La reconstruction : 1

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La reconstruction, un travail de longue haleine qui me prendra probablement une grande partie de ma vie.

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Je ne sais plus à quel âge exactement j'ai eu cette prise de conscience mais c'était aux alentours de 16 ans. Vivre dans un environnement sain m'a permis de me rendre compte de l'ampleur de mes séquelles car je n'avais plus aucun autre problème autour à gérer.

Au final, la période la plus difficile a été « l'Après ».

L'Après, cette période où j'ai été confronté à mes « démons », où j'ai dû faire face aux conséquences de ces années de rejet, de maltraitance et de négligence, cette période qui est encore actuelle.

Je dirais que c'est la plus difficile, car quand on vit dans un environnement toxique, on ne s'en rend pas tout à fait compte. Le plus souvent on ne sait pas ce qu'il se passe à l'extérieur, alors il n'y avait rien pour me faire comprendre que ça n'était pas vraiment normal, je subissais sans vraiment comprendre à quel point c'était toxique et qu'il fallait que je me sorte de là. Une fois sortie, c'est là que tout m'est tombé dessus. Le manque affectif, le manque d'attention, l'absence d'estime et de confiance en soi, ce sont des choses que je ressentais dans « l'Avant » mais que j'ai finis par subir dans « l'Après ».

Ça a énormément affecté mes relations sociales, ma façon d'envisager le futur et d'appréhender le monde. Les conséquences sont terribles et j'ai l'impression de devoir tout « apprendre » pour certaines choses et « réapprendre » pour d'autres.

J'ai commencé par faire une « déconstruction » de moi même, de l'image que l'on m'avait inculqué, à l'école comme à la maison. Ça prend énormément de temps, je parle au présent car c'est toujours le cas.

Je dirais que la déconstruction se fait presque au même moment que la « reconstruction ».

La déconstruction, c'est un très long travail de réflexion et surtout d'introspection. C'est chercher au plus profond de moi les sources qui m'ont amené à être aussi négative, pessimiste, toxique avec moi-même.

Une fois ces sources identifiées, se poser des questions est inévitable.

Pourquoi moi?

Est là première des questions.

Tout de suite après, vient le sentiment d'injustice, car il n'y a aucune réponse à apporter à ce « pourquoi moi? », c'est comme ça et c'est tout. Je n'ai jamais pu savoir et je ne saurais jamais pourquoi j'ai été victime de tout ça.

Victime, c'est le terme adéquat que j'ai pu poser sur le statut que j'occupais dans cette histoire. Durant très longtemps, j'avais honte de ce que j'avais vécu, je n'en parlais pas vraiment et je pensais que c'était de ma faute, que c'était forcément moi la cause de tous ces problèmes. Mais avec le temps et beaucoup de remise en question, j'ai compris que je n'avais fait que subir durant toutes ces années, qu'une enfant ne pouvait pas être consciemment et volontairement la cause de ce rejet et de cette négligence.

Mais j'ai pris du temps à comprendre ça. J'ai dû le comprendre autour de mes 20 ans, j'en ai 21 actuellement. Avec le temps, j'ai de moins en moins de mal à parler de mon vécu aux gens, j'ai plus tendance à vouloir recevoir une certaine forme de « reconnaissance », que l'on me prouve que ça n'était pas de ma faute et que ca ne le sera jamais, que mon environnement n'était pas normal et sain, contrairement à ce que l'on a voulu me faire croire toutes ces années.

La deconstruction se fait donc par une remise en question et une introspection intrinsèque. Le chemin est long et périlleux parfois même douloureux, car il y a certains moments où je ressens de la haine pour moi même, la haine d'avoir vécu tout ça sans aucune raison. La haine de devoir me battre aujourd'hui contre des difficultés qui ne devraient pas être là et surtout, la haine de me battre contre moi même il, contre cette enfant qui m'est restée. Cette enfant meurtrie et torturée.

AutobiographieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant