou à partir du moment où l'occasion s'était présentée. Je ne contrôle plus rien, je ne possède plus rien. Le battement qui me fascinait tant au coin de ma tempe n'est plus.

- Bats-toi Cassandre ! Comme tu l'as déjà fait avant !

Tiens, moi qui croyait que la mort était silencieuse. Pourquoi est-ce que j'entends sa voix ? Pourquoi est-ce qu'un vague fourmillement dans la main me fait sentir sa présence ? Non, non tais toi. Je ne veux plus t'entendre. Arrête de m'adresser la parole. Laisse-moi t'oublier. 

Et si je n'y arrive pas, toi, oublie-moi.

- Reviens bon sang !

Sa voix se brise comme une vague sur un rocher. Elle est chargée de tristesse, de désespoir, de rage aussi, sentiment que je ne lui connais pas. Peu importe, je n'ai aucune intention de revenir. J'ai enfin réussi à sortir des jeux, à m'écarter de lui.

- Pour moi ! Reviens pour moi je t'en pris !

C'est là que je la sens. L'eau qui s'est engouffrée dans mes poumons. Elle m'encombre, me gène, il faut que je la fasse sortir au plus vite. Je tousse, faiblement d'abord, et puis plus franchement. J'ai l'impression de me retrouver dans un de ses vieux livres que me lisait ma mère. Ceux où les personnages sortent de l'eau en recrachant des poissons. En ce moment même, avec toute l'eau qui sort de mon corps, je ne serais pas étonnée d'en rejeter un ou deux de mon estomac.

Contre toute attente, j'entends un soupire de soulagement suivi d'un rire derrière moi. Pas n'importe lequel. Son rire. Pur et cristallin. Je me demande ce qui l'amuse autant. Me voir recracher toute cette eau ou bien constater que mon plan n'a pas totalement marché comme prévu ? En même temps que je recouvre peu à peu mes sens (si on considère que le voile trouble que j'ai devant les yeux s'appelle « la vue ») mon corps lui, semble se souvenir de la douleur. Elle me parcourt les membres comme un courant électrique, me fait sentir bleus, coupures, entailles, courbatures, brûlures au centuple. Si Eydan ne m'avais pas prise par les épaules à ce moment là je crois que j'aurais tourné de l'œil.

- Hey ! Te revoilà parmi les vivants ! Tu n'as pas idée de la peur que tu m'as foutue !

Je suis incapable d'articuler un mot tant ma gorge me lance mais je finis par lâcher d'une voix râpeuse.

- Et Freniss ?

Il me sonde un instant de ses yeux si magnifiques et me prend dans ses bras. Il m'enserre si fort que j'ai l'impression d'étouffer. Le visage au creux de son épaule je remarque le corps désarticulé de Freniss sur la rive derrière lui. Il a le cou tordu et un bras qui fait un angle inhabituel avec le reste du corps ce qui me cloue sur place. Est-ce que c'est Eydan qui a fait ça ?

- Viens ne restons pas là, me dit il.

Sans me laisser le temps de protester, il me prend dans ses bras comme si je ne pesais rien du tout et ramasse mon sabre. Puis il s'éloigne d'un pas décidé. Avant de m'endormir, je remarque qu'il ne s'enfonce pas dans la forêt. A la place, il marche le long de la rive jusqu'à un ruisseau qu'il suit à contre courant.

Jour 9 :

18h24 :

- Mange, il faut reprendre des forces.

C'est la seule phrase que je l'entends prononcer. Je ne mange pas beaucoup car le sommeil m'emporte de nouveau, comme si mon corps se mettait en veille de lui-même pour me permettre de récupérer. Je ne sais pas ce que ma donné Eydan mais je n'ai plus mal à l'épaule ni nul part, je suis juste irrémédiablement aspirée par mes songes.

Hunger Games : Un amour interdit [Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant