28 ° ABRÈGE

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Le sous-sol n'est pas éclairé, mais nous pouvons clairement sentir une présence au fond. Je sais qu'il y a quelqu'un, même si je ne distingue pas son visage, je devine que c'est un homme, et plus précisément un loup-garou. Ma main part à la recherche d'un interrupteur, je le trouve rapidement et illumine enfin la pièce.

Pour être miteux, c'était miteux, un homme est attaché au mur, enchaîné par des chaînes en argent. J'ai l'impression que cela fait une éternité qu'il est là, remarquant notre présence, il relève les yeux. J'entre en contact avec ses iris rouges. Un sourire narquois se forme sur son visage.

— Tiens, je ne m'attendais pas à vous voir.

Je fronce les sourcils ne comprenant pas. Il me semble trop familier pour ne jamais l'avoir vu. Mais ce n'est pas ça qui m'étonne le plus, sa voix... Je suis sûre de l'avoir déjà entendue. Mais quand ?

Je me tourne vers Blake, ses crocs déchirent ses lèvres, et ses griffes s'enfoncent brutalement dans ses paumes. Le sang ne cesse de s'écouler de ses plaies.

La culpabilité commença à me ronger. Comment n'ai-je pas pu identifier la personne qui est face à nous. Conrad Akston sourit face à mon illumination. La souffrance physique que ressent mon loup n'est rien comparée à sa souffrance interne. Il est terrifié face à son père. Sa haine est fortement présente, mais les souvenirs sont trop douloureux pour qu'il n'ait pas peur de son père. Enfin non, de son géniteur.

— Conrad, l'amertume se sent dans ma voix.

— Layla, ça faisait longtemps ! Il semble réfléchir. En fait, non, ça ne fait pas si longtemps.

Je le regarde perdue, ne comprenant pas sa phrase. Je n'ai aucun souvenir de lui. Il n'ajoute rien et me sourit. Il lance ensuite un regard à Blake et son expression devient froide.

— Mon fils ! On ne salue pas son père ? À cette seule remarque, j'ai envie de lui arracher la jugulaire.

— Tu as perdu le droit de m'appeler comme ça depuis des années. Je pensais que tu étais mort, dommage. Son visage reste inexpressif face à Conrad mais je perçois de la confusion à travers notre lien.

— Blake, je suis là. Ne laisse pas ce déchet prendre le contrôle de tes émotions.

BLAKE

Les mots de Lay m'atteignent. Ce n'est pas mon père, je n'ai pas de père. L'homme se tenant face à moi avec une expression glaciale n'est qu'un monstre. Je m'en suis toujours sorti sans lui, pourquoi je devrais avoir peur de lui ?

« Ce qui ne tue pas rend plus fort » n'est-ce pas ?

Je suis assez fort maintenant pour affronter le démon qui a détruit ma vie. Il est maintenant enchaîné comme une bête devant moi. C'est en observant la scène et son état que je me rends compte à quel point il est pitoyable. Il a beau avoir un corps encore bien conservé pour quelqu'un de son âge, être attaché de la sorte ne fait que le tourner en ridicule. Son attitude ne diffère pourtant pas de quand il était l'alpha de la meute. Il n'a jamais cessé d'être arrogant, confiant et fier.

Pourquoi est-il ici ? Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Et pourquoi face à moi ?

— Quel est ton lien avec Bryan ?

— C'est tout ce que tu as à demander à ton père après toutes ces années ? Pas de comment tu vas ? Ou autre ? Je suis très déçu, Blake.

Mes crocs s'entrechoquent bruyamment, si je ne me contrôle pas, je tuerais notre seule chance de trouver Bryan. Lay reprend sa main dans la mienne sans ajouter un mot. Elle me montre son soutien et me fait comprendre qu'elle me laisse gérer la situation. Mon cœur s'apaise sachant que ma moitié est avec moi.

When Our Eyes Met (I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant