Chapitre 15

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Des cliquetis de clés se font entendre dans la serrure. C'est le moment de mettre notre plan à exécution ! J'attends, face à la porte, debout, prête à m'élancer dès que ce sera le moment attendu. Lui est caché sur le côté, près de la porte, attendant qu'elle s'ouvre. Elle grince, frôlant le sol et un médecin la passe à peine alors qu'on voit deux soldats derrière. Non, pas encore. Il faut attendre encore un petit peu. Je dois me concentrer pour savoir exactement quand frapper. Il faut qu'ils avancent encore un peu. Maintenant !

Je serre le poing pour donner le signal et Yan pousse violemment la porte sur les trois personnes. L’homme en blouse blanche a eu le temps de se décaler mais il se l'est prise dans l'épaule. Les deux soldats, eux, sont assommés. Parfait. Je me mets immédiatement à courir vers la personne encore debout et enfonce mon coude dans sa mâchoire afin de dégager le passage. Sans même réfléchir, je me dirige au pas de course vers la sortie, Yan sur mes talons. Ils n'avaient sûrement pas prévu une telle escapade car nous ne croisons personne avant d'arriver à notre premier objectif. Je pousse alors la porte de la sortie de secours.

Nous voilà enfin dehors. Le ciel est bleu, quelques nuages flottent, le Soleil éblouissant est haut dans le ciel. Mais on n'a pas le temps de s'attarder, une route s'offre devant nous, alors nous nous mettons à courir sur celle-ci un moment, avant d'arriver très vite au niveau de champs, dans lesquels nous nous cachons entre les plantes hautes, sans nous arrêter cependant d'avancer. Nous entendons des voitures passer sans les voir, le champ nous cache assez pour qu'on ne nous voit pas depuis la route, mais nous ne la voyons pas non plus. Au bout de plusieurs longues minutes, on les entend passer dans l'autre sens. On se rapproche alors de la route pour pouvoir voir où nous allons et d'éventuels panneaux qui pourraient nous indiquer où nous sommes.

Après une marche longue et épuisante, sous un Soleil qui nous brûle de ses rayons, j'entends Yan soupirer. Il est certainement épuisé, comme moi. Peut-être a-t-il également mal aux pieds, sans chaussures. Je glisse ma main dans la sienne pour lui donner du courage, il tourne alors son visage vers moi et affiche un sourire heureux d'être sorti de cette galère dans laquelle on était coincés depuis un moment. En me retournant vers la route, j'aperçois un panneau au loin. Je ne sais pas où nous trouvons la force de courir jusque là mais, arrivés devant, Yan s'exclame :
-Oh ! Génial ! On n'est plus très loin, et je connais quelqu'un qui habite dans cette ville et qui pourrait nous protéger un moment.
Tous les deux soulagés, nous reprenons notre marche, le cœur empli d'espoir nouveau et d'une naïve euphorie à l'idée de pouvoir être libres, mais surtout d'être ensemble.

La petite ville n'est plus très loin et j'ai hâte de m’asseoir, mes pieds me font souffrir et j'ai mal aux jambes. Lui aussi semble épuisé. Nos mains sont toujours jointes et l'idée de les séparer ne me fait pas envie, je veux tenir et je veux le tenir près de moi. Sa main tire sur la mienne, il s'est arrêté. Je le regarde et il me regarde aussi. Il pointe alors la route devant avec un sourire. Elle est là, à quelques centaines de mètres. Un soupir de soulagement à l'unisson se fait entendre. Arrivée en ville, alors que le Soleil vient de se coucher, j'ai l'impression d'être déjà venue. On ne doit pas être très loin de chez nous, je ne suis jamais sortie de la région à part pour aller voir mon grand-père. Yan semble affairé à regarder les noms des rues et à réfléchir. Finalement, il me tire, tout fier de lui à quelques pâtés de maisons de l'entrée de cette petite ville. Il sonne et la porte s'ouvre sur une personne que je ne m'attendais absolument pas à voir en premier en sortant d'ici.
-Yan ? Que fais-tu ici, et dans cette tenue ? Pourquoi Jade est-elle avec toi ?
-Désolé, Pierre, de te déranger. Je t'expliquerai tout ce que tu veux, mais est-ce qu'on peut rentrer, s'il te plaît, s’inquiète-t-il ?
-Mais oui, bien sûr. Vient t’asseoir, tu vas m'expliquer ce que tu fais ici et pourquoi on ne t'a pas vu tout ce temps.
Il entre alors et me fait signe de le suivre. Comment aurais-je pu imaginer revoir Monsieur Hartat, le professeur de mathématiques, à un moment pareil ? Bref ! Je le suis donc et entre dans la petite maison à sa suite. Elle n'est, en effet, pas très grande, mais chaleureuse et très fonctionnelle, le climat qui s'en dégage donne une impression de sécurité. Où bien est-ce simplement parce qu'après des jours dans un laboratoire, n'importe quoi paraît mieux et semble mille fois plus accueillant.

Ils s'assoient autour de la table, au milieu du salon, face à face, tandis que je me tiens un peu à l'écart. Je vais le laisser faire, je ne pense pas être la mieux placée pour parler pour le moment. C'est son ami, après tout, il vaut mieux que je sois discrète.
-Ça n'avait pas l'air d'aller fort la dernière fois que tu m'as appelé, commence M. Hartat.
-On peut dire ça, oui, répond Yan, pensif…
-Alors… Raconte-moi donc tes aventures.

Love me like there's no Tomorrow Où les histoires vivent. Découvrez maintenant