Le capitaine

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Elle n'était pas assez rapide que pour pouvoir maintenir la cadence. Il ne lui suffit que de quelques secondes pour la semer. Elle pesta entre ses dents.

Le triton ne lui avait pas donné plus d'informations. Ce qu'elle aurait particulièrement apprécié. En-dehors de ça, il avait été plus flou que jamais. Elle devrait donc s'en contenter, en tout cas pour le moment. Une autre source d'information pouvait être la jeune sirène qu'elle avait vue. Nimie. Si elle jouait bien ses cartes, elle pourrait en faire une alliée.

Un autre moyen pour la sirène de trouver des informations était les Humains. Cependant, elle n'était absolument pas sûre qu'ils puissent la renseigner. En attendant de trouver mieux, elle se dit qu'elle pourrait tout de même tenter une approche cette nuit si Nimie ne réapparaissait pas d'ici là.


Un peu plus loin, le long de la côte est de l'île, Kevka avait rejoint la jeune sirène qui observait un étrange objet se demandant à quoi celui-ci pouvait bien servir.

- Sais-tu ce que c'est ? Elle lui tendit l'objet en bois, ne prenant pas la peine de savoir où il était allé.

- Une pipe Nimie je te l'ai déjà dit. Il la contourna telle une anguille, essayant de se défaire de ses questions sans fin. J'aimerais que tu n'approches plus la Parsilla. Elle ne m'inspire pas confiance.

- Je la trouve sympathique. Elle observait toujours le drôle d'objet qu'elle tenait regardant par la plus grosse ouverture. Elle m'a posé des questions sur toi. Il s'arrêta dans son élan, l'eau tourbillonnante autour de lui.

- Que lui as-tu dit ?

- La même chose que d'habitude. Tu sais comment on s'en sert ? Elle ne voulait plus parler de la sirène, trop occupée à regarder la pipe en bois qu'elle tenait à la main. Il soupira, lui faisant non de la tête avant de reprendre son chemin.

Alors comme ça, cette sirène un peu trop envahissante était aussi une petite fouineuse. Il se demanda soudain si l'avoir accepté dans ses eaux n'était pas une mauvaise idée. Il préférait ne pas juger les malheureux qui s'aventuraient dans la baie, mais depuis qu'elle était là un sentiment de malaise s'était installé.

Il faudrait qu'il réfléchisse à tout cela plus tard, plus calmement.


...


Minuit. L'heure préférée de Shaye, elle se sentait plus puissante sous la lumière protectrice de la lune. Elle marchait depuis maintenant une dizaine de minutes. Ses jambes humaines, trop peu souvent utilisées, étaient bien trop fragile et lui faisait déjà mal. En plus de cela, il lui avait fallu trouver des vêtements, chose peu simple sur une île où seul des pirates résidaient.

Heureusement pour elle, un navire semblait avoir échoué il y a peu. Elle trouva sur la plage une jeune femme dont l'odeur lui resta dans les narines de longues minutes, elle devait y être depuis quelques jours. Lui volant ses vêtements elle s'était empressée de remettre le corps à l'eau, espérant que la marée l'emmènerait au large sans attirer l'attention.

Les cheveux noirs de la jeune femme étaient restés les mêmes, brillants de fils argenté sous la clarté lunaire. Ses tatouages avaient presque tous disparu sous sa forme Humaine, en dehors de l'anneau d'or sur son bras toujours présent et visible. Elle aurait aimé pouvoir le cacher, mais la tenue qu'elle portait, trop ouverte de partout, ne lui en laissait pas l'occasion.

Les lumières du port se faisaient plus intenses, les sons plus puissants et les rires plus tonitruants. L'odeur de leur étrange breuvage se faisait aussi plus forte, elle grimaça lorsqu'elle croisa les premiers tas d'immondices sur le bord du chemin. Ces Humains étaient définitivement un gros problème, en plus de sentir mauvais, leurs déchets se répandaient partout sans qu'aucun ne semble s'en inquiéter.

Le bleu de l'eauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant