Chapitre 5 :
Gabrielle retourna chez Armand le soir-même, comme convenu. Pierre lui avait fait envoyer un fiacre, et ce ne fut pas pour lui déplaire, car elle n'avait pas spécialement envie de paraître intéressée par les passions futiles de son fiancé ou encore par ses prises de positions à la Chambre de députés. Pour l'occasion, Gabrielle, vexée, avait trouvé sa plus belle tenue et dans un élan de superficialité qu'elle ne se connaissait pas, avait prit un temps tout sauf raisonnable pour s'habiller et se préparer.
Une fois sur place, Louise la fit monter dans un salons. En un coup d'œil, elle repéra Armand qui se tenait sur un sofa bleu nuit, en compagnie d'un homme d'une belle stature ainsi que de Pierre. Il lui aurait presque fait de l'ombre. Armand leva les yeux et les posa immédiatement sur Gabrielle. Un petit sourire s'étira sur ses lèvres et il se leva pour l'accueillir.
Là, elle su, il n'y avait eu aucune nécessité de se vêtir de la sorte, ils n'allaient pas sortir, ni visiter du beau monde, non. Armand recevait simplement le médecin informellement. Il avait sauté sur l'occasion pour la provoquer et elle, dans un excès de vanité, n'avait pas marché, mais couru dans le piège qu'il lui avait si grossièrement tendu. La colère lui brûlait tout le corps, elle n'avait qu'une envie: lui sauter dessus pour l'insulter de tous les noms. Armand présenta Gabrielle au Docteur Eugène Courtois, et soudain son cœur s'allégea quelque peu en le découvrant.
« Gabrielle ! Je ne m'attendais pas à vous trouver ici ! S'exclama le médecin.
- Vous vous connaissez ? Demanda Pierre.
- Je connais très bien Alphonse Deslante, l'oncle de mademoiselle. Nous avons souvent travaillés ensembles et j'ai pu rencontrer Gabrielle à plusieurs reprises durant son enfance. »
Gabrielle confirma, souriante, et soulagée de le voir lui.
Eugène Courtois était d'une grande taille, il surplombait Gabrielle d'une tête au moins. Ses cheveux blonds étaient coiffés d'une raie sur le côté et ses yeux étaient bleus, très foncés. C'était un bel homme, de, maintenant, une cinquantaine d'années. Il avait toujours été très agréable, souriant et gentil avec elle.
Gabrielle fut installée entre Monsieur Courtois et Armand. Celui-ci ne cessait de la regarder, ses épaules, la naissance de sa nuque, les cheveux bouclant dans son dos. Furieuse, elle se drapa un peu mieux de son châle pour éviter ses regards mal placés. Armand lui sourit de nouveau avant de se pencher vers elle discrètement.
« La colère vous va très bien, il va me falloir me retenir de vous provoquer à l'avenir.»
Les hommes avaient commencé à discuter de leur affaire et Gabrielle dû se mordre la lèvre pour ne rien rétorquer à son voisin de table. Louise vint leur apporter des boissons, portant avec une élégance discrète son plateau en argent, où trônaient quatre verres à pieds remplis de vin rouge. Puis son attention fut attirée vers le dossier du docteur Courtois, un coup de fouet d'énergie déferla en elle, réalisant qu'il s'agissait de photos.
« Voilà tout ce que nous avons pour le moment. Ce sont les photographies que j'ai pu prendre sur les scènes de crimes et les corps de certaines victimes.
- Je me permets... fit Pierre en prenant les photos.
Gabrielle se pencha vers lui pour voir un peu mieux. Le corps d'un homme reposait sur le carrelage sale de la cuisine. Les yeux grands ouverts, la bouche un peu racornie et les lèvres figées dans une expression inhabituelle. Le malheureux était raide et semblait incroyablement pâle, bien qu'elle ne puisse en être parfaitement sûre, les photos étant en noir et blanc.
- Voyez: son corps était parfaitement froid, modérément raide, ce qui nous permet de dater avec certitudes qu'il est bien mort pendant la nuit. Sûrement aux alentours de 3 heures du matin, expliquait le Dr Courtois en faisant passer les comptes rendus de l'autopsie.
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La Nuit Des Etoiles - T.1 (Réécriture)
RomanceA 23 ans, Gabrielle vient de se fiancer à Pierre. Un soulagement pour son tuteur qui l'élève depuis sa petite enfance et qui la prédisposait à un mariage arrangé. Mais alors qu'elle revient de long mois de convalescence pour une maladie qui la défig...