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Mes jambes ne répondaient plus. Tout comme mes bras au final. Et mes pieds, mes mains,  mes orteils et pire encore mes yeux. J'avais toujours aimé mes yeux. Pas pour leur couleur , non. Ils était marron, tout ce qui a de plus basique. Non, j'aimais mes yeux pour l'étincelle. C'était mon père qui avait décrété cela, un beau matin ensoleillé. Il m'avait dit que mes yeux était un océan où nageait l'étincelle. Lorsque je lui avait demandé ce qu'était l'étincelle, il avait rit. Un rire cristallin, chaleureux, typique des hommes d'age mur. Puis il avait planté ses iris dans les miens en souriant. Oh vous savez il étaient beaux les yeux de mon père. Avec leur couleur lavande qui brillait dans le noir, une chirurgie très à la mode à son époque. J'étais donc restées là plantées sur les marches de notre grand escalier de marbre. Et j'avais contemplé ses yeux. Et puis sans prévenir il avait dit d'une voix calme que l'étincelle ne devra jamais s'éteindre. Le surlendemain, il était mort. J'avais alors commencé à me regarder dans le miroir. A regarder l'étincelle. Au début je ne faisait que la chercher. Mais cette vile tentatrice semblait vouloir entamer une partie de cache cache. Alors j'abandonnais. Je me laissait tomber sur mon lit et je pleurais. Je pleurais la perte de mon père, la détresse de ma mère, mais surtout, je pleurais de ne pas avoir trouvé cette étincelle. Celle qui me tourmentait le jour et saupoudrait mes nuits d'une vilaine couche de cauchemars. Et si elle ne brillait plus ? Que dirais-je à papa hein ? Et un beau jour, je l'ai aperçue. Elle était réelle. Elle brillait, joueuse, une luciole enflammée qui de ses ailes, éclairait la profonde tristesse de mon âme. Elle dansait. Ses longues flammes s'enroulaient autours de mes pupilles pour redescendre dans la profondeur de mes iris. Je suis restée sans voix, assise devant mon miroir pendant presque quatre heure. Ce soir là je n'ai pas pleuré. Je l'avais enfin trouvée.

                                                                                                ¤¤¤

-Elle est stable, elle va s'en sortir.

Les bips incessant de la machine à mes côtés se fracassaient avec force sur mes tympans encore fragile. A présent je me rappelais de la chose que j'avais oublié en sautant. Quelle idiote. J'avais vécu la majorité de ma vie au capitole et je n'était même pas foutue de me rappeler des champs de force magnétique. Ils étaient postés tout le long des hauts bâtiments et empêchaient les objet de tomber en les ramenant en bien sécurité derrière les gardes fous. Cependant folle, je l'était. Et j'avais complétement oublié leur existence. Ils n'étaient certainement pas fait pour ramener un humain en un seul morceau. Les décharges électriques auraient dû me cramer la cervelle. C'était un bon petit miracle. Mais bon. Les miracles, je n'y croyait pas.

Je fit mine d'être évanouïe encore une bonne vingtaine de minutes pour qu'on me foute la paix. Apparemment personne n'avait pensé qu'il était judicieux de me réveiller et j'en était reconnaissante. Au bout d'un certain temps ( que d'autres qualifieraient d'heure ) je pris enfin mon courage à deux mains et ouvrit les yeux. Je les refermai aussitôt, la lumière de la chambre d'hôpital m'avait brulé la rétine et des formes colorées se dessinaient derrière mes paupières. Je retentai ma chance, quoique plus doucement, et me tournai sur le coté. Mon corps était parfaitement réactif et je ne ressentait aucune douleur. Je me redressai petit à petit. Toujours aucune douleur. Je balançai mes jambes par dessus mon lit et me levai sans difficulté. La chambre bien qu'assez grande était oppressante ( certainement dû au carrelage étalés sur le sol, les mur et le plafond ). Avec comme seuls meubles : un lit et des machines, celles d'ailleurs qui produisait les bips sonores. Je  parcouru les quelques mètres me séparant d'une petite fenêtre sur le coté droit. La vue sur la ville était splendide. On m'avait mise au dernier étage. La porte d'entrée s'ouvrit brusquement. Je réagis plus vite que je l'aurais imaginé et me retourne si vite qu'un craquement survint dans mon genou gauche. Johanna se tient appuyée sur le chambranle de la porte. Pour une fois elle a laissé tomber ses sourires railleurs. Elle me toise, une lueur indéchiffrable dans les yeux. Je soutient son regard avec défi.

-Tu as obtenu 5.

Sa voix, exempte de pitié, résonne dans toute la pièce.

-ça m'est égal.

Elle hausse un sourcil et s'approche de moi. Son regard, toujours ancré dans le mien, se fait de plus en plus menaçant. Puis, sans me laisser le temps de réagir, sa main se lève et je reçus la plus douloureuse des gifles que mon corps n'ai jamais enregistré. Je la regarde d'un air indigné et amorce ma main pour venger ma joue douloureuse. En un quart de seconde Johanna ce baisse attrape mon poignet et viens le coller dans mon dos. Je me tortille et me débat pour me libérer de son étreinte. Elle rapproche sa bouche de mon oreille et me glisse une simple phrase.

-Tu ne mourras pas tout de suite, ma jolie.

Et aussi vite qu'elle m'avait attrapé elle se sépare de moi et disparais dans le couloir. Mon corps tremble encore de colère et de peur. D'un pas lourd, je pars me recoucher sur mon lit et m'endors en quelques minutes.

La journée qui suivit fut des plus ennuyantes. Tout d'abord une équipe de médecins vint m'ausculter et faire des bilans sanguins jusqu'à décréter que j'étais en parfaite santé. Après cela je suis retournée à mes appartements où tout le monde m'accueillit avec des cris de joie ( je soupçonnais Jessa de pousser des cris de colère ). Johanna resta silencieuse et j'évitais son regard le plus possible et ne lui adressais la parole que très froidement. Toute la journée on me prépara pour l'interview du soir. Depuis mes répliques jusqu'à l'épilation de mes aisselles tout était passé au peigne fin. Je devait me montrer souriante et avenante. Heureusement, personne hormis Johanna, Tigris , Tim et Jessa  ne savait rien de ma "bêtise" comme l'appelait Tigris. Tout le long de ma séance de préparation celle ci m'avait lancé des regards désolés et plein de tristesse. Ce fut lorsqu'elle me fit revêtir ma robe qu'elle craqua et fondit en larmes.

-La robe est très belle, Tigris.

C'était la première fois que je parlais depuis le début de ma séance de préparation. Ma voix était un peu enrouée. Et belle elle l'était, la robe. Elle était très longue et collait au corps jusqu'à mes pieds. Le bustier venait s'enrouler gracieusement autour de mon cou, laissant mon dos dénudé. On avait placé dans mes cheveux des papillons d'or, jolis gadget électroniques qui bougeaient leurs ailes lentement. Ils s'accordaient parfaitement avec la couleur de ma robe : rouge sang. Je ne comprenais pas pourquoi Tigris pleurait. La robe était de loin un chef-d'œuvre.  

-Tu lui ressemble tellement. Sanglota-t-elle.

-A qui ?

Tigris me regarda d'un air attendrit.

-J'ai été la styliste de bien des tributs mais celle ci est celle qui m'a le plus marquée.  C'était une jolie fille d'à peu près ton age. Elle ne parlait pas beaucoup mais son regard, la lueur qu'elle avait dans les yeux disait tout. Un beau jour la veille des jeux cette jeune filles à tenté de mettre fin à ses jours. Dieu merci elle n'a pas réussit. Toujours est il que le lendemain elle fut jetée dans l'arène.

-Elle est morte c'est ça ?

- Oh non un sort bien pire l'attendait. Dit Tigris gravement.

-Pire que la mort ?

-Et oui il existe des choses bien pire que la mort. Elle gagna les jeux en se faisant passer pour une faible. Mais ce qu'elle vit après fut bien, bien pire que la mort.

J'écarquillai les yeux en lançai un regard emplit de question sur Tigris.

-C'était Johanna n'est ce pas ?

Tigris esquissa un sourire triste.

-Personne ne l'a jamais su, hormis moi et sa mentor de l'époque. Tu as la même lueur dans les yeux on dirait qu'elle danse.

Une sonnerie retentit dans la salle.

-C'est l'heure. Fit remarquer Tigris. Va et brille.

Elle me poussa dans le dos vers une petite porte en marbre noir. Je savais que deux NP devaient m'attendre derrière la porte prêts à me conduire vers les coulisses. Dans une dernière tentative de réconfort je me tourna vers Tigris pour échanger ne serait ce qu'un regard, mais celle ci avait les yeux dans le vide. Elle semblait perdue dans des souvenirs trop douloureux pour être remués. Alors en prenant une grande inspiration je me détourna de ma styliste et marcha vers la porte d'une démarche fière, la tête haute.

J'avais enfin décidé. J'allais vivre.                     

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 11, 2022 ⏰

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After - Les Hunger Games Des Enfants Du CapitoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant