- Little House - The Fray
- Talk You Down - The Script
- I can wait forever - Simple Plan
Elle croyait qu'il l'aimait. Elle le pensait sincèrement. D'aucune manière elle n'aurait pensé qu'un jour, il la droguerait. Et maintenant, voilà qu'elle s'était fait prendre à son propre piège. A trop jouer avec le feu, on s'en brûle les ailes. C'avait été pourtant si simple de l'aimer. C'avait été facile de s'accrocher à lui. On choisit toujours les solutions de facilité. Elle avait pas su affronter la réalité. Elle avait pas pu se décrocher de cette douleur. Parce que quand on est accro à une personne, même si ça peut faire mal, c'est parfois beaucoup plus douloureux de s'en détacher. Même si c'est pour se sentir mieux après.
Hayley paniquait, elle savait qu'elle partait dans un mauvais trip. Quelque chose de mauvais. Mais comment pouvait-elle déchiffrer le faux du vrai, la réalité à l'imagination ? Elle voyait différemment, elle sentait différemment. Tous ses sens étaient transformés, défigurés, tordus. Elle le savait, pourtant, que c'était faux.
Elle voyait Aaron, attendre qu'elle ai finit sa mauvaise passe, elle tentait de le supplier pourtant. Elle l'appelait, courait vers lui, sans cesse, indéfiniment, sans jamais aucune réponse. Il la regardait, imperturbable, aussi malsain qu'il l'était. Alors elle commençait à hurler. De peine, de douleur, de fatigue, de tristesse. D'ennui, et d'effroi. Puis encore de peur. Ce monde n'était pas fait pour elle, si jeune, si sensible. Elle s'arrachait la peau avec ses ongles, tentait de faire partir cette sensation d'engourdissement qui assaillait son corps et qui tentait de s'en emparer, sournoisement. Elle s'arrachait les cheveux, dans sa crise de paranoïa. Elle s'imaginait qu'elle avait des fourmis dans les yeux. Elle ne supportait plus ce silence dans sa tête, ce vide devant elle, le regard imperturbable d'Aaron. Elle prit la première chose qui lui venait sous la main. Un briquet. Elle actionnait la roulette, faisait marcher le mécanisme qui actionnait la flamme. Elle l'approchait, lentement, devant ses yeux. Pour faire peur aux fourmis, qu'elles partent. Qu'elle soit en paix. La flamme avançait, vacillait, toujours plus près de ses yeux. Jusqu'au moment fatidique.
[...]
Le téléphone sonnait. Dans le vide. Liam n'avait pas envie de répondre. Il n'avait plus envie de rien, sauf de revoir Hayley. Il avait toujours pensé que c'était une gamine paumée, qui n'avait jamais rien demandé à la vie, mais que la vie avait une destinée pour elle. Une pauvre destinée. Il avait toujours considéré Hayley comme celle qui n'avait jamais eu de chance. Mais ce soir-là, assis dans le salon, seul, devant la cheminée qui craquait sous la chaleur des flammes, il savait qu'il s'était trompé. Il se leurrait depuis des années. C'était lui. C'était lui le gamin paumé, qui n'avait jamais rien demandé à la vie. Sauf un peu de bonheur. Mais ce bonheur, il l'avait eu pourtant. Hayley. C'était elle, son bonheur. Il avait eu la chance de pouvoir l'aider dans les pires moments de sa vie, mais il avait échoué. Il le savait, car elle ne pouvait pas aller pire qu'en ce moment. Il avait tout foiré.
Alors le téléphone sonnait, dans le vide. Liam n'avait plus la force de se lever pour répondre. Répondre quoi ? Dire quoi ? Il n'en avait aucune idée.
Malgré tout, il se leva. Il répondait. Il voulait se battre. Pas pour lui, ni pour les autres. Seulement pour elle, son morceau de bonheur. La part d'humanité qu'il lui restait. Ses yeux s'écarquillaient, il lâchait le téléphone. La personne au bout du fil n'entendit plus rien. Néant.
[...]
Il courait, courait jusqu'à ne plus sentir ses jambes. Il ne sentait plus son corps, ni ses muscles, ni son coeur. Son coeur ne semblait plus battre, comme arrêté. Son cerveau ne pensait plus. Stop. Fini. Il voulait aller plus vite. Mais comment courir plus vite lorsque vous ne sentez plus vos jambes, ni votre cerveau ? Comment dire à votre corps d'avancer, plus vite, toujours plus vite ? C'est impossible. Ca l'est et ça le restera.
Liam tournait au coin de la rue, et vit une ambulance. Puis une autre. Ce n'est jamais bon signe quand il y a plusieurs ambulances. Plusieurs blessés. Ou plusieurs morts. Il entrait, se faufilait sous les barrières, sous les scellés que la police avait posées. Il refusait d'y croire, ne serait-ce qu'un instant. Il la vit, allongée. Le corps sur le lit, la tête dans le vide. Les médecins s'affairaient autour de son corps inanimé. La réalité les avaient rattrapé. Aaron avait quitté les lieux, laissant Hayley finir son trip. L'achever, le détruire. Son corps était détruit. Eparpillé. Meurtri. Comme le coeur de Liam.
