Le pêché de la mère

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Buck venait de prendre une douche.

Il avait passé une excellente journée avec ses élèves et aussi une bonne nuit dans les bras d'Eddie même s'il avait déconné en lui racontant son histoire. Il aurait pu le perdre avec ses conneries.

Il avait vraiment de la chance qu'Eddie soit aussi bon, aussi parfait.

Ils avaient échangés plusieurs messages dans la journée et Eddie semblait toujours aussi amoureux de lui, ce qui le rassurait. Buck ne savait pas comment il aurait réagi si Eddie l'avait abandonné, s'il avait décidé que c'était trop dur.

Et une partie de lui le craignait toujours.

Il préparait le diner en chantonnant et en dansant quand il entendit Maddie rentrer de sa journée de travail.

- Ça sent super bon, s'exclama-t-elle en guise de bonsoir. Poulet curry-coco ?

- Exact, lui sourit-il.

- Quelqu'un est de bonne humeur, s'amusa-t-elle.

- Et bien oui figure-toi, lâcha-t-il en lui tirant la langue.

- Tellement puéril, rit-elle. Mais j'en conclue que ta soirée avec ton amoureux s'est bien passée et que vous êtes enfin passés à l'acte.

- Mads, s'insurgea-t-il en rougissant violemment.

- Tellement mignon, minauda-t-elle. Ne t'inquiète pas petit frère, je n'ai aucune envie d'avoir des détails.

- Et tu n'en auras pas. Mais je... Eddie m'a posé des questions, sur... sur papa.

- Et tu lui as dit ?

- Ouais, souffla-t-il. Je me suis senti en confiance mais ça va. Il a dit qu'il m'aimait et que mon passé n'y changerait rien.

- Ton passé ne change rien, Buck. Tu es génial et de toute évidence, lui aussi il le voit.

- J'espère qu'il ne va pas se rendre compte à quel point je suis cassé.

- Tu n'es pas cassé, le rassura-t-elle.

- Ouais mais le docteur Copeland a dit que mon besoin affectif venait du manque que j'ai eu enfant. Tu sais à quel point je peux être collant.

- Tout homme normalement constitué adorerait ça. Et s'il n'est pas capable de t'apprécier à ta juste valeur, je le castre.

Buck eut un petit sourire.

Maddie savait comment le rassurer. Il avait de la chance de l'avoir. Il égoutta le riz et le mit sur la table au moment où la sonnette de la porte retentit.

Il se figea et déglutit.

- Ça va Buck. Le sergent Grant a dit qu'elle passerait après son service.

- D'accord.

Maddie alla lui ouvrir et l'officier de police vint le saluer.

Buck posa le poulet sur la table et elle y jeta un œil avant de se tourner vers Maddie avec un air désolé.

- Je ne voulais pas vous déranger en plein repas, s'excusa-t-elle.

- Vous ne dérangez pas, sergent, la rassura poliment Buck. Mads a toujours faim quand elle rentre du travail, et je fais en sorte qu'il y ait toujours à manger pour elle.

- Buck est le petit frère parfait, rit-elle.

- Je devrais peut-être repasser à un autre moment.

- Si c'est Doug, la coupa-t-elle. Ça ne nous coupera pas l'appétit. On a appris à vivre avec.

- Doug Kendall va rester un long moment derrière les barreaux, les rassura-t-elle. Il n'est pas la raison de ma visite. Je ne suis même pas en service. Mais il y a quelque chose que j'aimerais éclaircir sur des faits nouveaux qui se sont présentés à moi et je voudrais être sûre avant de mettre un coup de pied dans la fourmilière.

- On vous écoute, lâcha-t-il les sourcils froncés.

- Je crois que ça va être long.

- Vous pouvez diner avec nous, proposa Buck. J'en fais toujours beaucoup trop.

- Oh, je ne veux pas...

- J'insiste, lâcha-t-il. En plus, Eddie a dit que votre mari était son capitaine et comme il travaille, j'en conclu que personne ne vous attend à la maison.

- Bonne déduction, admit-elle. Vous avez raté votre vocation.

- Oh, je... J'aime être un professeur. Les enfants sont tellement épanouissants. Mais je vous en prie sergent, dinez avec nous.

- D'accord, mais seulement si vous m'appeler Athena. Ce n'est pas l'officier de police qui vient vous voir aujourd'hui mais une épouse qui veut voir son mari retrouver le sourire.

Buck lui présenta une chaise et ajouta un couvert, intrigué. Il ne comprenait pas comment il pourrait aider le capitaine de son petit-ami, à moins que leur relation ne soit un problème pour lui.

- Est-ce que... ? commença-t-il une boule dans la gorge. Est-ce qu'il veut que je rompe avec Eddie ?

- Quoi ? sursauta Maddie.

- Buck non, vous n'y êtes pas du tout, le rassura-t-elle. Votre relation avec Eddie n'a rien à voir avec ma présence ici.

- Alors que pouvons-nous faire pour votre mari, Athena ? demanda Maddie. Parce que ni Buck, ni moi ne le connaissons.

- Je vais être honnête, Buck, affirma-t-elle. Et ne lui en voulez pas parce qu'il s'inquiète pour vous et il veut seulement que vous retrouviez un peu de sérénité, mais Eddie m'a appelé.

Buck eut du mal à déglutir.

Il ne savait pas comment traiter cette information. Est-ce qu'il devait en vouloir à Eddie d'avoir répété ce qu'il lui avait dit ou être reconnaissant qu'il cherche à l'apaiser ?

- Il n'est pas entré dans les détails mais je sais qu'il est question de violence dans votre enfance.

- Notre belle-mère, confirma Maddie.

- Racontez-moi depuis le début.

- Il n'y a pas grand-chose à en dire, commença Maddie, pour lui venir en aide. Mon père était malheureux après la mort de notre mère.

- Comment est-elle morte ?

- Je l'ai tué, affirma Buck.

- Non Buck, ce n'était pas de ta faute. La mortalité maternelle est un risque que chaque femme qui décide d'avoir un enfant accepte de prendre. C'est tombé sur notre mère, c'est tout mais ce n'est en aucun cas de ta faute. Maman a fait de l'hypertension durant la grossesse et est morte d'une pré-éclampsie juste après l'accouchement.

- Je suis désolée, s'excusa Athena.

- Papa a perdu au change, c'est sûr, railla Buck la bouche pleine d'amertume.

- Papa était malheureux mais il prenait soin de Buck. Et puis, Debra est arrivée et au début ça se passait bien, mais je suis vite partie faire mes études.

- Et ça a commencé, admit Buck. Les coups et les humiliations. Papa a juste regardé ailleurs jusqu'à ce que Maddie découvre tout.

- J'étais encore avec Doug, admit-elle. Et j'ai retrouvé mon frère à l'hôpital, après un « accident », thèse à laquelle je ne crois toujours pas, lui signifie-t-elle. Mais j'ai compris et j'ai été voir ces monstres.

- Vous n'avez pas porté plainte ? demanda Athena.

- On a préféré fuir nos deux situations, confirma-t-elle. Et puis papa était dans le déni complet. Il a dit que Buck devait être content d'avoir un toit sur la tête, qu'il daigne l'élever comme son fils.

- Je suis son fils, pourtant, souffla Buck.

- Je sais mais il a sous-entendu que ce n'était pas le cas.

- Parce que ce n'est peut-être pas le cas, affirma Athena les faisant se tourner vers elle. Il est temps que je vous parle de mon mari et de sa rencontre avec votre mère, il y a vingt-six ans.

9-1-1 - Professeur de mon cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant