22 𝗅𝗅 Plus on est fous, plus on rit

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— Je ne savais pas que tu venais aussi, dit-elle nerveusement à Wyatt.

L'atmosphère s'était tendue en un rien de temps et Eleanor se sentait terriblement mal à l'aise maintenant qu'elle était devenue le centre de l'attention. Tout le monde avait remarqué qu'elle avait subtilement évité l'accolade de Wyatt.

— Quoi ? Tu n'es pas contente de me voir ? plaisanta Wyatt en plaçant une main sur son bras.

Eleanor se força à sourire et recula encore d'un pas.

— Bien sûr que nous le sommes, déclara Simon avec un sourire facile.

Son attitude détendue semblait faire comprendre clairement qu'il ne considérait pas Wyatt comme une menace.

— Plus on est de fous, plus on rit, ajouta-t-il.

— Eh bien, je suis content que tu le penses, dit Wyatt en lui lançant un regard amusé. Je pense que nous devrions être dans la même équipe, El. Nous avons toujours formé une excellente équipe toi et moi.

Ces mots troublèrent Eleanor plus qu'elle ne l'aurait souhaité. Où voulait-il en venir ?

— Notre équipe est déjà au complet, répondit-elle sèchement avant de jeter un coup d'œil rapide à Elias. Tu fais partie de notre équipe, n'est-ce pas ?

Elias haussa simplement les épaules.

— J'espère que tu ne joues pas trop mal, rigola Simon en lui tapotant dans le dos.

— Je pense pouvoir me défendre, sourit Elias, j'y jouais au lycée.

Eleanor se tourna vers Wyatt et constata que son sourire avait faibli, mais il essaya tout de même de ne pas montrer que la réponse d'Eleanor le dérangeait.

—D'accord, je pense que nous sommes tous prêts, intervint Becky.

— Génial.

Eleanor marcha vers le filet de volley suivie de Simon, et elle pouvait sentir les yeux de Wyatt derrière eux.

Simon avait l'air très serein en jouant et avait de très bons réflexes. Il était, bien sûr, un joueur incroyable, et avait très largement dominé le match. Cela montrait vraiment à quel point il était athlétique et pendant une fraction de seconde, Eleanor pouvait voir ce que toutes les autres filles semblaient voir en lui. Elle remarqua sa beauté, ses muscles qui bougeaient pendant qu'il jouait, son sourire contagieux. Mais d'un mouvement rapide, Eleanor secoua la tête pour chasser à la hâte ces pensées.

Même si Simon semblait faire à lui seul tout le travail de l'équipe en marquant presque tous les points, il passait un bon moment avec eux et Eleanor aimait le regarder jouer. Il lui donnait même quelques conseils pour améliorer sa technique. Eleanor n'arrivait pas à y croire, mais elle s'amusait et c'était grâce à lui. Pour la première fois, ils avaient l'air de bien s'entendre et riaient à chaque fraction de seconde. Wyatt, d'un autre côté, ne semblait pas autant s'amuser. L'écart de points entre son équipe et celui de Simon était large et il finit par perdre le match. À la fin du jeu, Becky suggéra une partie de baignade pour décompresser. Simon retira son t-shirt sans tarder comme s'il n'attendait que ce moment et une fois de plus, Eleanor se retrouva à le fixer, ne serait-ce que pendant une brève seconde.

— Tu apprécies la vue ? taquina Becky en lui donnant un coup de coude sur le côté.

Eleanor fut sortie de sa transe et sentit une rougeur lui monter aux joues.

— N... non... je, tenta-t-elle de nier maladroitement.

— C'est bon, El, la coupa Becky en riant, c'est ton petit ami après tout.

— C'est vrai, souffla-t-elle avant de baisser les yeux.

Avec des mouvements plus lents, Eleanor ouvrit la fermeture-éclair de son short puis suivit le groupe jusqu'au bord de la mer. Même si la marée était basse, il y avait cependant quelques rouleaux lents. Ils arrivaient comme des ondulations dans l'eau, accumulaient le poids de l'eau, puis se brisaient doucement sur le sable chaud.

— Je me demande comment sera l'eau, pensa Eleanor à voix haute.

— Je ne sais pas, répondit Simon avec un sourire narquois. Mais allons le découvrir !

Juste après avoir terminé sa phrase, Simon balança Eleanor sur son épaule et commença à courir vers la vaste étendue bleue.

— Simon ! hurla Eleanor en essayant de descendre.

Elle frappa son dos à plusieurs reprises, mais cela ne fit que le faire rire.

— Lâche-toi un peu, ma chérie !

Peu à peu la pression de l'eau le ralentit dans sa course, et il relâcha enfin Eleanor qui se crispa légèrement à cause de l'eau froide. Tout à coup, les vagues s'écrasèrent sur leurs têtes et tout autour d'eux et Simon profita du moment pour entraîner Eleanor dans une bataille dans laquelle ils s'éclaboussèrent et se tirèrent l'un et l'autre sous l'eau. Elle sentit l'eau lui entrée par le nez et lui piquée les yeux et quand elle leva la tête pour respirer, elle perçut le reste du groupe pataugé vers eux et leur moment d'euphorie recommença de plus belle. Eleanor pouvait entendre Simon rire, et bientôt, elle se mit à rire aussi.

À tout moment, Eleanor faisait de son mieux pour éviter Wyatt. Elle savait qu'il avait les yeux sur elle, mais heureusement qu'il ne s'obstinait pas trop. Le groupe se réunit à la fin autour d'un feu de jeu pour se réchauffer, et observer les feux d'artifice qui devraient être tirés à l'occasion de la fête du Canada.

— Tu sais, dit doucement Simon en s'adressant à Eleanor, j'ai passé un bon moment ce soir.

— Tu sais quoi ? fredonna Eleanor. Moi aussi. Ce qui est surprenant, étant donné que j'ai passé la majeure partie de la soirée avec toi, dit-elle d'un ton espiègle, lui donnant un coup de coude sur l'épaule.

— Ouais, je suis surpris aussi, rit-il.

— Tu es un très bon joueur de volley, en passant.

— Je sais, sourit Simon. Toi par contre...

Eleanor leva tout de suite la main pour l'arrêter, elle ne voulait pas qu'il gâche le moment.

— Tu n'es pas la pire, continua-t-il quand même.

Leur conversation fut interrompue par un bruit sourd. Ils levèrent tous les yeux pour admirer les feux d'artifice explosés dans le ciel dans un spectacle étincelant de couleurs, de bruits et autres effets. Tout cela rappela à Eleanor son enfance, quand son père l'emmenait regarder les feux d'artifice. Elle s'endormait toujours dans ses bras, et il la portait jusqu'à la voiture, puis dans sa chambre une fois à la maison. Ce fut un souvenir doux et amer, et Eleanor sentit sa gorge se serrer.

— Est-ce que ça va ? demanda soudainement Simon avec inquiétude.

Eleanor le regarda avec de grands yeux, surprise de cette question subite.

— Oui, pourquoi ?

Il tendit son pouce pour effleurer délicatement sa joue.

— Tu pleures.

— Oh, je pleure ? s'étonna-t-elle en touchant ses joues pour s'essuyer rapidement. Je vais bien, rassura Eleanor, je pensais juste à mon père.

Eleanor sentit la main de Simon dans son dos se déplaçant lentement pour la réconforter, et comme par magie, son geste la rendit réellement plus apaisée.

The boyfriend projectOù les histoires vivent. Découvrez maintenant