Ce n'était pas la première fois qu'il partageait son campement avec Rose. Bien nombreux étaient les moments qu'ils avaient passés à deux, recroquevillés dans les coins d'une grotte en cherchant désespérément la moindre source de chaleur. Percupio s'était surpris à apprécier plus que tout leurs conversations uniques, et s'il avait pu passer la plupart de ses journées avec elle, loin de la réalité, il aurait tout échangé sans hésiter.
─ Je n'arrive pas à dormir, avoua-t-il en bougeant dans son sac de couchage.
Ces murmures incessants à l'intérieur de son esprit ne le laissaient pas tranquille. Et les écouter l'aurait réduit au rang de moins que rien, tant les pensées funestes qu'ils lui faisaient passer défiaient toute morale. Le fait que son amie - pouvait-il la considérer comme cela ? - daigne lui adresser la parole si tard dans la nuit n'arrangeait pas les choses, au contraire.
Son côté infernal semblait vouloir à tout prix la posséder, la réduire au simple état d'objet. La voir se tortiller sous lui faisait partie de son idéal, et pourtant, il savait indubitablement que cela n'arriverait jamais. Ou du moins, pas sans faire quelques sacrifices. Détruire le monde qui l'avait brisé demeurait néanmoins être son principal but, pour se venger des êtres abominables qui avaient fait en sorte de le réduire à l'état d'un démon.
Son côté infernal voulait tout simplement la briser.
─ À quoi tu penses ?
Sa figure pâle à peine éclairée par le brasier incandescent les entourant se tendit dans une expression curieuse, alimentée d'un espoir misérable qui n'avait pas lieu d'être. Et il se surprit à trembler, tant les sentiments qui l'assaillirent le poussèrent au bord de la déraison. Avec ses paupières devenues lourdes à cause de la pénombre, ses cheveux tout ébouriffés par ses mouvements constants, elle détaillait sans comprendre sa mine crispée.
Si elle avait su, elle n'aurait jamais osé l'approcher. Ses émotions ne l'auraient en aucun cas poussé au péché.
─ Je ne pense à rien de particulier, petite Rose. (Sa voix rauque résonna dans la grotte et le fit presque sursauter, tant l'affolement le faisait palpiter.) Et toi ?
Et au moment où sa combinaison s'affaissa pour montrer plus de peau que nécessaire, il lui fallut toute la contenance du monde pour ne pas se jeter sur elle. Il donnerait tout pour pouvoir la ruiner. Rose, perdue dans ses pensées, manqua à peine la grimace inexacte qu'il afficha durant à peine quelques instants. Bien qu'il fût habitué à cacher ses réelles intentions d'un sourire goguenard, Percupio ne put se résoudre à adopter ses résolutions habituelles.
─ Tu veux dormir près de moi ?
Quelque chose en lui se sentit obligé d'accepter. Au moment où son corps se confronta au sien, respirer lui fut presque insoutenable, tant la fragrance de sa peau lui rappelait l'euphorie. Son cœur, forgé par la haine, lui faisait à présent ressentir des choses qu'il ne comprenait pas. Rose n'était pas aussi pourrie que les autres êtres humains, et avait illuminé chacune de ses journées de la plus exquise des façons ; l'abandonner lui paraissait inimaginable et répugnant.
Lorsque sa poitrine atteignit la sienne, il lui fut ardu de se retenir. L'abime de l'extase l'emporta sans prévenir. Ses doux yeux céruléens le contemplaient d'une manière si déchirante qu'il lui aurait fallu toute la volonté du monde pour s'en détourner. En faisant tout son possible pour ne pas bouleverser l'atmosphère déjà vulnérable, Percupio souleva une mèche de sa chevelure poussiéreuse. Son geste dévoila peu à peu son menton, son cou gracile et son buste tout entier. L'homme demeura un instant sans bouger, écoutant sa respiration fébrile, observant ses délicats monticules de chair se soulever.
Seul un être infect aurait pu se résoudre à s'abandonner dans la luxure.
Percupio eut la tentation, durant quelques secondes, de lui montrer à quel point elle l'obnubilait, tout en mettant en avant la profondeur de ses divagations malsaines. Il ne lui aurait fallu qu'un geste pour prendre possession d'elle, poser ses lèvres sur les siennes, et la faire crier de contentement sous ses phalanges.
─ Merci d'être là, Percupio. Merci pour tout.
Il ne lui aurait fallu qu'un geste, mais il ne bougea pas d'un pouce, parce que Rose était la seule personne qui avait compris à quel point son désespoir lui serait fatal. Et cette bienveillance lui suffisait, tant il l'honorait.
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Je vous une obsession malsaine envers Percupio. Après un long moment d'hésitation, j'ai décidé de poster ce petit écrit... et j'adore le rendu, en réalité. J'espère que tous les sentiments que j'ai voulus faire passer ont réussi à pénétrer entre les lignes. Mais j'espère surtout que cela vous aura plu ! :D
