~Chapitre 5~

48 4 2
                                    

_Voici vos appartements, nous explique Jeanine, comme vous êtes du District Neuf, vous avez le droit... à l'étage neuf !

J'ai découvert ce qu'était un ascenseur. Au District Neuf, vu qu'on ne vit que dans des chaumières, on a que des escaliers en bois, menaçant pour beaucoup de s'effondrer et grinçant quand on les emprunte. Mais il n'y a pas d'ascenseurs. Ici, pour monter les étages, on utilise ça. C'est visiblement plus rapide que les escaliers, mais je trouve que ça fait un peu peur la première fois qu'on monte dedans. Cette sensation d'être tiré vers le haut, sans pouvoir rien faire... quelle horreur. 

En ce qui concerne notre étage, il s'agit d'un appartement luxueux. Si on rassemblait tous les meubles de l'étage et qu'on les revendait, je pense qu'on dépasserais largement les revenus annuel d'un petit groupe de paysans du District Neuf. Lara nous propose d'aller manger avant de nous coucher. J'aurais préféré prendre une douche ou un bain d'abord, mais voir toute cette nourriture sur la table... j'ai trop faim. Ce matin, avant de partir pour la Moisson, j'ai à peine mangé, pris par mon stress naturel. Dans le train, j'ai avalé quelques pâtisseries, mais ce n'est pas ça qui nourrit énormément. Avec Helen, on s'est donc décidés à manger d'abord. Jeanine, Lara et Apia dînent avec nous. Il y a aussi des domestiques, mais ils ne parlent pas. Bizarre. Ils restent tête baissée vers le sol, et ne se déplacent que lorsque que les femmes leur demande quelque chose.

_Ce sont des Muets, m'explique Jeanine. Tu ne dois leur parler qu'en leur donnant des ordres. C'est leur punition pour avoir défié la si grande autorité de notre bon gouvernement.

Je ne dirais pas que notre gouvernement est bon. Au contraire. Il délaisse les districts pauvres, quitte à ce que les habitants crèvent, et chouchoute les plus riches. Il ne fait rien non plus face à la crise économique qui ravage les districts, et envoie chaque année depuis soixante-douze ans maintenant des gamins s'entretuer dans une arène pour le plaisir de cinglés plein aux as. Mais je ne me permettrai pas de dire ça. Je suis peut-être un peu parano sur les bords, mais je suis persuadé qu'il y a des micros de cachés un peu partout dans l'appartement et que le gouvernement surveille au mot près ce que nous disons. Je ne sais pas non plus si Jeanine trouve réellement notre gouvernement bon ou si elle ment juste parce qu'elle pense aussi que nous sommes écoutés. Mais après tout, elle vit ici au Capitole, sous la propagande. Ici, les médias sont extrêmement surveillés. Le moindre mot de travers et le gouvernement vous offre généreusement du plomb... pour votre crâne.

Sur la table, il y a trois tonnes de nourriture, de la viande, des légumes, des fruits, des sauces à tout et n'importe quoi... Il y a largement de quoi rassasier tout le District Neuf pendant un repas. Jamais je n'ai vu une telle quantité de nourriture devant moi de toute ma vie. Je me sens même gêné de la prendre, et voir qu'Helen également me rassure vraiment. Nous ne sommes pas à notre place ici.

_Servez-vous les enfants, profitez-en, nous fait Lara en désignant le buffet.

Avec Helen on ne dit rien, on prend chacun deux trois trucs qu'on goûte rapidement, mais très vite, on n'a plus du tout faim. Les adultes à notre table également n'ont plus énormément faim et pourtant, il reste tellement de nourriture sur la table ! Quel gâchis ! 

_Hum, au fait ! s'exclame Jeanine pendant le repas. Vous ne me croirez jamais !

_Si tu ne nous dis rien, c'est sûr qu'on ne risque pas de te croire, marmonne Apia avant d'avaler quelques haricots dans sa bouche. 

_Spotlight retarde la sortie de sa nouvelle collection de sac à mains ! annonce Jeanine d'une voix triste. A cause de la crise économique. Ils n'ont pas les moyens pour le moment. Je vous laisse imaginer mon chagrin quand j'ai appris cela tout à l'heure !

Les 72èmes Hunger Games d'EleftheriosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant