Chapitre14 :
Gabriellepassa le pas de la porte de chez son oncle, Pierre la précédant.
Alphonserecevait Pierre et Gabrielle pour un diner, mais également quelquesamis et collègues. Un peu agacée par leur retard, Gabrielle étaitnerveuse. Elle avait passé trois jours chez Armand et n'était passortie du tout, voulant se faire un peu oublier. Mais son onclen'était pas du genre à se poser tant de questions, il n'avait pasvu sa pupille depuis trois jours entiers, et voulait la fairerevenir, au moins pour leur faire la morale sur la vie commune avantle mariage supposait-elle.
Gabrielle resta dansl'entrée, étonnée que personne ne vienne les accueillir. Entournant la tête, elle regarda vers la berline d'Armand qui lesavait amené jusque là. Armand, à l'intérieur attendait, observantla maison étrangement.
«C'est bien calme, fit Pierre, en retirant ses gants.
Maissoudain, Gabrielle sursauta en voyant Armand les rejoindre. Sonvisage était si fermé, qu'elle cru d'abord qu'il était furieux.
—Gabrielle, resteici. Quelque chose ne va pas.
— Quoi?Mais comment cela?»
Armands'en alla en trombe vers le couloir, suivi par Pierre qui lequestionnait en même temps. En un rien de temps, elle se retrouvaseule dans le hall d'entrée, une bouffée de panique l'ayantenvahie. Doucement, elle s'avança vers le couloir qui la menait àla salle à manger, où aurait dû se tenir la réception que donnaitson oncle.
Gabrielleouvrit la porte et fit deux pas en penchant la tête en avant pourchercher quelques visages connus dans l'assemblée.
Maisseul un cri s'échappa de sa bouche, puis autre. Si fort et sipuissant que le bruit de ses propres hurlements lui firent tourner latête. Une terreur sans nom l'emplie à la vue du spectacle. Devantelle, plusieurs corps sans vie étaient étendus, dans un bain desang à peine croyable. Là, un homme à ses pieds semblait avoircouru vers la porte avant de mourir égorgé. Gabrielle avait une vueplongeante sur son cou, ouvert, sur les os, les tendons, les chairesdéchirées, ayant déversé, ce qui semblait être, des litres desang.
Demême que pour les deux hommes dans un coin de la pièce. Leurschemises blanches étaient imbibées de rouge, si fortement qu'àleurs pieds une flaque s'étendait. L'odeur qui lui monta au nezlui donna immédiatement la nausée, de la même façon que quandelle avait vu monsieur Dharvilliers.
Autourde la table, plusieurs cadavres à nouveau; les plats étaientrenversés, les bouquets de fleurs, la vaisselle éclatée enmorceaux. Et entre les amuses-gueules, des traces de lutte, desempreintes de mains, de pieds, comme si quelqu'un avait tenté depasser par-dessus la table pour fuir vers la fenêtre. Il avait dusang, du sang partout, du sang sur les vêtements, sur les visagespour toujours figés dans une expression de terreur et de souffrance,du sang sur les nappes, sur les murs, sur les tapis, ... Et au boutde la table, Alphonse Deslante reposait, la tête presque défiguréepar les griffures, par les coups, à moitié couché dans sonassiette, son verre de champagne étalé devant lui. L'on pouvaitvoir l'os de son crâne et la peau qui le recouvrait comme scalpée,son nez enfoncé dans sa face écarlate n'avait pas eu le temps decréer le moindre hématome. Seul son visage gonflé témoignait dela violence des coups qu'il avait encaissés.
Soudainement,Gabrielle sentit deux mains l'attraper par les épaules et vitArmand poser un genou au sol devant elle avant de la prendre contrelui pour masquer sa vue. Gabrielle s'entendit soudainement, pleureret hurler contre le torse d'Armand. Elle était là, par terre,sentant le sang encore tiède du tapis pénétrer sa robe jusqu'àses genoux, ses jambes...
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La Nuit Des Etoiles - T.1 (Réécriture)
Storie d'amoreA 23 ans, Gabrielle vient de se fiancer à Pierre. Un soulagement pour son tuteur qui l'élève depuis sa petite enfance et qui la prédisposait à un mariage arrangé. Mais alors qu'elle revient de long mois de convalescence pour une maladie qui la défig...