A l'extérieur des murs [Livaï x OC] [Reiner x OC]

41 ~ Opération Albatros

Un silence pesant s'empare de la salle et seul le bruit de mon cœur qui tambourine dans ma poitrine parvient à mes oreilles. Il compte réellement m'envoyer sur cette maudite île infestée de démons ? Mais pourquoi ? Qu'ai-je fait pour mériter ça ? J'ai le sentiment que je pourrais être tellement plus utile si on me laissait la possibilité de retourner au front.

– Je veux retourner au front ! protesté-je. Je pense que je vous serai bien plus utile si vous me laissiez l'opportunité de piloter à nouveau.

Le capitaine Nielts me lance un regard conciliant et secoue lentement la tête pour exprimer son désaccord. Pourquoi refuse-t-il catégoriquement de me laisser faire ce que j'aime et ce pour quoi je suis douée ? Je n'ai rien à faire sur cette île de malheur, pourquoi devrais-je y retourner ? D'ailleurs à ce propos, pourquoi a-t-il employé le terme « retourner » précisément ? A ma connaissance, je n'ai jamais posé le moindre orteil sur cette île. Bon sang, je n'y comprends rien !

– Tu es bien trop précieuse pour que nous te laissions risquer ta vie aussi bêtement. Tu n'iras pas en première ligne, je suis catégorique là-dessus.

Un rictus nait sur mes lèvres et j'attends qu'il me dise que tout ceci n'est qu'une vaste blague et qu'il me donne la vraie raison de son refus. J'ancre mes yeux bleus dans ceux, noirs, du capitaine, attendant qu'il mette fin à cette mascarade. Seulement le silence dans la pièce se prolonge et mon sourire moqueur s'estompe peu à peu. Il n'a pas l'air de plaisanter et semble même on ne peut plus sérieux sur ce sujet.

– Trop précieuse ? me moqué-je finalement. Vous rigolez j'espère ? Je ne suis qu'une Eldienne, l'engeance du démon, et je ne possède même pas de pouvoir comme Reiner ou les autres, alors je serais bien curieuse de savoir en quoi je suis si précieuse à vos yeux.

– Je ne te dois aucune explication, petite insolente. Tu iras sur Paradis et ...

Je plaque violemment mes deux mains sur son bureau et me lève d'un mouvement brusque, faisant reculer ma chaise dans un grincement sinistre.

– Mais pourquoi ? explosé-je. Pourquoi tenez-vous absolument à m'envoyer sur cette île maudite ? Je ne veux pas y aller, je ne veux pas fréquenter ces gens !

Je fusille le capitaine Nielts de mon regard le plus meurtrier sans prendre gare à ses yeux qui s'assombrissent dangereusement. Ce simple geste peut être pris comme acte de rébellion et je risque de finir le restant de mes jours enfermée en cellule, ou même pire encore, transformée en l'un de ces monstres que sont les titans. Cependant, même si je risque gros, je refuse de céder à cette menace. Je n'irai pas sur cette île, un point c'est tout. Ils devront m'y trainer de force et m'y enchainer s'ils veulent que j'y pose ne serait-ce qu'un pied.

– Tu iras sur Paradis parce que c'est un ordre, reprend-il d'une voix autoritaire, et tu n'as pas à discuter les ordres. Maintenant tu t'assieds, tu te tais et tu écoutes ce que j'ai à te dire. Tu as plutôt intérêt à te tenir tranquille sinon tu sais quel tragique destin attend les Eldiens un peu trop belliqueux ...

Je n'arrive pas à détacher mon regard du sien. Je veux qu'il comprenne combien je le hais à cet instant précis. Je m'exécute néanmoins et me rassieds lentement sur ma chaise, toujours sans le quitter des yeux. Mes mains s'agrippent violemment aux accoudoirs à m'en faire blanchir les jointures. Qu'est-ce que j'aimerais pouvoir sauter par-dessus cette table et lui coller mon poing en pleine figure. Malheureusement, si je fais ça, je signe mon arrêt de mort, alors j'inspire profondément pour contenir toute cette colère qui bout au fond de mes entrailles. Finalement, je parviens à reprendre le dessus sur mes émotions et esquisse un sourire narquois.

– Oh vraiment ? reprends-je sur un ton mielleux. Il y a un instant encore j'étais « trop précieuse » pour être envoyée en première ligne, selon vos dires. Je ne risque plus de vous être d'une grande utilité si vous me transformez en titan pour m'envoyer sur cette île.