Parsilla

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" Tu te rends compte de la merde que tu viens de faire Shaye ? " La voix grave du triton devant elle la laissa de marbre. Elle garda le menton haut, le regardant de ses yeux gris. Elle savait la sentence qui attendait qui compte faisait rater un naufrage. Elle y avait si souvent assister qu'elle ne broncha pas lorsqu'il demanda à sa seconde d'amener la dague en or. 

La honte serait marquée sur elle. La honte d'avoir fait rater une telle chance à sa tribu. C'était à peine concevable qu'ils souhaitent encore lui parler, même pour l'insulter. Sa voix s'était brisée sans prévenir. Le bateau avait fait demi-tour si rapidement qu'une seconde tentative n'aurait pu être possible.

Nero la regardait, ses yeux gris la fixant avec tristesse. Ses cheveux noirs, tressés ondulaient dans son dos sous le rythme que prenait les vagues portées par le courant. Les autres de la tribu étaient là. Savourant sans gêne la honte qui allait se marquer sur elle. Elle ferma les yeux lorsqu'il s'approcha, la longue dague d'or brillant sous les reflets de la lune. Elle ne voulait pas voir cette lame.

" Moi, Nero, commandant de Visgilla, te juge toi, Shaye, en ce soir de nouvelle lune et sous les yeux de la tribu. Tu n'as pu assurer la chasse de ce soir, mettant en danger les tiens. Reconnais-tu tes torts ? " Le silence de l'eau n'était troublé que par le son des bijoux qui claquaient contre leurs uniformes au rythme de la houle. " Je reconnais avoir failli à ma mission. " La jeune femme ouvrit les yeux, le découvrant plus près qu'elle ne l'imaginait. Son regard gris similaire au sien n'était emplis que de tristesse et de regrets. Il ne souhaitait pas faire ça, pourtant il n'avait pas le choix. C'étaient les règles de la tribu. Il était obligé de la bannir.

" Je te condamne à un exil d'un siècle. Tu vivras à l'écart de la tribu, ne chassera pas dans les eaux de Visgilla et n'entretiendra aucun contact avec les gens que tu as connu ici. Moi, Nero, commandant en chef, je te désigne comme Parsilla. " Deux mains puissantes vinrent saisir la jeune femme, l'empêchant de bouger. Il s'approcha d'elle, la dague en or dans la main gauche.

Elle ferma les yeux, voulant comme lui abréger ce calvaire. Elle sentit la lame venir lui marquer l'avant de l'épaule droite avant qu'une de ses mèches de cheveux ne soit coupée et accrochée avec les autres autour de l'amulette. Elle sentit la magie entrer dans sa peau, parcourant ses veines et atteignant la marque de son épaule. La chaleur qui l'irradia fut soudaine, si forte qu'elle ne put retenir une grimace. Elle pouvait sentir l'anneau se former autour de son biceps, la marquant comme Parsilla, une moins-que-rien, un échec aux yeux de sa tribu.

" Le sort de distance disparaîtra dans cent ans, ou si tu venais à racheter ton erreur. En-dehors de cela, tu seras forcée de vivre à l'extérieur de nos eaux sous peine de prendre le risque de libérer la magie et d'intoxiquer ton sang. " Elle réouvrit les yeux, le regardant avec résignation.
Les cheveux noirs de la jeune femme volant doucement dans son dos et faisant briller les nombreuses perles qui s'y trouvaient. Elle se frotta le bras, là où la marque était appliquée, un anneau d'or, marquant son exil et sa future solitude. Sa mèche de cheveux serait liée à l'amulette pendant le prochain siècle, la gardant liée à la magie qu'elle abrite.
Elle inspira profondément, regardant une dernière fois les gens autour d'elle. Nero s'était éloigné, entouré de ses gardes, sa seconde derrière lui, un sourire mauvais sur le visage. Cette garce avait toujours voulu la voir partir, voilà qui était fait. Elle n'était pas prête de revoir la queue émeraude de la sirène dans les parages.

Un passage s'ouvrit au milieu de la tribu, l'invitant à partir. Elle jeta un dernier regard vers l'homme en face d'elle et s'élança, brassant l'eau avec force et puissance. Il était hors de question qu'elle parte comme une moins-que-rien, elle valait mieux que ça.

Le bleu de l'eauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant